Armstrong loin du Tour

Depuis son sixième triomphe historique sur les Champs-Élysées en juillet dernier, il laisse planer le suspense. Viendra, viendra pas ? Jeudi dernier, Lance Armstrong a levé un peu plus le voile sur ses intentions. Interrogé sur la chaîne de télévision néerlandaise NOS-TV, le Texan a ouvertement envisagé de ne pas disputer le Tour de France en 2005. Jamais il n'avait évoqué cette hypothèse avec autant de clarté.

Certes, Armstrong n'a eu de cesse de répéter qu'il prendrait sa décision au printemps et de ce point de vue, rien n'a changé. Mais dans sa tête, tout semble clair. "Il y a d'autres choses que je veux accomplir dans le cyclisme" a-t-il confié. Agé de 33 ans, Armstrong juge "urgent" de se reconcentrer sur les grandes courses d'un jour, qu'il avait totalement délaissées ces dernières années pour se focaliser sur la seule Grande Boucle.

Et Armstrong de citer ses nouveaux objectifs: le Tour des Flandres, la Flèche Wallonne, qu'il avait remportée en 1996, l'Amstel Gold Race et même Paris-Roubaix. L'Américain sera donc très occupé au mois d'avril et on ne peut que se réjouir de sa volonté d'enrichir son palmarès dans ce domaine. Au début de sa carrière, Armstrong semblait d'ailleurs taillé davantage pour les classiques avant de se muer en homme du Tour après sa maladie. 2005 pourrait donc marquer une sorte de retour aux sources pour l'ancien champion du monde.

Faut-il pour autant en déduire que le coureur d'Austin a tiré un trait définitif sur le Tour de France? Pas sûr, si l'on en croit les propos de son directeur sportif, Dirk Demol. "J'ai regardé le reportage, a indiqué le Belge, interrogé par l'AFP. "Contrairement à ce que je lis et entends, Lance ne ferme pas définitivement la porte au Tour de France. Je pense qu'il y a une chance sur deux de le voir s'aligner au départ du prologue à Fromentine le samedi 2 juillet".

Wait and see donc. Les organisateurs du Tour attendront donc, alors que ceux du Giro sont déjà fixés. A son grand regret, Armstrong ne disputera pas le Tour d'Italie. Il fait de l'autre côté des Alpes l'objet d'un trop grand intérêt à son goût de la part de la justice italienne, notamment dans l'affaire qui l'oppose à Filippo Simeoni. "Ils m'attendent là-bas ? Ils pourraient bien attendre longtemps alors ", a ironisé l'Américain.

En Espagne aussi, ils peuvent l'attendre, puisque Armstrong a décidé de ne pas disputer la Vuelta. Il aurait préféré le Giro, mais : "Le Tour d'Italie est une épreuve plus prestigieuse que la Vuelta. Tout y est plus intense, plus fort, au niveau sportif et émotionnel" juge-t-il. C'est pourtant sur les routes du Tour d'Espagne qu'il fit son retour au plus haut niveau après son cancer, en septembre 1998, en terminant quatrième à Madrid.

Après un printemps très chargé, il faudra donc peut-être attendre la fin de l'été, voire l'automne pour voir à nouveau le boss en haut de l'affiche. Si la forme est là, Armstrong envisage en effet de participer à nouveau aux Championnats du monde sur route, douze ans après sa victoire à Oslo. "Le record de l'heure, c'est beau aussi", a conclu le Texan, en forme de clin d'oeil. Homme d'un seul maillot depuis six ans, le jaune du Tour, Armstrong semble décidé à redevenir un champion éclectique. Qui s'en plaindra?