L'Australie fête son héros

En entrant de plain pied dans l'histoire du Tour de France, Cadel Evans a aussi pris place parmi les géants du sport australien. Le Tour jouit d'une popularité croissante aux Antipodes depuis de nombreuses années et le triomphe en jaune du natif de Katherine n'est pas passé inaperçu, c'est le moins que l'on puisse dire. Evans a changé de dimension en trois semaines dans le regard de ses compatriotes.

Le Premier ministre australien, Julia Gillard, avait même envisagé de décréter une journée nationale de congé lundi pour votre victoire. "Je suis ravi d'entendre que les Australiens fêtent ma victoire", a sobrement commenté le nouveau héros aussie, qui se disait toutefois un peu gêné à l'idée de susciter un jour de congé par sa seule victoire. Finalement, ce ne sera pas le cas. "Je ne peux pas annoncer l'octroi d'un jour férié mais je partage l'avis de Cadel, selon lequel les gens seront plus heureux en allant au travail car nous célébrons sa victoire", a-t-elle déclaré.

Dimanche, malgré le décalage horaire, ils ont été nombreux à suivre la dernière étape du Tour et le sacre du nouveau héros sur les Champs-Elysées. La presse, elle s'enflamme. Cadel fait l'unanimité et sa performance est saluée au même titres que les grands exploits de l'histoire du sport australien, que ce soit en tennis, en rugby, en voile ou en natation. "Notre héros", titrait dimanche le Herald Sun. "Le roi de la route", renchérit le Mercury. C'est aussi le côté pionnier qui donne un relief particulier à sa victoire. "Il a atteint l'une des dernières frontières du sport australien, estime ainsi Rupert Guinness, du Sydney Morning Herald, qui couvre le Tour depuis 1987. Voir Evans accomplir un Tour quasi-parfait a été un immense plaisir. Il n'a presque rien raté durant les trois semaines".

Le maillot jaune de Cadel Evans l'impose évidemment comme le plus grand cycliste australien de l'histoire. Mais c'est désormais sa place dans le sport australien en général qui est posée. Le Sydney Daily Telegraph place notamment la victoire d'Evans au-dessus de celle de l'équipe australienne dans la Coupe de l'America en 1983. Une date pourtant mythique. L'équipage de John Bertrand avait en effet signé une performance historique en mettant fin à 132 années de domination américaine. John Bertand et son bateau révolutionnaire avaient maté Dennis Conner. Bertrand est devenu une légende en Australie. Qu'Evans puisse être considéré comme son égal en dit long sur l'impact de sa victoire dans le Tour de France dans son pays.