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Tour d'Italie : Le Giro s’est joué dans le Stelvio mais pas là où on l’attendait

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 27/05/2014 à 21:22 GMT+2

Le Stelvio, c’est mythique et on peut y perdre le Tour d’Italie. Ce mardi, Uran y a laissé son maillot. Mais, étonnamment, c’est la descente qui a perdu le Colombien.

Nairo Quintana (Movistar) fête sa victoire et son maillot rose, à Val Martello

Crédit: AFP

C’était l’étape que toute l’Italie attendait. Celle que toute le monde voulait, alléché depuis l’an passé par cette étape déjà proposée en 2013 mais annulée. A l’époque les conditions climatiques avaient empêché la tenue de la course. On aurait pu y avoir droit cette année aussi, mais les organisateurs ont tenu à faire partir la course, malgré la neige, la pluie et des températures polaires. Il faut dire qu’escamoter les deux géants historiques que représentent le Gavia et le Stelvio, ce n’est pas commun. Le petit nombre d’abandons (sept seulement) et l’absence de hors-délais auront donné raison à la direction. C’est d’ailleurs dans la deuxième difficulté du jour que s’est peut-être joué ce Giro 2014.
Réduit à une quarantaine au sommet du Gavia, le groupe maillot rose a pourtant monté le Stelvio au train, sur une route – détrempée - ouverte par l’échappée. Ce n’est pas dans l’ascension de ce col, qui culmine tout de même à 2758m, que s’est déroulé le fait marquant de cette seizième étape mais bien dans la descente. Longue de 25km, elle a longtemps maintenu le téléspectateur dans un flou total, apercevoir les coureurs tenant de l’exploit. Quand, soudain, un groupe de six coureurs a surgi hors du brouillard et on y retrouvait Rolland et Quintana avec un équipier chacun ! Il était alors impossible de savoir s’ils avaient attaqué ou s’ils tentaient de revenir. La logique penchait assez nettement vers la première possibilité (le Colombien possédant sept coéquipiers au sommet du Stelvio) mais il a fallu attendre plusieurs kilomètres pour en être sûr. Et leur avance était même de deux minutes sur le groupe Uran !

Une situation incompréhensible

Au-delà de l’incongruité de la situation (Quintana et Rolland n’étant pas des descendeurs très réputés, comme Nibali), il convient d’admettre que l’écart entre les deux groupes n’a pu atteindre les deux minutes sans souci dans le groupe maillot rose. Car il parait inimaginable qu’Uran, sans équipier à ses côtés au sommet du Stelvio, n’ait pas été dans la roue de Quintana. Toute autre situation serait une cruelle erreur de la part du coureur d’Omega Pharma-Quick Step. L’équipe belge, comme la Saxo-Tinkoff et la Trek, se sont plaints que la direction de course avait annoncé la neutralisation de la descente. Une explication qui pourrait expliquer cet écart entre les deux Colombiens. Car, c’est bien le twitter officiel du Tour d’Italie qui avait permis d’être au courant de cette soi-disant neutralisation.
Le problème, c’est que le directeur Mauro Vegni a déclaré à l’arrivée « qu’une décision de ce genre n’avait été prise à aucun moment et qu’il n’en avait même pas été question». Une déclaration qui concorde par ailleurs aux déclarations de plusieurs coureurs, tels que Quintana ou Rolland –certes bénéficiaires -  et de directeurs sportifs, comme celui de la Lotto-Belisol, Bart Leysen.
Mais, si c’est bien le cas et si rien n’a été prononcé, pourquoi le tweeter officiel du Tour d’Italie s’est excusé. Pour s’être trompé ? Pour avoir dit quelque chose que le directeur de course a nié avoir dit ?
Quoiqu’il en soit, c’est étrange. Et les équipes des leaders piégés (donc nombreuses) ne vont pas hésiter à sauter sur l’occasion de créer la polémique. Mais est-ce de la faute à l’organisation si les cyclistes ne connaissent pas le règlement ? Non !
La véritable raison de l’écart créé par les six hommes se trouve plutôt vraisemblablement dans les propos du vainqueur de l’étape, Nairo Quintana : "Je n'ai rien entendu sur une éventuelle neutralisation, je ne comprends pas toute cette polémique. Dans la descente du Stelvio, les Europcar et Hesjedal ont commencé à accélérer. Avec Izagirre, on a pris leurs roues".

Et si Quintana avait gagné le Giro dans l’affaire ?

Ce qui est certain, c’est que cette étape a complètement changé la face du Giro. Personne ne saura jamais si, en arrivant au pied de Val Martello avec Quintana, Uran aurait gardé son maillot rose. C’est impossible à savoir. Mais, dans les faits et les chiffres, Nairo Quintana a mis plus de 2’30’’ à l’ancien porteur du maillot rose dans l’ascension finale alors qu’il avait déjà roulé un peu dans la vallée contrairement à son compatriote colombien. Ce mardi, le leader de la Movistar semblait bel et bien le plus fort. D’autant plus, qu’il n’est toujours pas à 100% selon lui : "Je suis encore enrhumé mais ça va mieux".
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Nairo Quintana (Movistar) à l'arrivée au Val Martello

Crédit: AFP

Mais le suspens de cette 97e édition du Tour d’Italie existerait alors toujours. Au moins un peu. Car, avec désormais  1’41’’ d’avance sur son plus proche poursuivant Rigoberto Uran et 3’21’’ sur le troisième Cadel Evans, on voit mal Nairo Quintana ne pas parader en rose dimanche à Trieste. Il reste deux étapes de plat et deux étapes de haute-montagne. On l’a vu ce mardi, en montagne, c’est le meilleur. Il y aurait bien le chrono de vendredi. Mais il est constitué à 65% de l’ascension du Mont Grappa. Quand on disait que Quintana avait probablement gagné le Giro…
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