Rolland: "Pas au courant"

Le geste de l'équipe Sky est sans équivoque. Lorsque Pierre Rolland part dans la descente du Mur de Péguère, Michael Rogers exprime son ras-le-bol d'un geste du bras. "Je pensais alors que ça les fatiguait que j'attaque et que Sky voulait faire la descente tranquillement", plaide Pierre Rolland. Alors que les lieutenants de Bradley Wiggins calment le tempo dans le groupe maillot jaune pour permettre à Cadel Evans, victime d'une crevaison juste avant le sommet, de rentrer dans le peloton, l'Orléanais s'en va seul. L'attitude de Pierre Rolland soulève rapidement la polémique. Et son retour dans le peloton après une poursuite tendue de Lotto et Liquigas n'y changera rien.

Dès la ligne franchie, le Team Europcar va faire corps autour de son leader en plaidant la bonne foi. "J'ai su que Pierre avait attaqué lorsque Radio Tour a annoncé qu'il avait 52 secondes d'avance sur le maillot jaune. J'ai essayé de lui parler via l'oreillette mais j'étais trop loin de lui et elle ne fonctionnait pas. La polémique n'a pas lieu d'être, il ne faut pas en vouloir à Pierre", nous a confié Dominique Arnould. Un scénario que nous confirme son coureur : "J'ai attaqué pour grappiller des places au général. J'ai fait toute la montée dans les cinq premières places et je n'ai pas vu ce qui se passait derrière. J'ai demandé des écarts à Dominique mais il ne répondait pas", précise Rolland. Je n'étais au courant de rien. Un motard de France TV m'a indiqué que j'avais 1'20" d'avance, alors j'ai insisté."

Une thèse qu'a accréditée Jürgen van den Broeck (Lotto Belisol) : "J'avais  peu de contacts avec les voitures. Pour l'une ou l'autre raison, notre système de communication n'était pas bon", a indiqué le leader belge sur le site de la RTBF. Sevré de toute information, le vainqueur de l'étape de La Toussuire précise qu'il ne s'est jamais relevé : "Après la descente, j'ai entamé une portion ouverte au vent moins favorable pour moi. Et le peloton est revenu fort avec les Liquigas et les Lotto."

C'est alors au sein du peloton que Pierre Rolland a pris connaissance de l'épidémie de crevaisons qui avait décimé le peloton derrière lui : "Frank Schleck est venu me voir pour me demander pourquoi j'étais parti. Je n'ai pas compris tout de suite et puis j'ai constaté qu'il n'y avait plus beaucoup de coureurs avec les deux mêmes roues." La polémique qui enfle autour de son attaque le chagrine. "Je suis respectueux des codes et du règlement interne du peloton", jure-t-il. "Si quelqu'un attaque sur une crevaison ou une chute, je serais le premier à râler. Si j'avais été au courant de quoi que ce soit, je me serais relevé. Ceux qui me connaissent savent que cette attitude, ce n'est pas moi. Cette affaire fait un foin pas possible mais je pense qu'à l'intérieur du peloton, tout le monde a vu que j'étais de bonne foi."