TOUR DE FRANCE 2015 - Bien protégé, pas vraiment menacé, Froome peut dormir tranquille

Mea culpa. Chris Froome n'a pas matraqué la concurrence jeudi au Plateau de Beille. Le terrain s'y prêtait. La météo, sans doute moins. Sous les hallebardes ariégeoises, le maillot jaune s'est donc tenu à sa stratégie défensive. Avec l'aide de ses deux plus fidèles lieutenants, Richie Porte et Geraint Thomas, il s'est contenté de maîtriser les offensives assez inoffensives de ses principaux rivaux. Et s'il a mis une petite mine à son tour, Froome a vite calmé le jeu. Plutôt que d'accroitre sa marge de manoeuvre sur Quintana et Cie, le patron a joué les gestionnaires de fortune.

On peut voir dans cette attitude relativement conservatrice la conscience et la certitude de sa propre supériorité. Soit parce qu'il se sent très fort, soit parce qu'il perçoit que ses adversaires ne sont pas exceptionnels, soit… pour les deux raisons, Froome se satisfait parfaitement de cet avantage de trois minutes sur Van Garderen et Quintana et quatre sur Valverde et Contador. En soi, à mi-course et après trois journées et huit cols dans les Pyrénées, ce n'est pas extravagant. Mais Froome doit se dire "de toute façon, qui peut sérieusement me prendre 3 ou 4 minutes à la pédale ?"

Personne, probablement. Van Garderen, même s'il reste son dauphin, apparait trop content d'être là pour chercher autre chose. Contador tire vraiment la langue. Valverde a beau reprendre une seconde par sprint dans les arrivées au sommet, il  a encore du chemin. Reste encore et toujours Quintana. Je continue de penser qu'il est le seul, éventuellement, très éventuellement, à pouvoir poser un semblant de problème au Britannique dans les Alpes. Si quelqu'un peut nous sauver de l'ennui, c'est lui. Mais les deux dernières journées n'incitent pas à l'optimisme.

Le retour de Pinot avec les meilleurs. Cela fait plaisir à voir, même si c'est trop tard pour sauver ses desseins au classement général, où Thibaut pointe à la 24e place. Mais c'est au moins prometteur pour la seconde moitié du Tour. On lui souhaite d'aller en claquer une belle dans les Alpes. Le bon de sortie, il l'aura. Restent les jambes...

L'attitude de Bardet. A la dérive et malade mercredi, il a eu du cran pour se glisser dans l'échappée jeudi. Et s'il a manqué de caisse dans le Plateau de Beille pour suivre Rodriguez, sa troisième place est à saluer.

L'absence de tranchant des adversaires de Froome. Une absence de capacité, pas de volonté. Ils ont essayé. Contador en a mis une, Nibali aussi. Puis Valverde. Puis Quintana. Mais chacune de ces accélérations est vite apparue vaine. Parce que Sky verrouille, avec Porte et Thomas, les deux cerbères du maillot jaune. Peut-être, aussi, parce que Contador n'a plus ses jambes de 2009-2010 et Quintana pas encore celles de 2013-2014.

C'était quoi ce temps ?

Verra-t-on une attaque de Van Garderen d'ici les Champs-Elysées ?

Purito Rodriguez ne serait-il pas le nouveau favori dans la course au maillot à pois ? Il n'a plus que 9 points de retard sur Froome...

3. Le nombre de coureurs français dans le Top 5 du classement du meilleur jeune. Barguil est 2e, Bardet 3e, Pinot 5e. Mais Quintana peut dormir tranquille, il compte 6'34" d'avance sur Barguil à la sortie des Pyrénées.

72. En secondes, l'écart entre Tejay Van Garderen, 2e du classement général, et Alberto Contador, 6e. Elle va être chouette, la bagarre pour le podium derrière Froome.

19. En minutes, l'écart entre le 16e du général, Pierre Rolland, et le... 22e, Dan Martin. C'est ce qu'on appelle un grand écart.