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A deux jours de l'arrivée à Milan, tout est possible pour Thibaut Pinot (le meilleur comme le pire)

Julien Chesnais

Mis à jour 27/05/2017 à 09:56 GMT+2

TOUR D'ITALIE - Revenu à 53’’ de Nairo Quintana, nouveau maillot rose, Thibaut Pinot s’est replacé dans la course à la victoire finale à deux jours de l’arrivée. Le leader de la FDJ pourrait devenir le premier Français vainqueur d’un Grand Tour au 21e siècle. L'exploit est proche. Mais la perspective de finir aux portes du podium est tout aussi pressante dans ce Giro plus indécis que jamais.

Thibaut Pinot (FDJ) lors du Giro

Crédit: AFP

C'est fou comme ça va vite, le vélo. Comme les moments de grâce et de doute peuvent s’enchaîner sans prévenir, sans ménagement, brutalement. Thibaut Pinot en fait actuellement l’expérience. Elle était amère, la voilà maintenant douce. Pleine d’espérance. Mardi, le Français tombait du podium pour reculer à la 4e place, incapable de suivre Nibali et Quintana sur les pentes du Stelvio alors que Dumoulin faisait un numéro pour limiter la casse après son incident gastrique. A l’issue de la 16e étape, il traînait des pieds à 2’38’’ du Néerlandais. Le podium à 1’26’’. Il y avait de quoi être pessimiste. Le moins fort des quatre, c’était Pinot. Mais sur ce Giro, la vérité d'un jour n’est décidément jamais celle du lendemain.
Trois jours plus tard, le Français est revenu dans le rétro de ses rivaux. Dans la course au maillot rose. Jeudi, à la faveur d’un concours de surplace entre ses trois adversaires, sa remontée avait recommencé. 1’06’’ repris. Vendredi, son nouveau rapproché, il ne l'a dû à personne. Nibali et Quintana ont été incapables de répondre à son démarrage à mi-pente de l’ascension finale vers Piancavallo. Ils étaient cuits. Jusqu'à s’en remettre à leurs équipiers pour endiguer l’envolée du Franc-Comtois, qui leur a repris une quinzaine de secondes. Dumoulin ? Complètement farci. Mais suffisamment intelligent pour gérer sa montée en spécialiste du chrono et limiter la casse (+1’21’’).
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Thibaut Pinot avait commencé sa remontée au général jeudi lors de la 18e étape

Crédit: Getty Images

Devenir le premier Français vainqueur d'un Grand Tour au 21e siècle

À deux jours de l’arrivée, Pinot n’est plus qu’à 53’’ du Graal, le maillot rose désormais porté par Nairo Quintana. Le voir en vainqueur à Milan paraissait utopique en début de semaine. C’est devenu crédible. Rien ne lui interdit d’y croire. Il deviendrait alors le premier Français vainqueur d’un Grand Tour au XXIe siècle. Et mettrait fin à près de 22 ans d’attente, et le triomphe de Laurent Jalabert sur la Vuelta 1995.
La légende est là, tout près. Mais la déception qui résulterait d’une 4e ou 5e place ne rôde pas loin. Elle est tout aussi pressante. Car si la dynamique semble être du côté de Pinot, l’indécision de ce Tour d’Italie est plus grande que jamais. Plus on s’approche de son terme, moins l’issue parait certaine. Les quatre premiers du général se tiennent sous la minute. Et il faut même rajouter Ilnur Zakarin (Katusha, 5e à 1’21’’) et Domenico Pozzovivo (AG2R La Mondiale, 6e à 1’30’’) à la liste des vainqueurs potentiels.
C’est dire comme la dernière étape en ligne, samedi, par-delà le Monte Grappa (1re catégorie) et l’ascension de Forza (1re catégorie), dont le sommet est situé à 15 kilomètres de l’arrivée, s’annonce déterminante.
Si les écarts restaient ainsi avant le chrono tout plat de 30 km à Milan, Pinot pourrait être confiant dans ses chances de grappiller une ou deux places pour finir sur le podium, son deuxième en Grand Tour après sa 3e place sur le Tour de France 2014. Dix secondes à reprendre sur Nibali, c’est dans ses cordes. Cinquante-trois sur Quintana, ça reste jouable. En revanche, en gratter quinze sur Dumoulin, il ne faut pas trop y compter.
Le Néerlandais a certes donné des gages de faiblesse ces derniers jours. Mais il reste le meilleur rouleur du monde. Faut-il rappeler la claque infligée à tous, il y a dix jours, sur les 39 kilomètres vallonnés menant à Montefalco ? Parmi ses rivaux pour le maillot rose, personne n’avait perdu moins de deux minutes. Dimanche, Il pourrait tout à fait remettre ça.
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Lors du chrono de Montefalco, Thibaut Pinot avait concédé 2'42'' à Tom Dumoulin

Crédit: Getty Images

Reprendre du temps avant le chrono pour avoir le droit de rêver

Quoi qu’il en soit, s’il veut rêver, Pinot ne peut rester avec 15’’ de retard sur Dumoulin samedi soir. Avant, il lui faut donc reprendre du temps lors de la 20e étape. Au moins une bonne minute. Des efforts, il en a fait tant ces deux derniers jours... Mais il doit en faire encore. Son équipe pourra l’y aider. Comme elle l’a fait ce vendredi, avec Rudy Molard qui, grâce à sa présence dans l'échappée, a pu tirer un précieux relais à son leader qui venait de passer à l’offensive.
Par le passé, la FDJ pouvait parfois être décriée pour sa faiblesse, être considérée comme une limite aux ambitions de Pinot. Ce n’est plus le cas. Sur ce Giro, elle n’a plus rien à envier aux grosses écuries. Un constat certifié par Quintana lui-même, pourtant à la tête de l’armada Movistar. "Pinot est dangereux. Ici, son équipe est la plus forte", a lancé le nouveau leader du général vendredi à l'arrivée.
À 26 ans, Pinot n’a jamais été en si bonne position de gagner un Grand Tour. Les deux jours qui arrivent sont sans doute les plus importants depuis le début de sa carrière. Ils le propulseront dans la légende, la satisfaction d’un podium, ou la désillusion d’un "simple" Top 5. Reste la certitude que tout est possible. Et l'excitation d’un exploit à écrire.
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