Durand : "Pour moi, Quintana est l'unique favori"

"Ce n'est pas le grand favori pour moi, même si c'est le tenant. C'était un peu la "surprise" l'an passé. Après, une fois les grands favoris au tapis, on savait qu'il était capable de tenir en haute montagne. Il a prouvé qu'il pouvait grimper avec les meilleurs. Son gros atout par rapport aux autres, c'est la première partie du Tour. Elle sera piégeuse et elle sera à son avantage. Les bordures ne lui posent pas de problèmes et les pavés, on a vu ce que ça avait donné l'an dernier. En plus, il a une grosse équipe autour de lui avec des hommes de bordure comme Lars Boom.

Je pense que Nibali espère qu'il y ait de la course en début de Tour, comme l'année dernière. Avec du mouvement, du vent, ce qui n'est pas évident vu le temps en ce début de mois de juillet. Mais s'il y a vraiment de la course, ce sera tout bon pour lui. Après, en haute montagne, même s'il est à deux ou trois minutes, il est capable de reprendre du temps un peu partout et surtout où on ne l'attend pas, en attaquant à 80 kilomètres de l'arrivée, comme sur le Dauphiné. C'est un coureur capable de prendre des risques. Il va courir pour gagner, pas pour faire deuxième ou troisième et c'est ce qui le rend dangereux. Il peut gagner ou finir 12e. Il ne jouera pas petit bras."

"Pour moi, c'est le grand favori. C'est même l'unique favori. On sait qu'il peut avoir des difficultés sur les premières étapes. Les pavés, ce n'est pas pour lui. Il a essayé de les apprivoiser en début d'année, mais ça n'a pas été vraiment concluant. La météo sèche et chaude va jouer en sa faveur. L'équipe Movistar est très forte, articulée autour de lui et elle sera forte dans le chrono par équipes, elle a beaucoup de rouleurs.

Je le vois donc limiter la casse dans la première partie de Tour. D'autant que le chrono inaugural est court, il perdra peut-être un peu de temps mais rien de significatif. Evidemment, je ne dirai pas la même chose si on avait 50 ou 60 bornes de chrono tout plat. Le parcours joue clairement en sa faveur. Ensuite, en haute montagne, il est le plus fort, c'est un des rares à pouvoir finir seul sur les arrivées au sommet. Sur la Route du Sud, il n'a pas forcé, mais il aura de la fraicheur. Pour moi, c'est son année. Et peut-être pour plusieurs années après..."

"Pour moi, c'est le seul dans le peloton qui est capable de faire le doublé Giro-Tour. Le seul. Beaucoup de spécialistes disent que ce n'est pas possible mais si quelqu'un doit le faire, c'est lui. Honnêtement, après 15 jours de Giro, je me suis dit 'il va gagner le Giro et le Tour'. Puis il a eu une dernière semaine de Tour d'Italie plus pénible. Des conditions climatiques difficiles, il a dû se battre jusqu'à 48 heures de l'arrivée et il a puisé un peu plus que prévu dans ses réserves.

Mais le Giro était quand même globalement moins montagneux que celui de 2011. Il arrive donc dans de meilleures conditions, et la Route du Sud a dû le rassurer sur sa fraicheur mentale. L'avantage, c'est qu'il va être rapidement dans le bain. Avec des gars comme Bennatti ou Tosatto, il pourra gérer la première semaine. Après, la question, c'est sa fraicheur sur la durée. Des coureurs comme Quintana ou Froome vont monter en puissance. Lui, ce sera peut-être l'inverse. C'est le risque en tout cas. Mais ça reste un des immenses favoris."

Il n'est pas à son niveau d'il y a deux ans. Ça, c'est une certitude. Il suffit de voir son début de saison par rapport à celui de 2013. Tout lui réussissait, il gagnait tout, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce n'est pas le cas cette année. Il a eu des petits pépins de santé. C'est aussi un des coureurs les plus maladroits du peloton. Par miracle, il n'était pas tombé quand il a gagné le Tour 2013, mais il est souvent au sol. A mon avis, il aura une grosse crainte au départ de l'étape des pavés. Le souvenir de celle d'Arenberg l'an dernier va le hanter. C'est vrai qu'il possède une belle équipe, sur le plat, le chrono par équipes ou en haute montagne. Mais ce n'est plus le Froome de 2013 et le début de Tour m'inquiète pour lui.

Le podium de Jacky Durand : "Pour moi, c'est 1. Quintana, 2. Contador et... 3. Van Garderen. Mais attention, je suis un mauvais pronostiqueur !"