Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Un siècle de légendes (4)

Eurosport
ParEurosport

Publié 07/05/2009 à 16:45 GMT+2

Le Tour d'Italie célèbre cette année son 100e printemps. L'occasion de revenir sur les 20 légendes qui ont marqué l'histoire. Chaque jour, jusqu'à vendredi, nous vous proposons un gros plan sur quatre champions. Quatrième volet avec Andrew Hampsten, Gianni Bugno, Miguel Indurain et Marco Pantani.

. NOM: HAMPSTEN
Prénom: Andrew
Pays: Etats-Unis
Date de naissance: 07/04/1962
Victoire: 1 (1988)
Victoires d'étapes: 2
Tous ceux qui pensent que les coureurs cyclistes ne sont pas des héros devraient prendre cinq minutes pour regarder les images de la 14e étape du Tour d'Italie 1988. Ce jour-là, il fallait être un peu plus que des hommes normaux pour endurer ce que le peloton a traversé, surtout dans l'ascension du Passo Gavia. Celui-ci n'avait plus été emprunté depuis 28 ans. Le Giro allait se souvenir de ses retrouvailles. Par une température glaciale (-5°), la montée s'est en plus effectuée sur une pente très largement enneigée. L'étape s'apparentait davantage à du ski de fond qu'à du cyclisme. Dans ces conditions pour le moins extrême, le Néerlandais Johan Van der Velde réussit l'exploit de franchir le sommet en tête. Mais il est tellement saisi par le froid qu'il doit s'arrêter dans la descente pour se réfugier dans un camion afin de se réchauffer. A Bormio, terme de l'étape, il arrivera à 40 minutes du vainqueur, son jeune compatriote Erik Breukink. Van der Velde a eu le tort de ne pas se couvrir suffisamment. Andrew Hampsten, lui, a pris ses précautions. Dans le Gavia, le leader de l'équipe 7 Eleven a même chaussé ses lunettes de skis afin de se protéger. Hampsten est le seul à avoir suivi Breukink. S'il laisse le gain de l'étape au Hollandais, il endosse le maillot rose au terme de cette journée invraisemblable. L'Américain le conservera jusqu'au bout, en asseyant sa supériorité quelques jours plus tard dans le contre-la-montre en altitude de Vetriolo Terme. Vainqueur final devant Breukink et Urs Zimmerman, il fut le premier coureur non-européen à remporter le Tour d'Italie. Sa seule victoire dans un grand Tour. Mais grâce à cette ascension dantesque du Gavia, elle demeure inoubliable.
. NOM: BUGNO
Prénom: Gianni
Pays: Italie
Date de naissance: 14/02/1964
Victoire: 1 (1990)Victoires d'étapes: 9
Girardengo. Binda. Merckx. Et Gianni Bugno. Ils ne se sont que quatre dans l'histoire du Tour d'Italie à avoir remporté l'épreuve en portant le maillot rose du premier au dernier jour. La statistique en dit long sur la domination totale de l'Italien sur ce Giro 1990, qu'il maitrisa d'un bout à l'autre. En cette nouvelle décennie qui s'annonçait, la chrysalide Bugno devient enfin papillon. Une maturation attendue par toute l'Italie, sevrée de victoires dans son tour national depuis 1986 après les succès de Stephen Roche, Andrew Hampsten et Laurent Fignon. A vrai dire, beaucoup commencent alors à douter de la capacité de Bugno de se muer en grand champion. Il vient d'avoir 26 ans et n'a pas levé toutes les interrogations qui l'entourent. On le sait doué, capable d'exploits, comme sa victoire dans Milan-Sanremo deux mois plus tôt, mais sur trois semaines, on demande encore à voir. Trop friable, trop nerveux. Puis il y a ce problème de vertige en haute montagne, qui le pénalise dans les descentes les plus vertigineuses, où il cède trop de temps par excès de prudence. Mais Bugno est libéré.
Il surprend les spécialistes que sont Thierry Marie ou Lech Piasecki dans le chrono inaugural de Bari. Le voilà déjà en rose. Deux jours plus tard, sur les pentes du Vésuve, la victoire d'étape lui échappe (Eduardo Chozas s'impose), mais il sème Fignon et confirme son statut de favori. Pourtant, les doutes subsistent. Francesco Moser lui reproche d'en faire trop, trop tôt. Fignon, lui, rigole. "Il marche fort mais je le connais. Il va coincer dans les montagnes de la dernière semaine." Sauf que le Français ne verra pas la troisième semaine. Victime d'une chute lors de la 5e étape, le tenant du titre est contraint à l'abandon. Or, par son expérience, sa puissance, et son sens de la course, Fignon semblait le seul en mesure de briser l'ascension bientôt irrésistible de Gianni Bugno. Sûr de lui, le protégé de Gianluigi Stanga fait main basse sur la course. Charly Mottet, son dauphin au classement général, ne l'attaquera jamais frontalement. Preuve de l'autorité dégagée par le maillot rose. Le Français de chez R.M.O se console avec une belle victoire au sommet du Pordoi, mais au final, il est relégué à plus de six minutes du vainqueur. Après ce Giro, il n'y eut plus personne pour douter de Bugno. Dans les grands tours, l'Italien sera vite éclipsé par l'émergence d'Indurain. Mais son palmarès, avec notamment deux titres de champion du monde, reste des plus enviables.
. NOM: INDURAIN
Prénom: Miguel
Pays: Espagne
Date de naissance: 16/07/1964
Victoire: 2 (1992, 1993)
Victoires d'étapes: 4
Si Miguel Indurain a toujours envisagé le Giro comme entrant avant tout dans le cadre de sa montée en puissance en vue du Tour de France plus que comme une fin en soi, il a tout de même marqué l'épreuve de son empreinte. Au cours de son règne sur la Grande Boucle (1991-95), le Navarrais a disputé le Tour d'Italie à trois reprises en 1992, 93 et 94. Bilan: deux victoires les deux premières années puis une troisième place. On a connu des bilans moins flatteurs. Ses deux victoires, Indurain va les construire avec la même méthode quasi-scientifique que ses cinq succès sur le Tour: en écrasant les chronos avant de contrôler en haute montagne. Ainsi, en 1992, il s'empare du maillot rose dès la troisième étape pour le garder jusqu'à l'arrivée. Il n'a pas d'adversaire. Claudio Chiappucci, aussi impuissant face au grand Espagnol qu'il ne l'est sur le Tour, doit se contenter de la 5e place à plus de cinq minutes.
Rebelote l'année suivante, même si sa prise de pouvoir sera plus tardive (une semaine avant l'arrivée) et si le Letton chauve Piotr Ugrumov lui posera des problèmes, comme il le fera d'ailleurs sur le Tour 1994. Cette même année, Indurain tente de rejoindre Binda et Merckx dans le cercle si fermé des triples vainqueurs consécutifs. Mais il bute sur la jeunesse triomphante de Berzin et Pantani. Pour la première fois depuis longtemps, le champion de Villava n'a plus la main sur une course. Distancé, il se lance dans des offensives dont il n'est pas coutumier mais doit se contenter de la troisième place au final. On le croit sur le déclin mais il réglera tous ses comptes au mois de juillet en remportant un 4e Tour de France. Néanmoins, physiquement et moralement, l'Espagnol aura laissé beaucoup d'énergie dans cette campagne perdue. Il en tirera les leçons dès la saison suivante en renonçant à venir en Italie.
. NOM: PANTANI
Pénom: Marco
Pays: Italie
Date de naissance: 13/01/1970
Victoires: 1 (1998)
Victoires d'étapes: 8
Marco Pantani a sans doute été, pour le meilleur et pour le pire, le personnage le plus emblématique du Giro ces 15 dernières années. Il y a tout connu. La révélation, la gloire, le succès, mais aussi la honte et la déchéance. Un condensé en somme de la carrière fulgurante du Romagnol, personnage à l'aura mythique de l'autre côté des Alpes, qui a suscité une fascination unique depuis Fausto Coppi. Pantani n'est pas encore "Le Pirate" quand il explose au plus haut niveau lors du Giro 1994. Le mythe Pantani nait en l'espace de deux jours et autant de victoires d'étapes. Le grimpeur de poche (il pèse à peine 55 kilos) s'impose d'abord au sommet à Merano puis le lendemain, à Aprica, au terme d'une ascension d'anthologie du Mortirolo. Sur cette pente infernale, il vole et laisse sur place le maillot rose, Evgueni Berzin, ainsi que Miguel Indurain. Ce dernier est sous le charme. "Le public va l'adorer car il attaque tout le temps", prophétise le Navarrais. "Le mythe Pantani", titre alors la Gazzetta dello Sport, prenant la mesure du phénomène. Il termine ce Giro à la deuxième place derrière Berzin, mais il en a été l'incontestable vedette.
On lui promet alors le maillot rose, mais il devra attendre quatre ans pour concrétiser cet espoir. Après trois années de galère (blessé en 1995 et 1996, il doit abandonner en 97 après avoir heurté un chat!), 1998 sera son année, celle du doublé Giro-Tour. Paradoxalement moins flamboyant qu'en 1994, Pantani maitrise néanmoins Pavel Tonkov. Il remporte une étape et devance le Russe d'une minute trente à Milan. C'est l'heure de gloire pour Pantani. Si 1998 fut l'annus mirabilis, la suivante sera celle de la chute. Le 5 juin 1999, alors qu'il porte le maillot rose et file vers un deuxième sacre consécutif après ses quatre victoires d'étapes, l'Italien se retrouve pris dans la tourmente. Le samedi matin, à Madonna di Campiglio, l'UCI mène une opération coup de poing en multipliant les contrôles sanguins, révélant chez Pantani un taux hématocrite anormalement élevé. Il est déclaré inapte et ne peut reprendre la course. Il en sera meurtri. La suite ne sera qu'une lente descente aux enfers, entrecoupée de quelques brefs moments de répits glorieux. Mais Pantani n'était déjà plus Pantani. C'est sans doute ce 5 juin qu'il est vraiment mort…
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité