Un œil sur le Tour : Mais qu'attendait donc Quintana ?

Gagner le Tour de France n'est pas donné à tout le monde. Quiconque a eu la chance, le talent et la force d'y parvenir, vous le dira : un triomphe sur les Champs vous propulse dans une autre dimension. Quand on en a l'opportunité, même de loin, on se doit de la saisir, ou au minimum tenter de l'attraper. Parce qu'on n'est jamais sûr que le train repassera. Nairo Quintana n'a jamais gagné la Grande Boucle. Vendredi, le Colombien a essayé de secouer le cocotier. Mais, à vrai dire, tout le monde ou presque s'attendait à cette attaque amorcée à 5,1 kilomètres du terme. La terre entière l'avait vue venir. D'autant que Quintana avait annoncé la couleur ce matin, micro sous le nez. "J'ai de bonnes sensations. Dans la dernière ascension, on va essayer…" Chose promise, chose due.

Bon, Chris Froome n'avait sans doute pas entendu Quintana dévoiler sa "stratégie"  vendredi matin. Mais il n'a pas dû être trop étonné, même s'il a laissé filer 32 secondes dans la bataille. Ce soir, Nairo Quintana peut avoir des regrets, d'autant que s'il avait tenté sa chance un peu plus tôt dans la montée vers la Toussuire, il aurait également pu chatouiller les mollets de Vincenzo Nibali qui, lui, l'a jouée à l'ancienne. Parti de loin, arrivé à tout : l'Italien est l'exemple à suivre pour le grimpeur porteur du maillot blanc.

Samedi, sur les 110,5 kilomètres qui mèneront le peloton de Modane Valfréjus à l'Alpe d'Huez, Nairo Quintana ne devra pas démarrer à cinq bornes du terme du dernier col du Tour de France. Non, le Colombien doit y aller dès le pied de l'Alpe. Voire, soyons fous, dans la Croix-de-Fer. La route et le profil de cette avant-dernière étape s'y prêtent. Que ce samedi ait au moins le goût de l'épopée. Pour Quintana, entrer dans l'histoire est à ce prix. Ni plus. Ni moins.

L'orgueil et le panache de Nibali. La défense de son titre ne s'est pas déroulée comme l'Italien l'aurait aimé. Mais l'Italien n'a jamais baissé les bras et, au panache, s'est offert la 19e étape du Tour de France en solitaire. Cerise sur le gâteau, le Requin de Messine s'est remis dans les roues d'Alejandro Valverde dans la course à la troisième place. Ce soir, Nibali doit avoir un seul regret : que le Tour de France ne dure pas quatre semaines.

Pinot et Bardet avec les gros bras. Cette 19e étape s'est résumée en une explication entre costauds. Nibali a gagné devant Quintana et Froome. Et derrière ? Eh bien, Thibaut Pinot (FDJ) et Romain Bardet (AG2R - La Mondiale) ont pris les 4e et 5e places à la Toussuire. Si aucun Bleu ne sera sur l'une des trois premières places du podium, dimanche sur les Champs-Elysées, Bardet (9e), Rolland (10e) ou encore Barguil (14e) et Pinot (16e) n'auront pas donné leur part au chien. Et, hormis Rolland, tout ce petit moins est âgé de 25 ans ou moins.

La honte sur le bord de la route. Vous êtes sur le bord des routes du Tour de France ? Vous n'aimez pas Christopher Froome ? Vous avez le droit de le faire savoir. Mais de pas de lui cracher dessus ou de lui réserver une bordée de bras d'honneur. Ces gestes, ridicules et avilissants pour leurs auteurs (qui n'en ont certainement rien à faire), sont à marquer du sceau du déshonneur. Et de la bassesse.

Froome qui s'emporte. Vincenzo Nibali a attaqué au moment où Chris Froome connaissait un pépin avec sa roue arrière. L'Anglais n'a pas aimé et est allé le faire savoir à l'Italien qui jure ses grands dieux ne pas avoir vu que le maillot jaune était à l'arrêt. Soit le vainqueur du dernier Tour de France dit vrai et il n'a rien à se reprocher, soit il ment et… a bien profité d'un incident pour accélérer. Quoi qu'il en soit, ça fait partie de la course. Et, franchement, Froome devrait garder de l'influx. Il a plus important à défendre.

Nibali est chaud : peut-il monter sur le podium dimanche ? Valverde compte 1'19'' d'avance sur le Requin de Messine avant les deux "Hors Catégorie" de samedi.

Thibaut Pinot dans le Top 15 du Tour de France ? Le Français, 16e, a autant de chance d’y parvenir que de dégringoler à la 17e place. Geraint Thomas a un peu plus de 13 minutes d'avance sur lui. Et Roman Kreuziger pointe à 17 minutes derrière.

Samedi soir, Nairo Quintana regrettera-t-il l'étape de Zélande et le coup de bordure qui lui avait fait perdre 1'28" ?

3. C'est le nombre de points qui séparent Romain Bardet et Christopher Froome au classement de la montagne. Si le Français veut rapporter le maillot à pois à Paris, il a intérêt à faire le job dans la Croix-de-Fer.

44'30". C'est, selon ChronoWatts, le temps qu'a mis Nairo Quintana pour grimper à la Toussuire. Un record. Froome, lui, a mis 45'00". Comme en 2012. A la seconde près.

2'38". C'est l'écart qui sépare désormais Froome et Quintana. En 2013, à l'Alpe d'Huez, le Colombien avait dominé l'Anglais en lui reprenant 1'06". Il faudra faire encore plus fort.