Kohl a fait le pois

C'est avec le visage des mauvais jours que Bernhard Kohl a franchi la ligne d'arrivée à l'Alpe-d'Huez. Le faciès qui exprime que la journée n'a pas été de tout repos. "C'était le jour le plus difficile de ma carrière. J'ai tout donné, je suis épuisé comme jamais je ne l'ai été". Les premiers mots de l'Autrichien au terme des 21 lacets de la montée finale confirment que, malgré les apparences, Kohl a vécu l'enfer lors de cette 17e étape. Ou presque. "J'ai atteint mes limites lors des 13 derniers kilomètres dans la montée finale. C'était impossible pour moi de suivre Carlos Sastre. Il était de loin le plus fort. Je suis arrivé dans le premier groupe et je pense que c'était une performance fantastique pour moi", a-t-il expliqué au terme des 210 kilomètres que proposait cette 17e étape.

In fine, tout s'est bien passé comme lui et son directeur sportif Hans-Michael Holczer l'avaient prévu ce mercredi matin avec le reste de l'équipe dans le bus Gerolsteiner. "On avait élaboré une stratégie qui prévoyait d'envoyer quelqu'un de notre équipe dans l'échappée. Et Stefan (Schumacher) l'a une nouvelle fois fait avec brio." Présent en tête de la course durant les trois quarts de l'étape, l'Allemand, vainqueur du contre-la-montre de Cholet, a facilité la tâche de son leader : "Après son cavalier seul de mardi, il est parvenu à le faire de nouveau et il a pris pour des points pour le maillot à pois que n'a pas pu prendre la concurrence. Cela m'arrangé. Derrière lui, j'ai pu emmagasiner les points et tout a marché parfaitement."

"A l'arrivée, je ne savais pas si j'étais assuré du maillot à pois, mais on m'a rapidement confirmé que c'était le cas. Je suis très fatigué mais aussi très heureux". En effet, avec 125 points au compteur, à quatre étapes de l'arrivée sur les Champs-Elyséés, Kohl possède désormais 45 points d'avance sur le duo Frank Schleck et Carlos Sastre, deuxièmes ex aequo. Et comme il ne reste plus que 30 points à distribuer, le calcul est vite fait… Désormais troisième à 1'32" du nouveau maillot jaune, Bernhard Kohl ne veut pas faire de plan sur la comète qu'il ne souhaite pas être. L'homme veut s'inscrire dans la durée mais ne souhaite précipiter les choses. Même si les ambitions sont là…

Comme il l'a répété depuis deux jours, son objectif majeur de ce Tour de France était l'obtention du maillot de meilleur grimpeur, le classement général passant au second plan : "Je voulais avoir le maillot à pois à tout prix. L'équipe a très bien travaillé pour moi depuis le début du Tour. Je suis fier de leur apporter ça" . Mais l'appétit venant en mangeant, l'Autrichien voit tout de même un peu plus loin : "Je veux être sur le podium à Paris à tout prix. Avoir le maillot à pois c'est bien, mais finir dans les trois premiers sur les Champs-Elysées serait fabuleux". Derrière lui, toute l'Autriche pousse : "Mon pays est très fier de moi et ça me rend très fier aussi." Après avoir flirté avec l'Enfer, Bernhard Kohl espère toucher du doigt le Paradis dans quatre jours…