Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Froome tente un défi fou, un défi (presque) impossible

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 18/08/2017 à 19:06 GMT+2

Gagner deux Grands Tours consécutifs la même année n'est pas chose facile. Beaucoup de coureurs se sont cassés les dents sur ce défi que seul Marco Pantani en 1998 a réussi depuis 1995 et le format actuel. C'est pourtant celui que s'est une nouvelle fois lancé Christopher Froome, vainqueur de son 4e Tour en juillet.

Chris Froome

Crédit: Getty Images

Tous les leaders en rêvent. Réussir ce fameux doublé. Que ce soit avec le Giro ou la Vuelta, les favoris du classement général espèrent un jour décrocher la double couronne. Pour le palmarès bien sûr mais pas seulement. Gagner un Grand Tour, c'est une consécration, un passe pour l'histoire. S'offrir le doublé, c'est rentrer dans la légende. Par son côté inédit mais aussi car c'est, aujourd'hui, le défi plus proche de l'impossible que tout autre. Pourtant, dans l'histoire, nombreux sont ceux qui l'ont essayé. Certains y sont parvenus.
Mais, à l'heure où le véritable challenge semble pour beaucoup résider dans la quête d'un succès sur le Giro et le Tour de France, à l'image de la dernière tentative en date, celle de Nairo Quintana, doubler la Grande Boucle et la Vuelta est pourtant l'un des derniers sacres historiques possible. Depuis le changement de calendrier en 1995 et le passage du Tour d'Espagne à la fin de l'été, en août-septembre, jamais personne n'est parvenu à s'offrir ce fameux doublé seulement réalisé dans l'histoire par Jacques Anquetil (1963) et Bernard Hinault (1978) lorsque le Tour d'Espagne, alors premier Grand Tour de la saison, se disputait encore au printemps. En même temps, ils ne sont que quatre à s'y être essayé le passage de la Vuelta du printemps à la fin de l'été :
  • Christopher Froome, en 2015 et 2016 : abandon (chute) sur la Vuelta 2015 et 2e sur la Vuelta.
  • Andy Schleck, en 2010 : abandon (exclu par son équipe) sur la Vuelta
  • Carlos Sastre en 2008 : 3e de la Vuelta
  • Oscar Pereiro, en 2006 : 49e de la Vuelta
Soit autant que de doublés Giro-Tour sur la même période ! A part le regretté Marco Pantani, dernier en date en 1998, on retrouve au palmarès les deux doublés de Miguel Indurain (1992, 1993) et de Bernard Hinault (1982, 1985) ainsi que le sacre de Stephen Roche en 1987. Et dire qu'il faut rajouter la triple double couronne d'Eddy Merckx (1970, 1972, 1974), les deux de Fausto Coppi (1949, 1952) ainsi que celle de Jacques Anquetil (1964). Alors, doit-on vraiment considérer le Giro comme l'enchaînement avec le Tour le plus compliqué alors que l'histoire offrirait plutôt une vision différente ? Probablement pas, non. Ce titre honorifique revient désormais à la Vuelta pour trois raisons.

Un tracé toujours pour grimpeurs

A l'exception des éditions 2002 (remportée par Aitor Gonzalez face à Roberto Heras) et 2010 (gagnée par Nibali contre Joaquim Rodriguez), jamais un « rouleur » n'a été en mesure de remporter le Tour d'Espagne depuis 2000. Les chronos ont parfois conforté le vainqueur dans son succès mais rarement ils ont joué un rôle majeur, à l'inverse du Tour de France.
Cela a notamment été le cas l'an dernier avec le succès final de Naio Quintana malgré une grosse claque dans le chrono face à Chris Froome (plus de deux minutes de concédées). Avec un parcours multipliant les arrivées au sommet et un Colombien supérieur en montagne ce coup-ci, le Britannique n'a pu suffisamment limité la casse.

Des ascensions bien différentes

Si les cols italiens et français peuvent parfois se ressembler par leurs longueurs (même si les pentes sont plus rudes du côté de la Botte), les cols espagnols sont totalement différents. Il est en effet très rare que ceux-ci dépassent les 10 kilomètres. Toutefois, on y retrouve régulièrement des pourcentages effrayants, à l'image de l'Angliru (9,9km à 11%).
Même si, en 2017, les organisateurs ont réservé quelques ascensions "traditionnelles" de montagne avec la Pandera (15km à 6%) et la Sierra Nevada (30km à 6%), on retrouvera également des ascensions typiques de la Vuelta à l'image de Los Machucos et ses passages à 28%. Loin de ressembler au Galibier et au Tourmalet, si réguliers...
La carte de la Vuelta 2017

Le Tour, Graal de la saison

Chacun aura son propre avis sur Lance Armstrong. Mais, une chose est sûre, il a fait mal au cyclisme. Et on ne parle pas ici du dopage mais bien de son programme de course. Véritable forçat de juillet, l'Américain a rarement couru la Vuelta et le Giro (une fois chacun). Jamais une année de Tour de France. Avec lui, le cyclisme a découvert une nouvelle manière de courir, en axant toute la saison sur un objectif : la Grande Boucle.
Face au succès impressionnant (7 victoires de suite entre 1999 et 2005) du champion du monde 1993, la génération post-Armstrong a fortement été influencé et, de plus en plus, les coureurs visent une (ou deux) grandes courses par saison. Pour les leaders, cela passe bien souvent par le Tour de France. Adieu (ou presque) les grands coureurs présents toute l'année à un bon niveau. Adieu les rivalités entre stars à quasi chaque épreuve du calendrier World Tour. Et c'est bien dommage.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité