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4 questions pour un Tour

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 03/07/2015 à 20:16 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2015 - François-Xavier Rallet, Laurent Vergne et Benoît Vittek livrent leurs impressions avant le départ d'Utrecht, samedi. En quatre questions, gros plan sur les grands enjeux de cette 102e Grande Boucle.

La carte du Tour 2015.

Crédit: AFP

1/ Qui est le vrai favori de ce Tour 2015 ?

François-Xavier Rallet : Alberto Contador apparaît comme le mieux placé pour succéder à Vincenzo Nibali. Même si la Tinkoff-Saxo me semble un ton en-dessous du Team Sky de Chris Froome, le Madrilène peut se prévaloir de l’homogénéité de son équipe. Une escouade polyvalente dévouée à sa cause, et tant pis pour Peter Sagan ! A 32 ans et avec un Giro dans les jambes, l’Espagnol devra néanmoins se montrer plus calculateur et plus rusé qu’à l’accoutumée. Il aura besoin de garder de la fraîcheur en vue d’une troisième redoutable semaine s’il souhaite s’offrir une troisième Grande Boucle.
Laurent Vergne : Je l'avoue, j'ai beaucoup de mal à sortir un nom. Pour moi, ce Tour 2015 débute avec, sur le papier, quatre coureurs au-dessus de la mêlée : Nibali, Quintana, Contador et Froome. Sauf hécatombe, je serai extrêmement surpris que le maillot jaune à Paris ne figure pas parmi ces quatre hommes. Mais en sortir un du lot… Chacun a ses atouts mais aussi ses faiblesses. Je trouve qu'on continue de sous-estimer Nibali. Oui, il a bénéficié d'éléments favorables en 2014, mais ce gars a quand même gagné les trois grands Tours. C'est peut-être l'occasion pour lui de mettre définitivement tout le monde d'accord.
Benoît Vittek : Comme Contador, c’est à l’aune du Tour 2013 que j’établis un rapport de forces favorable à Chris Froome. Le Britannique s’y était montré nettement supérieur à ses rivaux en montagne et, à moins que Contador ait retrouvé ses jambes de 2009 ou que Quintana ait sérieusement progressé, je ne vois personne d’autre capable d’atteindre ce niveau de performance. Alberto Contador l’a battu sur la dernière Vuelta, mais il sort du Giro et Froome n’était pas à son meilleur. Un joker : Vincenzo Nibali, dont la science de la course peut renverser le Britannique sur un parcours très piégeur.
Selon vous, qui remportera le Tour 2015 ?

2/ En dehors du "Big Four", qui peut créer la surprise ?

François-Xavier Rallet : Thibaut Pinot va dynamiter l’épreuve. Comme il a pu le faire sur les Tours de Suisse et de Romandie. Fort de son énorme potentiel en montagne, le Franc-Comtois a dû se frotter les mains, en octobre dernier, en découvrant le parcours de cette 102e édition. Impétueux, en nets progrès sur l’effort solitaire et tactiquement de plus en plus fort, Pinot sait néanmoins qu’il devra éviter les écueils de la première semaine et limiter la casse sur le chrono par équipes s’il veut rester en course pour le podium au soir de la 9e étape. Mais à ce jeu-là, la FDJ.fr a montré qu’elle s’était améliorée, notamment sur le Giro ou en Romandie.
Laurent Vergne : Comme l'an dernier, la course dictera peut-être un scénario différent de celui attendu. Mais hors chutes, blessures ou maladies, j'ai du mal à voir quelqu'un s'immiscer au niveau des quatre hommes forts pré-cités. Sur le papier, il y a clairement quatre coureurs au-dessus. S'il fallait en choisir un, j'opterais pour… Romain Bardet. Pas parce que je le crois plus fort que Van Garderen ou Pinot, je le placerais même plutôt un cran en-dessous, mais je pense qu'il aura un tout petit peu plus de latitude qu'eux et la quasi absence de chrono individuel est une meilleure nouvelle encore pour lui que pour Pinot.
Benoît Vittek : Personne. Tejay van Garderen veut y croire. La France veut croire en Thibaut Pinot. Ce sont, en dehors des 4 fantastiques, les deux coureurs qui affichent les plus solides références, aussi bien au niveau de leurs performances passées sur les Grands Tours que de leurs accomplissements de la saison. Je donne même un petit avantage à Thibaut Pinot, monté sur le podium il y a un an. Mais ni le Français ni l’Américain ne peuvent prétendre évoluer dans les mêmes sphères que les quatre grands favoris, qui ont tous déjà remporté un Grand Tour.
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Etape 20 : Thibaut Pinot prêt à en découdre, Tour de France 2014

Crédit: AFP

3/ Reverra-t-on un Français sur le podium cette année ?

François-Xavier Rallet : Pinot, Bardet,  Péraud et Rolland semblent les mieux armés pour le général. Un top 10 voire un top 5 paraît jouable pour chacun d’entre eux. Mais si les "Quatre Fantastiques" évoluent à leur niveau, il est peu probable d’en voir un faire mieux. Le plateau 2015 est encore plus impressionnant que celui de l’an dernier. Mais, avant les abandons successifs de Froome et de Contador, qui aurait pu prédire la présence de deux Français sur le podium du Tour 2014 ? Personne n’est à l’abri de circonstances malheureuses. Mais il en faudra une multitude pour espérer voir un Tricolore sur le podium final à Paris.
Laurent Vergne : 2014 a été un cru exceptionnel en la matière, avec deux Français sur la boite pour la première fois en 30 ans. Mais sans rien enlever au mérite de Péraud et Pinot, cela a été rendu possible par des circonstances elles aussi exceptionnelles. Sans les abandons et Contador et Froome, aurait-on vu un seul Français sur le podium à Paris ? A la régulière, je pense que la 5e place est un objectif raisonnable pour les meilleurs Tricolores. Par exemple, on aurait tort d'interpréter une 5e place de Pinot derrière (dans le désordre) le quatuor Froome-Nibali-Contador-Quintana comme un coup d'arrêt.
Benoît Vittek : J’ai envie d’y croire. Trois Français sur le podium en deux ans, c’est gourmand, après 17 ans de disette, mais les performances de Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot l’an dernier ont de quoi inspirer. Le jeune leader de la FDJ ne part pas favori. A priori, ils sont quatre devant lui. À Pinot de montrer qu’il a parfaitement préparé son affaire et qu’il peut à nouveau se jouer des faits de course pour se faire une place sur le podium. C’est beaucoup moins envisageable pour le vétéran d’AG2R, appelé à laisser la place aux plus jeunes générations. Romain Bardet et Warren Barguil en rêvent sûrement. Le top 10 semble un objectif plus raisonnable.
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Romain Bardet

Crédit: AFP

4/ Quelles sont les trois étapes que vous attendez le plus ?

François-Xavier Rallet
Etape 4 (Seraing - Cambrai) - La 4e étape, la plus longue de cette édition (223,5km), s’apparente à un mini-Tour des Flandres. Certains favoris pourraient y laisser des plumes. Sept secteurs pavés (sur 13,3km), dont Saint-Python, sont au menu. Le vent - de côté puis de dos - tiendra un rôle important. Attention aux cassures.
Etape 19 (St-Jean-de-Maurienne – La Toussuire) - Le 19e opus est compact et très court (138 km). Quatre cols seront à escalader et le plat sera rare. Si les favoris devraient rester sages dans le col hors-catégorie mais régulier de la Croix de Fer, ça devrait bouger dans la montée vers la Toussuire.
Etape 20 (Modane-Valfréjus – L’Alpe-d’Huez) - Même si le mythique Galibier a disparu du programme pour laisser sa place au col de la Croix de Fer (monté par un autre versant que la veille), cette 20e étape devrait valoir le coup de d’œil. L’Alpe-d’Huez à la veille de l’arrivée, c’est une première. Et s’il y a encore du suspense au général…
Laurent Vergne
Etape 3 ( Anvers - Huy) - Je n'y attends pas de gros écarts, et ça ne changera pas la face du Tour 2015. Peu importe. Une arrivée en haut d'un Mur de Huy noir de monde dès le troisième jour, c'est excitant. Et c'est une vraie bonne idée, une de plus de la part de Christian Prudhomme et son équipe.
Etape 9 (Vannes - Plumelec) - J'ai toujours aimé l'exercice du chrono par équipes auquel je trouve un côté majestueux. Mais cette année, vu sa situation tardive dans la course (9e jour) et son profil escarpé avec la côte de Cadoudal pour finir, il peut constituer un moment stratégique de cette édition 2015.
Etape 18 (Gap - St-Jean-de-Maurienne) - Pour deux raisons. D'abord parce que le Glandon est à mon avis le géant le plus injustement sous-estimé des Alpes. Et surtout pour les lacets de Montvernier, véritable joyau visuel. Au-delà de l'aspect sportif, leur escalade sera un des moments forts du Tour.
Benoît Vittek
Étape 2 (Utrecht - Zélande) - En plus des pavés du Nord, sommet attendu de la première semaine, les organisateurs exposent le peloton aux vents néerlandais. Images spectaculaires et grosse bagarre à prévoir. Les favoris peuvent y perdre beaucoup plus que sur le mur de Huy, le lendemain.
Étape 12 (Lannemezan - Plateau de Beille) - Sur le papier, une vraie belle et grande étape de montagne, marquée par deux ascensions de première catégorie avant l’arrivée au Plateau de Beille. Après trois jours dans les Pyrénées, ça va craquer.
Étape 18 (Gap - St-Jean-de-Maurienne) - Après 3 semaines de course, la hiérarchie devrait être établie. Il sera peut-être plus facile de la bousculer sur les très spectaculaires Lacets de Montvernier, après 170 kilomètres casse-pattes, que lors d’une arrivée au sommet.
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Le Plateau de Beille

Crédit: Panoramic

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