Moreau par la petite porte

Vini, vidi, reparti. En douce, Christophe Moreau a quitté le Tour de France. D'une simple annonce de Radio-Tour, le peloton, les spectateurs et même l'équipe Agritubel ont appris l'abandon du coureur français au milieu de la 7e étape. Pas de chute ni douleur ni virus fatal: le Belfortain a rendu son dossard et filé à l'hôtel sans la moindre explication. A l'arrivée de l'étape, auprès du bus de la formation française, on n'en savait guère plus. "On attend d'être à l'hôtel pour connaître les raisons de son abandon", nous confiait-on du côté du tubulaire bovin.

Le matin encore, le champion de France 2007 déclarait à qui voulait l'entendre que le rendez-vous d'Aurillac était coché sur son calendrier. Comme celui de Super-Besse. Et au final, même bilan voire pire: pas de victoire, pas de place parmi les favoris et une sortie sans gloire. Pourtant, Moreau avait rapidement annoncé la couleur, partant le premier à l'assaut des 159km, à peine le départ de Brioude donné. Une échappée de courte durée (4km) qui n'annonçait rien de bon. Loin des ténors, le leader d'Agritubel était piégé par la bordure initiée par l'équipe CSC au moment du ravitaillement. Inexorablement lâché ensuite par le groupe maillot jaune auquel il ne semblait pas destiné.

Point trop n'en faut, devait alors se dire l'ancien coureur d'AG2R que l'on aura finalement vu que lors de la 2e étape vers Saint-Brieuc. Le retard concédé à Super-Besse ne l'effrayant pas, il restait convaincu de pouvoir gagner une étape et "se faire plaisir en montagne". Les premières hauteurs lui auront finalement été fatales. "On ne le pressentait pas du tout, s'étonne Nicolas Vogondy. Il connaissait bien les routes du jour donc il nous a fait un briefing dans le bus. Il n'a donné aucun signe de possible abandon le matin."

Alors comment comprendre ce départ? "C'est incompréhensible, explique son successeur au palmarès hexagonal. Ca ne change pas la stratégie, mais ça met un coup à toute l'équipe." En cours d'étape, son directeur sportif Emmanuel Hubert avait invoqué de possibles problèmes de dos, admettant n'avoir pas pu joindre le kiné de l'équipe. Dans la soirée, le même Emmanuel Hubert persistait: "La cause de son abandon est plus que simple: plus de forces et un gros mal au dos. Plus de son et plus d'image en quelque sorte. Et un champion de sa trempe accepte mal d'être derrière. Depuis deux jours, il n'avais plus de force et ressentait une grosse fatigue." Déjà...

Mais le mal pourrait être tout autre. Ces derniers jours, Moreau n'avait pas caché quelques différends avec sa formation, concernant notamment son avenir. Son juteux contrat était d'ailleurs à renouveler et un rendez-vous fixé à mardi en compagnie de son manager Michel Gros. Mais coup de sang ou coup dur, les évènements du jour risquent de changer la donne. Faute d'explication à ce départ en catimini, le premier abandon du Français depuis 2002, José Fornes, propriétaire d'Agritubel, a annulé l'entretien, selon l'agence Reuters. Dix ans après l'affaire Festina, Moreau quitte une nouvelle fois le Tour par la petite porte. Mais saura-t-il cette fois rebondir? Lui seul à la réponse.