Froome a souffert dans l'enfer des Machucos, Nibali en a bien profité

Non, la Vuelta n'est pas terminée ! Les terribles pentes de Los Machucos ont livré leur verdict : Christopher Froome (Sky) n'est pas encore assuré de la victoire finale, loin de là. Mercredi, sur des rampes à plus de 25%, le leader du Tour d'Espagne a lâché 42 secondes sur Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), revenu à seulement 1'16'' au général à quatre jours de l'arrivée. Alors que le terrifiant Angliru se profile samedi. L'autre homme du jour, c'est Alberto Contador (Trek-Segafredo), qui a enflammé le public dans l'infernale montée finale, mais qui a buté sur un Stefan Denifl incroyable et vainqueur au sommet en solitaire pour l'équipe invitée Aqua Blue Sport.

Mardi soir, après le contre-la-montre et l'implacable succès de Froome à Logrono, on se disait qu'avec deux minutes d'avance, le Britannique avait fait le plus dur dans cette dernière semaine de la Vuelta. Oubliez cette affirmation après la 17e étape. Les pourcentages incroyables de Los Machucos ont rebattu les cartes et Vincenzo Nibali a refait près de la moitié de son retard (42 secondes) sur son adversaire.

Apparemment, Froome n'aime pas les gros pourcentages ? Ça tombe mal, et sur une distance plus longue (12,5 km). De quoi donner des idées à Nibali, absent du dernier Tour de France remporté par le Britannique, faut-il le rappeler, et qui semble finir ce Tour d'Espagne plus frais que le quadruple vainqueur de la Grande Boucle.

Les images du leader de la Sky à la peine dans la roue de ses équipiers, notamment Mikel Nieve, encore fabuleux dans le final, parlent plus que n'importe quelle déclaration. Non Froome n'est pas au mieux. Un temps, on a pu croire qu'il gérait son ascension pour revenir comme il l'avait fait plusieurs fois dans cette Vuelta. Mais cette fois, Froome n'est pas jamais revenu. A la peine sur son vélo, il a même cédé des grosses secondes dans les derniers hectomètres.

Il a attaqué à 5,8 kilomètres de l'arrivée, quelques dizaines de mètres après Miguel Angel Lopez. Dans Los Machucos, "Superman" a trouvé sa kryptonite : El Pistolero. Pas aérien comme à ses plus beaux jours mais déterminé comme jamais, Contador s'est lancé à corps perdu dans la chasse à Stefan Denifl, le dernier rescapé de l'échappée matinale alors que Villella, Cort Nielsen, De Marchi, Alaphilippe et Moreno avaient rendu les armes depuis longtemps.

Les Astana et les Orica-Scott ont roulé dans les cinquante derniers kilomètres pour tenter d'accrocher une victoire d'étape de prestige. Mais ni les Yates, ni un Chaves en perdition ni Lopez n'étaient assez forts pour revenir sur l'homme de tête. Contador non plus n'y est pas parvenu. Le Pistolero regrettera peut-être de ne pas avoir fait rouler ses hommes pour réduire l'écart sur l'échappée... Mais qui aurait pu penser que le leader de la Trek-Segafredo, aérien sur ses pédales, serait si fort sur les pentes vertigineuses de Los Machucos ?

Il a manqué sans doute deux kilomètres à l'Espagnol pour revenir sur un Denifl bluffant, qui offre à son équipe, Aqua Blue Sport, la plus belle victoire de sa courte existence - l'équipe irlandaise a été créée en début de saison. Mais ce n'est peut-être que partie remise pour le futur retraité. Revenu à 1'21'' du podium, Contador sera à coup sûr encore l'un des acteurs principaux des derniers jours d'une Vuelta toujours plus excitante.