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Le débutant Bernard Hinault prend un an de retard et 24 heures d’avance (1977)

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/10/2012 à 22:26 GMT+2

Le deuxième extrait de "Petites Histoires inconnues du Tour de France", de Patrick Fillon et Laurent Réveilhac, nous mène aux premiers pas de Bernard Hinault. En marge de la présentation du parcours du centième Tour de France, les auteurs nous font ce beau cadeau.

Bernard Hinault, 1977

Crédit: Eurosport

Extrait de "Petits Histoires méconnues du Tour de France" de Patrick Fillion et Laurent Réveilhac, Editions Hugo et Cie.
Les débuts de Bernard Hinault dans le Tour de France sont à la fois l’irruption d’un cheval fougueux et un exemple de maîtrise. Quand il avait 22 ans, à la fin du printemps 1977, une pression terrible était exercée sur les dirigeants de l’équipe Gitane pour voir le jeune Breton faire son apparition dans la Grande Boucle. Cyrille Guimard, le directeur sportif, s’y est pourtant refusé.
Guimard n’a pas oublié la brièveté de sa propre carrière (il a "raccroché" à l’âge de 29 ans), abrégée de plusieurs années par une fragilité ligamentaire aux genoux. Il pense avoir été jeté trop tôt et trop fort dans la carrière, avant d’avoir pu construire "la caisse" nécessaire pour encaisser les contraintes du professionnalisme. Hinault en était si convaincu lui-même que cela a provoqué un conflit à la fin 1975 avec son premier directeur sportif, Jean Stablinski. L’ancien lieutenant de Jacques Anquetil n’était pas enclin à protéger outre mesure un jeune champion, car cela ne se pratiquait pas quand il était lui-même coureur de haut niveau. « Stab » pensait que le talent et surtout l’intelligence de course étaient les atouts primordiaux, ce que sa propre carrière lui avait enseigné (quatre fois champion de France, champion du monde en 1962, vainqueur du Tour d’Espagne en 1958).
En 1977, Cyrille Guimard est un tout jeune directeur sportif. (...) Hinault a toujours fait des saisons "à l’ancienne", qui commençaient en février et se terminaient en octobre, sur tous les terrains : les classiques, les courses par étapes et les longues épreuves chronométrées. Coureur relativement peu motivé par l’entraînement, mais préparé par Guimard de matière avant-gardiste : travail en soufflerie sur les positions du contre-la-montre, matériel, tactiques de course, composition de l’équipe, etc...
Embauché par TF1
Bernard Hinault a participé à huit éditions du Tour de France, de 1978 à 1982, et de 1984 à 1986. Comme chacun sait, il l’a gagné à cinq reprises, a terminé deux fois 2e (derrière Laurent Fignon en 1984 et Greg LeMond en 1986) et a abandonné en 1980, alors qu’il portait le maillot jaune.
Il faudrait presque ajouter une neuvième participation ! Car le Breton a parcouru seul le tracé de l’édition 1977, allant reconnaître le parcours de chaque étape avant le peloton pour confier ses impressions à la chaîne de télévision TF1. Hinault a l’honnêteté de reconnaître qu’il a fait un quart de ce parcours en automobile (en raison d’embarras de circulation ou de conditions atmosphériques détestables), ce qui laissait assez d’efforts à accomplir pour ne pas prendre de poids supplémentaire pendant ces trois semaines d’absence dans le peloton. Un parcours assez touristique d’ailleurs, et relativement peu montagneux, avec des passages en Espagne, en Belgique et en Allemagne, pour contenter tout le monde. Cinq contre-la-montre, dont un par équipes et un en montagne, et une seule arrivée au sommet.
Seulement cent coureurs au départ
L’opinion publique était impatiente de voir le jeune champion à l’épreuve du Tour, tant ses premiers résultats l’avaient impressionnée. Deux fois champion de France de poursuite, vainqueur en costaud de Gand-Wevelgem et de Liège-Bastogne-Liège, il a surtout marqué les esprits dans le Critérium du Dauphiné 1977 où sa chute spectaculaire dans un ravin a été montrée en direct à la télévision. Avec son maillot de leader déchiré, il remonte tant bien que mal sur la route, aidé par Guimard, récupère son vélo et repart à l’attaque, passablement sonné tout de même, pour s’imposer finalement au sommet de la terrible montée de la Bastille à Grenoble. La France a adoré ! Elle veut voir ce jeune hussard face aux guerriers chevronnés que sont Eddy Merckx, Bernard Thévenet, Lucien Van Impe, Joop Zoetemelk, Hennie Kuiper… Pour calmer sa frustration, on lui donnera un peu de Bernard Hinault, mais pas trop. Et « le Blaireau » ira fureter sur les routes avec 24 heures d’avance sur les autres prédateurs.
Il est à remarquer qu’en 1977, le Tour de France n’est pas au mieux de sa forme et il n’y a que 100 coureurs au départ. En 1986, quand le leader de l’équipe La Vie Claire s’élance pour la dernière fois, il y a 210 coureurs sur la ligne de départ. La popularité de l’épreuve ne s’est jamais plus démentie. Bernard Hinault doit bien y être pour quelque chose…
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