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Revenu de nulle part, Alexis Vuillermoz peut encore monter très haut

Julien Chesnais

Mis à jour 11/07/2015 à 21:26 GMT+2

TOUR DE FRANCE 2015 - En 2014, Alexis Vuillermoz manquait de quitter le peloton, qu'il venait discrètement d'intégrer. En 2015, il triomphe sur le Tour de France et peut nourrir des ambitions élevées sur les classiques.

Alexis Vuillermoz, vainqueur à Mûr-de-Bretagne de la 8e étape du Tour de France 2015

Crédit: Panoramic

Il est du genre modeste. À se faire tout petit devant la concurrence et le cercle des plus grands qu'il ne côtoie que depuis très récemment. Mais c'est en train de changer. Lundi, cette retenue avait joué des tours à Alexis Vuillermoz (AG2R La Mondiale). Sa troisième place au sommet du Mur de Huy – où il s'était déjà distingué en prenant la 6e place de la Flèche Wallonne au printemps – derrière Rodriguez (Katusha) et Chris Froome (Sky), il aurait pu s'en satisfaire. Rivaliser avec les meilleurs, sur le Tour, c'était déjà beau. Mais non. "Il avait quelques regrets de n'avoir pas essayé de suivre Rodriguez" affirme Vincent Lavenu, le manager de la formation chambérienne. Cette 3e étape a laissé Vuillermoz sur sa faim. Et a aiguisé son appétit pour la suite.
Sa chance, il ne l'a pas laissée passer à Mûr-de-Bretagne, deuxième rendez-vous du Tour qu'il avait coché après le Mur de Huy. "Aujourd'hui, j'avais vraiment envie de tenter. Pas de chercher un résultat. Mais la gagne. Rien d'autre." Alors, ce samedi, il a été le premier à attaquer à 1,5 kilomètres de la ligne, au plus fort de la pente de la montée finale. Repris, il a remis ça aux 800 mètres alors que Froome venait d'en placer une. Personne ne pourra le rejoindre.

À l'école du VTT, comme Péraud, Evans et Sagan

"J'étais persuadé que ça allait revenir derrière, racontait-t-il après l'arrivée. Mais j'ai serré les dents, fermé les yeux pour pédaler à fond jusqu'à la ligne. Après l'arrivée, j'ai eu un moment de chaos. Je me suis effondré. J'étais ailleurs. Je commence à me rendre compte que je l'ai fait. J'ai remporté une étape du Tour de France. C'est énorme." Et c'est bien évidemment le plus beau succès de sa carrière, après deux premiers bouquets sur le Tour du Gévaudan et le GP de Plumelec.
Le parcours du Franc-Comtois de 27 ans n'est pas traditionnel. Mais il suit une tendance récente. Comme Péraud, Hesjedal, Sagan ou Evans, le natif de Saint-Claude a été formé au VTT. Une discipline qui n'y est pas pour rien dans ses qualités de puncher. En 2009, il devient champion du monde espoirs de cross-country. Licencié au CC Étupes, comme l'ont été Barguil et Pinot, il ne consacre que "trois courses par an" à la route. Ce n'est qu'en 2013 qu'il décide de rester sur le bitume : il signe un contrat pro avec Sojasun, structure avec qui il découvre le Tour de France (46e).
Tout est allé très vite. D'où surement sa modestie transpirante. Il est encore en phase d'apprentissage.
Je reste humble par rapport à mon bref passé sur route, c'est tout. Je manque de repères, mais j'apprends et je m'inspire de mes leaders (Bardet, Péraud). Ce sont d'excellents coureurs aux côtés de qui j'apprends. Mais je n'hésite pas à prendre ma chance et à prendre des risques. Je donne peut-être l'impression d'être peu ambitieux. Mais non, simplement, je reste prudent.

Un lieutenant de luxe pour Péraud et Bardet dans la montagne

L'histoire aurait pu s'arrêter pour lui dès fin 2013. Sojasun met la clé sous la porte. Vuillermoz n'a plus de contrat pro. Titulaire d'un Master banque et assurance, il pense à sa reconversion. Des contacts sont noués avec AG2R, mais Vincent Lavenu a bouclé son budget. Son sauveur se nomme alors Daniel Germond, un mécène jurassien passionné de vélo, qui prend en charge son salaire. Vuillermoz n'a ainsi pas manqué de le remercier ce vendredi même si, sa victoire, il la dédie avant tout à son père, décédé il y a trois ans : "J'espère qu'il est fier de moi. C'était un vrai passionné. J'aurais tellement voulu qu'il vive ce moment."
Si Vuillermoz s'est révélé auprès du grand public, son statut ne devrait changer pas au sein d'AG2R La Mondiale. Du moins sur ce Tour. Dans les Pyrénées, il restera au service de Romain Bardet (20e à 3'15'') et Jean-Christophe Péraud (18e à 2'07'') dont les ambitions au général restent intactes. "J'espère être à mon meilleur niveau pour les accompagner le plus longtemps." Vu sa forme actuelle, on pressent qu'il risque de réussir sa mission. Voire un peu plus que ça. Pour l'instant, le petit gabarit d'1,74m pour 60kg est encore au contact (26e à 5'26''). Sur le Giro 2014, il était parvenu à se classer 11e du général tout en restant au service de Domenico Pozzovivo (5e). Depuis, le Français a beaucoup appris. Il apprend toujours. Et c'est ce qui fait toutes les promesses de Vuillermoz.
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Vuillermoz, vainqueur de la 8e étape

Crédit: AFP

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