"Sur le Tour pour gagner"

De l'avis général, ce Tour d'Italie 2010 a été un des plus beaux, un des plus intéressants de ces 20 dernières années. Au-delà de sa victoire, Ivan Basso acquiesce devant ce diagnostic. "Je crois qu'on peut dire que nous avons vécu un très beau Giro, estime le maillot rose. Pour nous, coureurs, ça a été très dur, mais le public a été séduit. Dès les premières étapes, les attaques ont fusé, on faisait 50 kilomètres dans la première heure. L'étape de Montalcino a provoqué une première fracture au classement, le désastre de L'Aquila a créé un suspense, un intérêt jusqu'à la fin."

Parti piano piano, Ivan Basso est monté crescendo lors de la deuxième moitié de la course. Mais il a toujours été confiant quant à ses chances de victoire. "J'y croyais depuis le début pour deux raisons: parce que je me sentais bien, fort, et parce que je savais que j'avais une très grosse équipe autour de moi", dit le Varésan. Si Basso était bien le plus fort, sa victoire est en effet aussi celle de son équipe. "J'ai eu des adversaires redoutables. Arroyo est un très bon coureur, avec une bonne équipe. Mais notre formation a bien réagi, elle a couru juste."

"Je ne veux pas comparer avec ma victoire de 2006, mais je crois quand même que cette victoire est la plus belle parce que j'ai dû me battre du premier au dernier jour. Rien n'a été facile, confie Basso. J'étais heureux à l'époque, je le suis aujourd'hui. Pour tout un tas de raison, c'est une très grande émotion." Un succès qu'il veut partager avec son équipe, ses fans, mais plus encore avec sa famille. "Cette victoire, elle est pour ma famille, pour ma femme, mes enfants et tous ceux qui ont souffert à mes côtés quand j'étais au fond du trou", explique-t-il. Et l'Italien d'annoncer que sa femme attend un troisième enfant. "Le jour de l'étape d'Asolo, ma femme m'a annoncé qu'elle attendait un troisième enfant. Alors je voulais absolument arriver en rose à Vérone pour célébrer cet évènement."

Ivan Basso avait annoncé qu'il doublerait Giro et Tour. Il n'a pas changé d'avis, malgré la débauche d'énergie de ces trois dernières semaines. Il sera bien à Rotterdam le 3 juillet. "Je serai sur le Tour. Je ne sais pas si je serai fantastique après ce Giro, mais je ne viens pas pour faire le nombre. Je vais au Tour pour jouer avec les meilleurset pour gagner", prévient le leader de Liquigas. "Je veux rendre au Tour ce qu'il m'a donné, promet-il. De 2001 à 2005, il m'a procuré de très grandes émotions. C'est une course fantastique. Je ne me suis pas encore penché sur le parcours. Mais la première chose que je ferai demain matin (lundi), c'est de regarder la carte du Tour en détail. J'irai au Tour en ayant la même approche qu'au Giro. Sereine, tranquille, en ayant une équipe unie."

En remportant le Giro, Basso a définitivement prouvé qu'il pouvait à nouveau rivaliser avec les meilleurs et même les mater. Comme à la belle époque. Mais cette victoire, il l'assure, n'est pas un aboutissement. "Sans hésiter, c'est un point de départ. J'aurai 33 ans à la fin de l'année, mais je peux encore être protagoniste dans les grandes courses par étapes. Je vois des jeunes très forts, nous en avons un dans l'équipe avec Vincenzo Nibali. Il y a aussi Contador, Andy Schleck, Gesink." Où se situe-t-il par rapport à ces coureurs? Par rapport à Contador, la référence actuelle dans les courses par étapes? Peut-il le battre? Il répond sans vraiment répondre: "Je ne sais pas. Je n'ai jamais rencontré Contador au maximum de sa condition. Ces deux dernières années, il a été à un niveau incroyable. J'ai un très grand respect pour lui. Mais je suis revenu à un très bon niveau moi aussi."