À Pra-Loup, le Tour retrouve les routes où Thévenet a écrit sa légende

La photo de Bernard Thévenet, épuisé quand il franchit la ligne d'arrivée à Pra-Loup, a fait le tour du monde. Le 13 juillet 1975 marque la prise de pouvoir du Français, qui gagnera le Tour une semaine plus tard pour mettre fin à la suprématie du Cannibale. Quarante ans et quelques jours plus tard, le 22 juillet 2015, le Tour de France retrouve la station des Alpes de Haute-Provence. Le directeur Christian Prudhomme l'a confirmé mercredi matin lors de la présentation officielle du parcours de l'épreuve. Une belle occasion de revenir sur une page majeure de la grande histoire de la Grande Boucle.

Bernard Thévenet est revenu sur l'épisode dans l'ouvrage Le Tour, 100 images, 100 histoires :

"Il me fallut bien trois ou quatre minutes pour retrouver une respiration normale, poursuit-il. C'est seulement à ce moment-là que je compris, informé par notre gesticulant mécanicien Jean-Claude Vincent, que j'avais détrôné Merckx. Ce qui paraissait incroyable. Je ne l'avais rejoint qu'à quelque 2 kilomètres de Pra-Loup."

De Nice à Pra-Loup (218 km), cette étape légendaire franchit plusieurs sommets des Alpes du Sud. Thévenet attaque à plusieurs reprises dans le col des Champs, que le Tour ne peut plus emprunter aujourd'hui à cause d'une route jugée dangereuse dans la descente. Merckx répond et finit par distancer le Français à l'approche du sommet d'Allos.

Au bas de la descente, Thévenet pointe à plus d'une minute du Belge. Mais, sur les 6 kilomètres de l'ascension finale, il refait son retard, déborde Merckx, défaillant (5e de l'étape pour finir à 1 min 56 sec), et dépasse même l'Italien Felice Gimondi à 1500 mètres de l'arrivée. "J'étais complètement exténué en passant la ligne. Le sourire, et le maillot jaune, ce serait pour plus tard", se souvient le vainqueur, marqué par la descente longue et technique d'Allos, où la voiture suiveuse de l'équipe de Gimondi plongea dans le ravin en 1975.

Ce grand col (2250 m d'altitude), un classique des Tours d'avant-guerre, a été escaladé une seule fois depuis 1975 (en 2000, lors de l'étape Draguignan-Briançon). Pour le peloton contemporain, il aura valeur de nouveauté.