Good Morning le Tour : Quintana peut-il gagner au Mur de Huy ?

L.V. : Un peu des deux. Mark Renshaw l'a sans doute libéré un peu tôt dans le sprint. Cavendish n'a pas tenu la distance. Il lui a manqué 100 mètres. Mais il y a trois ou quatre ans, dans les mêmes circonstances, je suis à peu près sûr que personne n'aurait revu le Cav'. Il n'est plus "injouable" sur 300 mètres comme il le fut. Renshaw a peut-être cru qu'il avait le Cavendish 2011 dans sa roue.

L.V. : Heureusement et évidemment que non. Ils ont perdu une minute trente, pas un quart d'heure. La roue peut tourner. Et très vite.

L.V. : Il ne suffit pas d'avoir conscience d'un danger pour s'en prémunir de façon automatique. C'est une condition indispensable mais malheureusement pas forcément suffisante. Il y a 198 coureurs et 21 équipes qui cherchent à être devant. Et l'être ne suffit pas forcément. Prenez Romain Bardet. Il était autour de la 10e position du peloton quand il a chuté. Après, difficile de revenir. A-t-il mal couru pour autant ? Il y a aussi une part de réussite, tout se joue à une seconde, à 10 mètres.

L.V. : Je ne crois pas. Ils ont couru magnifiquement jusqu'à 400 mètres de l'arrivée. Je pense qu'ils avaient surtout la victoire en tête. Avec Cancellara qui trainait dans le coin, c'était tout ou rien : si Cavendish gagnait, ils avaient le bouquet plus le maillot. Là, ils perdent effectivement l'un et l'autre, mais c'est plus dû à une mauvaise gestion du sprint par Renshaw et Cavendish qu'à une mauvaise approche globale. Encore une fois, jusqu'à cet instant, ils avaient été remarquables.

L.V. : Si l'on s'en tient à ses résultats lors de ses deux participations à la Flèche Wallonne, je serais tenté de répondre non. Il y était resté totalement anonyme. Mais le contexte sera différent. Sur le Mur de Huy, deux éléments entrent en ligne de compte : le côté abrupt de la pente (19% au maximum) et sa brièveté. Il faut savoir maitriser ces deux paramètres. L'aspect extrême de la déclivité ne pose à mon avis pas de souci à Nairo Quintana. Je ne suis en revanche pas certain qu'il puisse s'exprimer au mieux sur 1300 mètres. Le Mur de Huy est affaire de purs puncheurs, plus que de grimpeurs. Ceux-ci ont souvent besoin de davantage de distance pour s'exprimer. Quintana a-t-il assez d'explosivité pour y briller ? Pas sûr. Sans doute pas pour y gagner, en tout cas.