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Cyclisme, tennis, F1… ces sports où la France n'en finit plus d'attendre

Laurent Vergne

Mis à jour 02/07/2015 à 16:58 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2015 - Dans trois sports individuels majeurs, la France est sevrée de titres ou de victoires depuis bien longtemps. Etat des lieux.

Hinault, Noah, Panis...

Crédit: Eurosport

CYCLISME : Pas une victoire sur le Tour depuis 1985

Bien sûr, il y a les 30 ans de la dernière victoire française sur le Tour. Avant cela, depuis 1903, jamais les autochtones tricolores n'avaient attendu plus de 7 éditions entre deux victoires. Là, ça fait 29. Mais au-delà du Tour, le constat peut s'appliquer quasiment à toutes les grandes courses du calendrier. La dernière victoire française sur le Giro ? Laurent Fignon, en 1989. Sur la Vuelta ? Laurent Jalabert, en 1995.
Si l'on prend les cinq monuments en matière de classiques (Milan-Sanremo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Lombardie), là encore, la disette dure depuis le siècle précédent. En 1997, Fred Guesdon avait gagné à Roubaix, et Jalabert en Lombardie. C'est aussi cette année-là que le cyclisme français a connu son dernier champion du monde. Depuis, nada. Avec une génération prometteuse et surtout polyvalente avec des talents polymorphes, le cyclisme français n'a sans doute jamais été aussi proche de revenir jouer (et surtout gagner) dans la cour des grands. Mais la victoire, c'est d'abord une (bonne) habitude. A force d'échecs et de complexes, les coureurs français l'avaient perdu.

TENNIS : Pas un Grand Chelem gagné depuis 1983

140. Il y a eu 140 tournois du Grand Chelem disputés chez les messieurs depuis la dernière victoire d'un Français, en l'occurrence Yannick Noah, à Roland-Garros, en 1983. Depuis, 16 pays ont décroché au moins une petite victoire dans l'un des quatre tournois majeurs du circuit, dont l'Equateur, l'Autriche, le Brésil ou les Pays-Bas, qui ne sont pas exactement des places fortes traditionnelles et durables du tennis mondial. Sur la même période, la France apparait pourtant dans le Top 5 des nations ayant placé le plus de joueurs dans le Top 20 au classement ATP.
Moralité, le tennis français possède un fort vivier, il est quantitativement au top niveau mondial, mais de Leconte à Tsonga, de Pioline à Monfils, de Clément à Grosjean, il lui a toujours manqué un petit quelque chose. Sur trois décennies et plusieurs générations, difficile de mettre ça sur le dos du seul hasard. La France produit énormément de très, très bons joueurs, mais plus d'immenses champions. Et contrairement au cyclisme, dont l'émergence d'une nouvelle génération fait espérer une période, sinon dorée, en tout cas positive, l'éclipse prochaine du quatuor Tsonga-Gasquet-Monfils-Simon, et l'absence de relève derrière, laisse craindre une période de vaches maigres prolongée à l'horizon 2025. Heureusement, chez les dames, il y a eu Mary Pierce, Amélie Mauresmo et Marion Bartoli. L'attente dure depuis… deux ans à peine.
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Noah-Wilander, 1983.

Crédit: Imago

FORMULE 1 : Pas une victoire en GP depuis 1996

19 ans donc qu'un Français n'a pas gagné en F1 puisque la dernière Marseillaise a été le fait d'Olivier Panis, à Monaco en 1996. Pourquoi ? Parce que la France a cumulé les handicaps et n'a pas su organiser la relève. Jean Alesi et Olivier Panis étaient ses porte-drapeaux dans les années 90. Le premier a pris sa retraite fin 2001, et le second a laissé un désert total en se retirant, fin 2004.
Pour courir il n'y a que deux solutions : trouver un sponsor pour financer ses débuts ou convaincre un patron d'écurie capable d'assumer les risques. Dans une France culpabilisatrice vis-à-vis des sports mécaniques, les sponsors ont fui. L'écurie Ligier/Prost disparue, restait quand même la possibilité pour des garçons comme Sébastien Bourdais et Franck Montagny de séduire Renault, de retour au sommet en 2005. Bourdais ou Montagny coéquipier de Fernando Alonso ? Ils n'y sont jamais parvenus face à un décideur comme Flavio Briatore, ouvertement ignorant de leurs talents.
Bourdais arrivé en F1 en 2008 grâce à un agent de pilotes (Nicolas Todt) ayant convaincu Red Bull via Toro Rosso, la France a continué de s'isoler, s'affaiblir, jusqu'à devenir incapable de financer son propre Grand Prix, disparu corps et biens en 2009. Un handicap médiatique majeur. Dans une écurie Renault minée par le scandale du Grand Prix de Singapour 2008, Romain Grosjean s'est quand même retrouvé titulaire mi-2009… sans jamais être monté dans la voiture. Un cadeau empoisonné. Le Losange de moins en moins influent, Eric Boullier l'a sauvé des oubliettes pour le compte de Lotus en lui donnant une seconde chance, en 2011. Romain Grosjean l'a saisie mais le constat est clair : la France a perdu son influence dans le paddock. Son rétablissement passe sûrement par un retour de Renault en tant qu'écurie avec une politique pilote claire. Et un Grand Prix à domicile.
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Panis, Hill, Morbidelli... l'improbable podium du Grand Prix d'Australie 1995.

Crédit: Imago

Et les sports collectifs ?

Dans les sports collectifs, la France traverse aussi parfois des périodes difficiles. Au printemps 1993, l'Olympique de Marseille remportait la Ligue des champions en football et le Limoges CSP son équivalent en basket. Depuis, plus rien. En basket, les clubs français peinent à exister sur la scène continentale, surtout en Euroligue. Mais cela ne signifie pas que le basket tricolore, lui, ne possède pas des joueurs de très haut niveau. Au contraire, il n'a jamais été aussi fort, à l'image de l'équipe de France, et les meilleurs Français évoluent aujourd'hui en NBA où certains, de Parker à Noah, de Batum à Diaw, jouent des rôles majeurs dans leurs clubs.
A un degré moindre, le même constat s'applique en foot, même si les clubs français, globalement, résistent mieux qu'en basket (Monaco finaliste de la C1 en 2004, le PSG régulier dans le Top 8 depuis trois saisons). Mais c'est avant tout via son équipe nationale que le football tricolore a existé depuis une vingtaine d'années, avec un titre mondial et une finale, plus un titre européen. Puis il y a le handball français, qui se porte à merveille. Il a connu à la fois des succès majeurs en clubs et domine son monde depuis deux décennies via son équipe nationale.
La France, au final, est la seule nation à figurer dans les huit meilleures du monde en football, basket, volley, handball et rugby, si l'on prend comme point de référence le dernier rendez-vous planétaire dans chacun de ces sports. Nous sommes loin, donc, de l'assèchement des forces bleues en F1 ou de la disette généralisée en termes de grandes victoires en cyclisme.
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