TOUR 2015 - Pour Froome, il n'y a "aucune raison pour avoir le même niveau de suspicion qu'avant"

Le week-end s'est mieux fini qu'il n'avait commencé pour Chris Froome. Pas sportivement parlant. Sur ce plan, tout va bien pour lui, et de Mende à Valence, il n'a connu ni problème ni frayeur. Mais au lendemain de l'épisode de l'urine, jeté par un spectateur sur son maillot jaune, le Britannique a passé une journée calme et, de son point de vue, satisfaisante. Les spectateurs, cette fois, ont été gentils avec lui. Peut-être ont-ils entendu les complaintes du team Sky et de son leader, ainsi que l'appel au calme du patron de la course, Christian Prudhomme.

"Aujourd'hui, l'atmosphère était très bonne sur le parcours, a souligné Froome à l'arrivée de cette 15e étape. Je voudrais remercier les spectateurs de leurs encouragements." Dimanche midi, à Mende, la sécurité avait tout de même été renforcée autour du maillot jaune par rapport aux jours précédents. "C'est un peu bizarre de voir la police présente au moment de l'échauffement mais c'est comme ça", a soupiré le Kenyan blanc, fataliste. "Ce n'est pas à moi de dire quel type de sécurité est nécessaire sur le Tour, a-t-il ajouté. On veut juste une course sans problème pour les coureurs. Dans tous les événements sportifs, on voit une forte présence policière quand les fans deviennent excités."

"Nous n'avons rien demandé au niveau d'une escorte spéciale pour les derniers jours du Tour", a toutefois précisé Nicolas Portal, le directeur sportif de Sky. J'imagine qu'ASO a dû avoir des retours de coureurs, pas forcément de notre équipe, sur certains incidents. Il y a peut-être une prise de conscience, c'est bien." Sans vouloir en rajouter dans le côté psychose, Portal a admis qu'une certaine "inquiétude" régnait parmi ses coureurs, entre l'épisode du coup porté à Richie Porte dans la Pierre-Saint Martin le 14 juillet et  le désormais fameux verre d'urine jeté sur Froome.

Mais si sur ce front, la Sky a joué l'apaisement, elle n'en continue pas moins de se retrouver sous le feu de la suspicion qui colle au cuissard du maillot jaune. Pendant que le patron Dave Brailsford, sur le plateau de Stade 2, martelait une fois de plus que personne n'avait rien à se reprocher chez Sky, Chris Froome a affiché une certaine lassitude dans ce débat. Lui qui répétait à l'envi "comprendre les doutes des gens", a affirmé dimanche soir que le cyclisme avait bel et bien changé d'époque. "Les temps ont changé, assure Froome. On n'est plus dans le Far West qui était l'environnement du cyclisme il y a dix, quinze ans. Il n'y a aucune raison d’avoir le même niveau de suspicion qu'avant".

Mis devant les données de son poulain lors de sa victoire à la Pierre-Saint-Martin, Brailsford a quant à lui balayé l'analyse de Pierre Sallet, spécialiste en la matière, selon laquelle Froome aurait développé plus de 7 watts par kilo mardi dans l'ascension finale. "Il faut faire attention, c'est un modèle mathématique, une estimation, puisqu'il n'a pas nos chiffres, a réagi Brailsford, toujours aussi calme, sur France 2. En 2013, on était dans la même situation. On a fourni toutes nos données à l'agence antidopage britannique". Toujours avec le sourire, gentiment mais fermement, le tandem Froome-Brailsford balaie les doutes. Sur la route comme devant les micros, on ne prend pas facilement les hommes forts de Sky en défaut...