Au tour de Contador de prendre les rênes du Tour d'Italie

La première arrivée au sommet est toujours un évènement sur une course de trois semaines. Souvent riche d'enseignements, elle a cette fois confirmé la tendance de ces derniers jours. Passés tours à tours à l'attaque sur cette 5e étape, Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), Fabio Aru (Astana) et Richie Porte (Sky) ont une nouvelle fois pris leurs distances avec leurs adversaires sur les cinq derniers kilomètres de l'ascension d'Abetone.

Si les trois hommes n'ont pu aller chercher la victoire d'étape, c'est la faute à Jan Polanc (Lampre-Merida). Le jeune Slovène, présent dans l'échappée du jour, a su résister jusqu'au bout pour s'offrir son tout premier succès à 23 ans.

On ne savait que penser de cette montée finale. L'ascension finale d'Abetone – choisie en hommage à Gino Bartali, Toscan et passé en tête de l'ascension en 1947 et 1948 – n'avait rien d'un épouvantail avec ses 17 km à 5%. Le genre de col où les favoris ne bougent pas le petit doigt. Mais ce Tour d'Italie 2015 semble bien décidé à tordre le cou à certains des clichés.

Pourtant, on a longtemps pensé que le peloton n'avait que faire de cette 5e étape. En laissant partir cinq hommes (Chavanel, Polanc, Dillier, Domont et Tvetcov) à l'avant, en laissant monter l'écart au-dessus des 10 minutes à pourtant moins de 30 kilomètres de l'arrivée, rien n'indiquait que les favoris avaient la volonté de s'attaquer.

Mais ceux qui jouaient le général se réservaient en fait pour les derniers kilomètres. Car, à un peu plus de quatre bornes du but, Alberto Contador (Tinkoff-Saxo) a mis le feu aux poudres. Inquiété mardi par Aru, "El Pistolero"  a réagi ce mercredi et a placé une violente attaque qui n'a surpris ni le leader d'Astana, ni Richie Porte (Sky). Mais c'est tout. Comme mardi, Rigoberto Uran (Etixx-Quick Step) n'a pu répondre, pas plus que Caruso (BMC) ou que Van den Broeck (Lotto-Belisol).

Mais où on s'attendait à voir les outsiders piégés s'entendre pour limiter les dégâts, c'est la Movistar qui a réagi pour son leader Ion Izaguirre. Insuffisant pour revenir sur les trois fantastiques sur lesquels ils ont au final concédé une trentaine de secondes. Chavès et Clarke distancés, Contador a donc profité de la première arrivée au sommet pour prendre le maillot rose de leader. Et s'il dit lui-même ne pas vouloir le conserver, il l'a toujours fait jusqu'au bout dans son passé sur les Grands Tours. Alors pourquoi pas cette fois-ci?

Loin devant les leaders, Jan Polanc s'est lui offert son premier succès chez les professionnels. A seulement 23 ans, le grimpeur de la Lampre-Merida a profité des largesses offertes par le peloton à l'échappée pour se présenter au pied d'Abetone comme le favori chez les cinq hommes de tête. De son classement au général de ce Giro déjà (à seulement 19 secondes de Simon Clarke). De par la force qu'il dégageait aussi, que Chavanel semblait posséder aussi. Mais enfin et surtout par son profil.

Plus léger que le Français, finalement deuxième de l'étape juste devant les trois fantastiques, le Slovène a profité des forts pourcentages à la mi-ascension pour s'envoler vers la victoire. Une attaque en facteur lui aura suffi. 23e du Tour du Pays Basque en avril, 12e du Tour de l'Avenir en 2012, Jan Polanc confirme qu'il peut être le grimpeur qu'il manquait à la Lampre-Merida. Même si le général est loin d'être un objectif sur ce Tour d'Italie.