Giro 2014 - Cinq Français qui ont des choses à démontrer

A 24 ans, Nacer Bouhanni veut enfin rentrer dans la cour des grands sprinteurs. Fort d’un titre national en 2012, de victoires d’étapes en World Tour (deux sur Paris-Nice et le Tour de Pékin), il manque encore quelque chose au palmarès de Nacer Bouhanni. Ce quelque chose, c’est une victoire d’étape lors d’une course de trois semaines.

Après avoir disputé (et abandonné) chacun des trois Grands Tours, le sprinter de la FDJ.fr n’y a toujours pas remporté le moindre succès. Malheureux sur le dernier Tour de France, où il a jeté l'éponge en raison d'une maladie après avoir chuté à plusieurs reprises, le sprinteur passé en pro il y a trois ans avait été proche d’une victoire sur la Vuelta 2012 (2e sur la 10e étape) et le Giro l’an passé (2e sur la 12e étape et 3e lors de l’étape 1). Pour sa quatrième tentative, celui qui a déjà levé les bras à cinq reprises cette saison, dont une étape de Paris-Nice et du Critérium International, semble enfin prêt à franchir un cap.

D’abord, le leader dans l’équipe, c’est lui. La FDJ.fr est bâtie pour emmener son sprinteur dans les meilleures conditions. Murilo Fischer et Sébastien Chavanel sont les derniers étages d'une fusée qui devait être lancé par Geoffrey Soupe, finalement remplacé par Jussi Veikkanen. Ensuite, la concurrence sur ce Giro n’est pas ce qu’elle était les années précédentes. Mark Cavendish et André Greipel ne sont pas là. Le premier, présent lors des trois dernières éditions, a privatisé quinze victoires sur les routes italiennes. Seul Marcel Kittel, l’homme fort du dernier Tour de France avec quatre succès, fait figure d’épouvantail. Le sprinteur allemand de Giant-Shimano a pour l’instant été intouchable sur les deux premières étapes de ce Giro.

Le Français n’a plus que six occasions, à commencer par mardi entre Giovanizzo et Bari (112 kilomètres), pour décrocher un succès qu’il attend tant, et qui lui permettrait de s’affirmer au sein de son équipe. La tendance d’aligner Arnaud Démare, vainqueur des 4 Jours de Dunkerque dimanche, sur la prochaine Grande Boucle, ne réjouit guère Nacer Bouhanni, qui convoite un statut de sprinteur unique. Il est en contact avec sept formations dont Cannondale, selon L'Equipe.  

Les deux Alex auront un rôle différent tout au long des trois semaines. Geniez aura carte blanche du côté de FDJ.fr et Vuillermoz sera au service de son leader italien Domenico Pozzovivo chez Ag2r La Mondiale. Mais les deux coureurs de 26 ans (Vuillermoz les aura le 1er juin) auront à valider leur progression en haute-montagne.

Même si la FDJ.fr est bâtie pour Nacer Bouhanni, Alexandre Geniez découvrira pour la première fois un Grand Tour dans la peau d’un leader pour le général. Au service de Thibaut Pinot sur la dernière Vuelta, le natif de Rodez avait enfin confirmé son potentiel, entrevu lors de son passage chez Skil et Argos-Shimano de 2010 à 2012, en s’imposant en solitaire à Peyragudes. Ce Giro est l’occasion pour lui de s’affirmer comme un leader sur courses par étapes, lui qui sait limiter la casse en contre-la-montre, à l’image de sa onzième place sur le prologue du Tour de Romandie.

Alexis Vuillermoz, lui, n’a toujours pas gagné chez les professionnels. Ce n’est pas ce qu’on lui demandera sur ce Giro, étant désigné comme gregario de luxe pour Domenico Pozzovivo, candidat au top 5. Mais l’ancien vététiste, double champion de France espoirs, ne cesse de progresser en montagne. 46e pour son grand baptême sur le Tour de France, le Jurassien semble évoluer un cran au-dessus depuis qu’il a quitté Sojasun pour Ag2r La Mondiale cette saison. Sur Paris-Nice, il a été l’un des maillons essentiels de la victoire de Carlos Betancur. Mieux, sur le Critérium International, où il a terminé huitième, c’est lui qui a fait exploser le peloton dans le col de l’Ospédale pour permettre à Jean-Christophe Péraud de s’imposer. Alors qui sait s’il n’est pas capable d’accompagner Domenico Pozzovivo jusque dans les derniers hectomètres d’un Monte Zocolan ou Val Martello, juges de paix attendus de ce Giro.

Sur une course où Ils n’avaient jamais posé les roues, Pierre Rolland et Romain Sicard trouveront peut-être le terrain adéquat pour repartir du bon pied. Les deux coureurs Europcar sont au point mort. Depuis sa huitième place au général et sa splendide victoire d’étape à la Toussuire sur le Tour de France 2012, Pierre Rolland n’a pas confirmé le statut de leader français qu’on lui prêtait.

2013 a été une année difficile. Aussi bien par les résultats que les affaires extra-sportives. Après un contrôle anormal de son taux de cortisol sur le Dauphiné Libéré, le coureur de 27 ans avait peiné sur les routes du Tour. Une 24e place au général, avec une quête du maillot de meilleur grimpeur aussi infructueuse qu’étonnante pour un coureur qui visait le Top 5. L’année 2014 ne s’est pas révélée rassurante pour l’instant. Malgré un tempérament offensif, Il n’a pas pesé sur Tirreno-Adriatico, le Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque et les Ardennaises. S’il n’a pas d’objectif précis en Italie, une place d'honneur au général ou une victoire d’étape lui ferait le plus grand bien avant le Tour de France, dont il avait fait son grand objectif avant le début de saison.

Il pourra compter sur Romain Sicard pour l’épauler en montagne. Tout juste transféré d’Euskatel, le champion du monde Espoirs 2009 veut redonner un élan à sa carrière professionnelle. Après sa deuxième place sur l’étape de Risoul sur le Critérium du Dauphiné 2010, le coureur basque a vu son ascension stoppée nette par des problèmes physiques graves. Un déséquilibre musculaire de la jambe droite l’a conduit à une saison blanche en 2011. Les deux années suivantes ont été celles de la reconstruction, où il se montra à son avantage par intermittence. Comme lors de sa cinquième place en haut de Bola Del Mundo, après une échappée matinale lors de ma dernière étape de montagne de la Vuelta il y a deux ans. Désormais en pleine forme, il semble s’être bien intégré dans sa nouvelle formation Europcar. Un nouvel environnement qui pourrait enfin relancer la carrière d’un des coureurs les plus prometteurs de sa génération.