Vuelta - 18e étape : Armée a remporté la bataille, Froome a presque gagné la guerre

Il ne faut jamais rien négliger sur le Vuelta et surtout pas les étapes dites "de transition". Alors que l'on s'attendait à une journée tranquille vers Santo Teribio de Liebana, les favoris se sont fait la guerre dans les cinquante derniers kilomètres, jeudi, à l'image d'un Alberto Contador (Trek-Segafredo) une nouvelle fois très offensif. Loin derrière Sander Armée (Lotto-Soudal), vainqueur de la première course professionnelle de sa carrière au terme d'une longue échappée, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) a craqué dans la montée finale et perdu 21'' sur Froome (Sky) et l'Espagnol. Soit la moitié du temps que le requin de Messine avait repris de haute lutte la veille au maillot rouge, dans Los Machucos... Le Britannique conforte ainsi son maillot rouge à trois jours de l'arrivée à Madrid.

Pourtant, ses adversaires auront tout tenté ce jeudi. Très vite privé de tout espoir de victoire d'étape avec une échappée qui comptait plus de 12' à mi-course, les leaders auraient pu choisir de passer une journée tranquille. Il n'en a rien été. Visiblement, les quatre ascensions du jour, toutes dans les 60 derniers kilomètres, ont inspiré les grands d'Espagne, bien décidés à mettre en difficulté Christopher Froome. Tout est parti d'une violente accélération des Katusha-Alpecin qui a réduit de moitié le peloton avant que Fabio Aru (Astana) ne mette le feu aux poudres. Le champion d'Italie, 9e du général, partait avant tout avec l'envie de servir de relais à Miguel Angel Lopez. Mais le Colombien n'a jamais été en mesure de porter son attaque et le vainqueur de la Vuelta 2015 s'est envolé.

Derrière, au lendemain de son numéro dans Los Machucos, Alberto Contador a remis ça à plusieurs reprises, notamment dans la Collada de la Hoy (2e cat), célèbre depuis l'attaque de l'Espagnol ici-même lors de sa victoire à Fuente Dé en 2012. La dernière, à 500m du sommet et à 30km de l'arrivée, a mis un temps la Sky en difficulté, mais pas Chris Froome, très serein et attentif. Mais tout le monde a fini par se regrouper et tout s'est joué dans la montée finale.

Si Aru, isolé entre l'échappée et le groupe maillot rouge, a compté plus de 1'30'' d'avance, le champion d'Italie n'a finalement glané que 9'' sur Froome et Contador. La faute aux deux hommes, très remuants dans le dernier kilomètre. Le Britannique a été le premier à bouger, voyant Nibali en difficulté. Relayé par l'Espagnol, il est parvenu à récupérer 21'' sur le requin de Messine, désormais repoussé à 1'37'' au général. Une belle manière de répondre après sa défaillance de la veille.

Loin de tout ça, l'échappée s'est une nouvelle disputée la victoire d'étape. Mais tout n'a pas été facile pour les hommes de tête. Sentant la possibilité qu'elle aille au bout, nombreux sont les coureurs qui ont tenté de se glisser dans l'échappée et il a fallu attendre plus de 50km pour voir le bon coup se former. On y retrouvait vingt coureurs, dont six Français parmi lesquels Alexis Gougeard (AG2R La Mondiale) et Julian Alaphilippe (Quick Step Floors).

Le premier a tenté en vain sa chance dans la Collada de la Hoy mais ne finira que 4e. Le second était encore dans la course à 5km de l'arrivée mais il n'a pas pu suivre l'accélération de Lutsenko (Astana) et Armée au pied de la montée finale. Dans celle-ci, montant grand plateau, Sander Armée a fait parler sa puissance pour s'isoler et s'offrir la première victoire de sa carrière, à 31 ans. De quoi compléter la belle Vuelta de la Lotto-Soudal après les deux succès de Marczynski.