Giro, une semaine d'enfer

Il aura donc fallu attendre deux semaines, mais incontestablement, le Giro 2012 prend une nouvelle dimension avec cette 14e étape au coeur des Alpes. Après 140 kilomètres sans la moindre difficulté, deux ascensions majeures, classées en première catégorie, vont s'enchaîner. Le col de Joux, d'abord. Une longue montée de 22 kilomètres, avec une pente moyenne de 5.6% et un passage maximal à 12%. Même profil pour l'ascension finale, plus longue encore (27 kilomètres !) avec une pente assez régulière. Difficile d'imaginer que les grands favoris ne s'expliquent pas sur ce terrain, même s'il faudra en garder sous la pédale, vu ce qui les attend dans les jours suivants.

Cap à l'Est et direction le lac Lecco. Au lendemain du difficile enchaînement Col de Joux-arrivée à Cervinia, c'est un tracé en deux temps qui attend les coureurs pour cette 15e étape, la deuxième de haute montagne. Les 70 premiers kilomètres en Lombardie sont légèrement vallonnés avec quelques passages en faux plat descendant. Puis, ce sera l'heure des choses sérieuses avec cinq ascensions dont quatre répertoriés au grand prix de la montagne et l'arrivée au Pian dei Resinelli (1280m, 2e catégorie). Les coureurs entreront dans le vif du sujet avec le valico di Valcava (15km à plus de 8% et des passages à 12% - 1re catégorie), puis ce ne sera que montées et descentes jusqu'à Lecco. Ivan Basso, habitué des lieux qui lui servent de terrain d'entraînement, devrait pouvoir se montrer.

Une des étapes reine de cette édition 2012, au coeur des Dolomites, avec quatre ascensions majeures: le Passo Falzarego (2e catégorie), passé à la postérité grâce à Fausto Coppi, le Passo Duran (1re catégorie), la Forcella Staulanza (2e catégorie) et surtout le Passo Giau (1re catégorie), dont le sommet sera situé à moins de vingt kilomètres de l'arrivée à Cortina. Le Giau est un monument du Giro. Une montée redoutable, avec des passages à 14% et une pente moyenne qui flirte avec les 10%. Il n'y a pas de répit ici et la moindre défaillance peut tourner à la catastrophe. Une étape au coeur de la légende du Tour d'Italie, incontestablement.

Toujours plus haut, toujours plus dur. C'est LA grande étape de ce Giro. Somptueuse sur le papier. Cinq cols au menu, dont trois classés en première catégorie, et une arrivée au sommet. Sa grande originalité tient dans sa partie finale, en circuit. Le Passo Pampeago sera ainsi escaladé à deux reprises et c'est là que sera jugée l'arrivée de cette 19e étape. Une montée très sélective, susceptible de provoquer de très gros écarts. Les cinq derniers kilomètres de l'étape sont à 11,7% de moyenne. De quoi faire peur. D'autant que, avant cela, il faudra aussi se coltiner notamment le Passo Manghen, long de plus de vingt kilomètres, à plus de 7% de moyenne. Une étape pour purs grimpeurs et pour hommes forts. Comme souvent au cours de cette dernière semaine, aucune faiblesse ne sera tolérée.

Ultime journée en montagne la veille de l'arrivée. On finit en beauté avec, en guise de dernier col, l'immense et majestueux Stelvio, précédé par le non moins mythique Mortirolo. L'étape est longue et les coureurs auront déjà 150 kilomètres et trois montées, mineures certes, dans les jambes à l'heure d'aborder le Mortirolo. Un mot sur celui-ci, terrifiant avec sa pente moyenne à 10,5%. Mais son sommet est peut-être trop loin de l'arrivée pour que la grande explication se lance dès ici. Les ténors attendront peut-être le Stelvio, moins pentu certes (6,9% de moyenne), mais dont la difficulté va crescendo. Les plus illustres champions ont écrit la légende du Giro ici et c'est une magnifique façon de conclure la page montagneuse de cette 95e édition.

Changement de directeur de course, mais pas de changement de stratégie. Il n'y aura pas de relâche pour les coureurs le dernier jour. Le Giro conserve son chrono individuel dans Milan. Le classement général pourrait bien se jouer de nouveau ici. Tout au long des 30,1 km, les coureurs vont contourner le centre de la cité lombarde, de la Piazza Castello jusqu'à l'arrivée Piazza del Duomo. Un tracé plat comme la main.