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Tom Dumoulin peut-il encore perdre le Giro ?

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 25/05/2017 à 23:59 GMT+2

TOUR D'ITALIE - Encore impressionnant dans les Dolomites, Tom Dumoulin porte toujours fièrement le maillot rose de leader, à trois jours de l'arrivée à Milan. S'il reste des possibilités de l'attaquer pour ses adversaires, Dumoulin fait de plus en plus figure de grand favori à la victoire finale. A tel point que l'on voit mal comment le Néerlandais pourrait perdre le Giro.

Tom Dumoulin (Sunweb)

Crédit: Getty Images

Cette fois, c'est sûr. Oui, Tom Dumoulin peut remporter ce Tour d'Italie 2017. En même temps, lorsque l'on porte le maillot rose de leader à trois jours de l'arrivée, difficile de ne pas mériter une telle réflexion. Même avec une avance aussi faible que celle que le Néerlandais possède sur Quintana (31''). Jeudi, vers Ortesei, on prédisait l'enfer à Dumoulin, une journée comme les grimpeurs en raffolent et que les autres redoutent. Quintana le disait lui-même : "J'attendais beaucoup de cette étape. Elle était taillée comme je les aime".
Au final, le maillot rose n'a jamais vraiment tremblé. Et, avec plus d'audace et d'envie de tuer le suspense, le Néerlandais aurait même pu reprendre du temps, tant il semblait facile. Et si, finalement, la question n'était pas de savoir qui, quand, voire où, Dumoulin pouvait perdre du temps mais bien peut-il encore perdre le Tour d'Italie ?

Un crédit d'au moins deux minutes

Si l'on s'intéresse de plus près au profil du contre-la-montre final, à l'état de fraîcheur des principaux candidats à la victoire et aux qualités de chacun, on se rend compte que le Néerlandais est - et de loin - le meilleur rouleur de tous et l'un des plus costauds en ce moment. Et on peut estimer son gain sur un tel chrono à environ 1'30'' sur un coureur comme Quintana et 45'' sur des Nibali, Zakarin voire Pinot.
Autant dire que le "papillon de Maastricht" possède virtuellement plus de deux minutes de marge sur ses adversaires. Une avance non négligeable pour celui qui apparait pour l'heure comme le troisième meilleur grimpeur de ce Giro, derrière Quintana et Nibali (au bilan des étapes de montagne). Deux minutes d'avance, même si elles sont virtuelles, c'est beaucoup. Mais également très peu. C'est une marge sur laquelle on peut compter mais pas se reposer.

Une lucidité sans faille depuis le départ

Depuis le début de ce Giro, difficile de trouver trace d'une erreur tactique de la part de Dumoulin. Très lucide, conscient de ses qualités et de ce qu'il doit faire, il calcule sa course par rapport à ses possibilités et à ses adversaires. Jeudi, vers Ortisei, il n'a jamais tenté de suivre les attaques de Quintana. Imposant un tempo d'enfer, il est à chaque fois revenu au train, subissant ainsi au minimum les à-coups imposés par le Colombien.
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Tom Dumoulin

Crédit: Getty Images

Mais le Néerlandais sent également très bien la course. Toujours bien placé lorsque cela est nécessaire, il n'hésite pas à rester parfois en plein milieu du peloton, à chercher à se faire oublier. Maniant parfaitement le bluff, le maillot rose sait inciter les équipes des outsiders à travailler à sa place, comme il l'a fait mercredi vers CanazeÏ lorsque les Quick Step-Floors ont roulé derrière Polanc ou même ce jeudi, lorsque Orica-Scott et Katusha-Alpecin ont un temps assuré la poursuite derrière Quintana. Ne pas s'affoler, la jouer en patron, bluffer, c'est aussi ça se montrer lucide.

Pas le droit à l'erreur

Le gros problème pour Tom Dumoulin, c'est la faiblesse - ahurissante pour une équipe visant le général - de la Sunweb. Jeudi, le Néerlandais ne pouvait compter que sur un seul homme, Laurens Ten Dam. Et ce dès la première ascension du jour, après quinze kilomètres ! Bien sûr, certains sont revenus ensuite dans la vallée mais ne nous leurrons pas. Si Dumoulin remporte ce Giro, il ne le devra à personne, même pas à son équipe. Comme Contador il y a deux ans.
Mais, à l'instar du grimpeur espagnol, cela ne laisse pas la moindre marge de manœuvre au Néerlandais. S'il s'est permis d'être grand seigneur lorsque Quintana est tombé, s'il n'a ni attaqué, ni chassé vers Ortisei alors qu'il était le plus costaud, le leader de la Sunweb n'est pas à l'abri d'un problème mécanique, d'une crevaison ou incident en tout genre. Sans équipe, ce type de problème peut être fatal. Vers Bormio, il avait sauvé ce qui pouvait l'être en ne concédant "que" 2'20''. Mais, cette fois, il n'a plus la marge nécessaire à un tel débours.

Le cauchemar de la Vuelta 2015

D'autant qu'avec les dernières étapes, vendredi et surtout samedi, Tom Dumoulin va voir réapparaître le spectre de la Vuelta 2015, son pire cauchemar. D'ailleurs, le Néerlandais y pensait déjà dès la fin de l'étape jeudi : "Il y a encore deux jours très difficiles avant Milan, surtout le Monte Grappa samedi, avoue le maillot rose. Si je suis à mon niveau, je ne perdrai pas beaucoup. Mais si je suis mal comme à la Vuelta…"
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Tom Dumoulin of Giant Alpecin during stage 20 of the Vuelta

Crédit: AFP

Sur l'épreuve espagnole, en 2015, le Néerlandais était encore leader à la veille de l'arrivée avant de craquer dans la dernière étape de montagne, un peu malade et lâché par son équipe. Une panne de jambes sans aucun signe avant-coureur. Le samedi matin, on avait du mal à l'imaginer perdre sa tunique rouge de leader. Ça ne l'avait pas empêché de quitter… le top 5. Finalement, Vincenzo Nibali a raison : "Rien n'est fini".
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