TOUR DE FRANCE 2015 - Froome : "Mes adversaires ? Je ne voudrais pas être à leur place"

Pour Chris Froome, tout roule. Une victoire d'étape dès l'arrivée en montagne, un maillot jaune conforté, des rivaux à la peine voire à la dérive, une équipe solide… n'en jetez plus, c'est champagne à tous les étages. Le premier col du tracé 2015 aura suffi au Britannique pour martyriser la concurrence et prendre, déjà, une sérieuse option sur la victoire finale. Et, sans langue de bois, Froomey dresse l'étendue des dégâts : "Mes adversaires ? Je ne voudrais pas être à leur place aujourd'hui, alors qu'on n'a grimpé qu'un seul col." Nous non plus.

Le pire, c'est que le vainqueur 2013 n'avait pas forcément prévu de dynamiter la course ainsi. C'est la faiblesse manifeste de ses adversaires qui a incité le leader de l'équipe Sky à prendre l'initiative à un peu plus de 6 kilomètres de l'arrivée. "Pendant la journée de repos, on avait pensé à la stratégie. On ne voulait pas nécessairement passer à l'offensive, a-t-il expliqué. Je pensais que Quintana serait fort aujourd'hui, je m'attendais à une attaque de sa part. Mais, comme il ne l'a pas fait, j'ai pris l'initiative."

D'autant que, si Quintana l'accompagnait encore, les autres, eux, étaient déjà dispersés sur les différents lacets de La Pierre-Saint-Martin. "Dans la montée d'arrivée, poursuit-il, j'ai entendu qu'il y avait des coureurs importants lâchés. J'ai dit à Richie Porte et Geraint Thomas 'allons-y, ils sont en difficulté, ils doivent payer la journée de repos'. J'ai lancé mon attaque sur la partie la plus raide avant un replat." Personne ne l'a revu.

En mode 2013, la fusée Froome a filé vers la victoire et, en prime, son propre coéquipier, Richie Porte, est venu prendre la deuxième place au nez et à la barbe de Nairo Quintana. "Richie, en étant deuxième, retire la bonification à Quintana et Geraint n'est pas loin, ça veut dire beaucoup, a souligné le maillot jaune, rendant hommage à son équipe. C'était le scénario rêvé. Je ne pouvais pas espérer mieux aujourd'hui." Difficile, effectivement, de faire la fine bouche au vu des écarts creusés sur une concurrence en débandade.

Alors que nous arrivons à peine à mi-Tour, Froome reste quand même prudent. C'est de bonne guerre et, accessoirement, c’est logique. Il sait que le chemin est encore long. Mais s'il peut encore perdre le Tour, il ne voit plus ses adversaires le gagner. C'est ce qui pointe dans ses propos : malchance ou manque de vigilance, il peut encore connaitre des écueils mais, à la régulière, il n'envisage déjà plus d'être dominé : "La course est loin d'être finie. Un incident mécanique, une crevaison à un mauvais moment, peuvent avoir de lourdes conséquences. Il faudra aussi faire attention aux échappées partant de loin."

En la matière, il redoute particulièrement Alberto Contador. Et encore, il s'inquiète presque plus pour son équipe que pour lui. "Je me souviens de 2013 quand j'ai été en difficulté dans la deuxième étape des Pyrénées, rappelle-t-il. Contador avait profité de toutes les ouvertures pour attaquer, dans les bordures, en descente. On peut s'attendre à ce que ça recommence. On sera sur nos gardes. L'équipe a montré sa force dans le contre-la-montre, ça donne des raisons d'espérer que l'on ne fasse pas les mêmes erreurs qu'en 2013." Il dit aussi savoir que "Quintana peut être très fort en troisième semaine". Lui l'est déjà au début de la deuxième... Non, vraiment, nous non plus, on ne voudrait pas être à la place de ses adversaires...