TOUR DES FRANCE 2015 - Quintana, la dernière arme anti-Froome ?

Il fut son dauphin sur le podium à Paris il y a deux ans. Nairo Quintana ne l'est pas encore dans cette édition 2015. Entre Chris Froome, à nouveau maillot jaune, et lui, subsiste Tejay Van Garderen. Mais si l'Américain signe un Tour irréprochable jusqu'ici, on a beaucoup, beaucoup de mal à l'imaginer en menace potentielle pour le leader de la Sky. Comme Vincenzo Nibali est déjà trop loin et Alberto Contador déjà trop fatigué, on ne voit guère que le grimpeur colombien pour, éventuellement, mettre à mal la suprématie "froomienne". Mais le pourra-t-il ?

A la Pierre-Saint-Martin, mardi, Nairo Quintana n'a pas été en mesure de suivre Chris Froome lors de l'attaque du Britannique. Mais il était le seul, parmi ses adversaires, à être à son contact au moment de son offensive d'envergure. Il est aussi celui qui a le plus limité la casse. Une minute environ. Ce soir-là, à l'arrivée, "Kingtana" a accusé le coup. Mais entre fatalisme et méhode Coué, il voulait continuer à y croire. "Nous sommes tombés sur la supériorité de Froome, il faut savoir le reconnaitre, avait-il soufflé. Mais je rêve toujours du maillot jaune. Il peut toujours se passer quelque chose, et il y a des jours où je serai peut-être mieux inspiré."

Dans les deux étapes suivantes des Pyrénées, il n'a rien perdu ni gagné sur Froome, et c'est donc avec ces 3 minutes et 9 secondes de handicap qu'il s'apprête à aborder le dernier tiers de ce Tour 2015. Toujours avec cette même auto-persuasion. "Froome a déjà gagné un Tour, on sait à quel point il est fort, mais c'est un être humain, lui aussi aura ses mauvais jours", tente-t-il de se convaincre. Dans le cas contraire, il faudra que Quintana, lui, hausse sérieusement le ton. L'unique attaque portée par le grimpeur sud-américain, au Plateau de Beille, a fait pschitt. Il en faudra beaucoup plus s'il veut déboulonner Froome.

Heureusement pour lui, le programme alpestre est gratiné : 15 cols (HC, 1re ou 2e catégorie) et trois arrivées au sommet. Or c'est sur ce terrain que Quintana avait gentiment secoué Froome en 2013. Sans jamais le menacer directement tant il partait de loin (il pointait quasiment à 6 minutes à l'entame de la dernière semaine, soit presque deux fois son retard actuel), mais il avait fini plus fort que le Britannique, lui reprenant 1'06" à l'Alpe d'Huez, puis 29 secondes supplémentaires lors de sa victoire d'étape au Semnoz. Même Froome avait alors souffert face aux démarrages tranchants du maillot blanc.

C'est dans ce double souvenir que réside son espoir. "Il y a deux ans, j'étais très bien dans les Alpes, nous verrons si je peux recommencer, comment suit mon corps et si je suis en position d'attaquer", avance-t-il prudemment. Mais pas question d'abdiquer. "Il reste encore beaucoup, beaucoup  de montagne. Ma condition est bonne, je me sens bien, j'ai confiance. Et aussi longtemps que je le pourrais, j'attaquerai", promet-il.

Pourquoi pas dès samedi à Mende ? Vendredi soir, il a balayé cette hypothèse. "Samedi,  je ne crois pas que je pourrai récupérer beaucoup de temps, nous allons plutôt attendre la haute montagne", assure-t-il. Chris Froome, lui, voit pourtant dans cette arrivée courte mais sélective (3km à 10% de moyenne) un vrai rendez-vous. "Vu la difficulté de la dernière ascension, clairement, les favoris vont essayer de se prendre du temps", juge le maillot jaune. Quintana, lui, pourrait donc attendre encore un peu plus son heure. Dans son intérêt, et plus encore celui de ce Tour, mieux vaudrait qu'elle finisse par venir...