Arthur Vichot se doit une revanche

Il est de ces coureurs dont le style en fait souvent un des chouchous du public. Ces coureurs audacieux, offensifs, capables de coups prodigieux de loin. Une longue tradition française dont les derniers ambassadeurs se nomment Thomas Voeckler ou Sylvain Chavanel, qui disputent peut-être leurs derniers Tours. Arthur Vichot n’a pas encore la même aura, mais sa présence dans le peloton sous la toison bleu-blanc-rouge lui conférera forcément un statut un peu spécial dans le cœur des fans de la petite reine en juillet.

Vichot connaît déjà cette situation pour l’avoir vécue en 2013. Champion de France quelque peu surprise, il s’était présenté sur le Tour en lieutenant du jeune Thibaut Pinot, dont les promesses ne faisaient que poindre. Malheureusement pour la FDJ, Pinot avait perdu toute chance de briller sur les pentes pyrénéennes, sur lesquelles Vichot n’avait pas pu être d’une grande aide. Son leader décramponné, il avait pu s’exposer et tenter sa carte individuelle avec une huitième place lors de la 14e étape. Avant de tomber quelques jours plus tard, dans la descente du col de la Madeleine (19e étape) et de finir le Tour en serrant les dents.

Les malheurs du Franc-Comtois sur la Grande Boucle ne se sont pas arrêtés là. Un an plus tard, la maladie le frappe pendant plusieurs jours et le force à mettre pied à terre. Il fut le seul Français à ne pas terminer le Tour cette année-là. Son grand ami Thibaut Pinot explose, lui, cette fois avec la troisième place finale et le maillot blanc sur les Champs-Elysées. Pire, en 2015, il est en méforme tout le début de saison et n’est pas retenu sur le Tour à cause d’un cytomégalovirus, qui touche habituellement les femmes enceintes et les personnes ayant été transplantées d’un rein. De quoi le faire songer à une fin de carrière prématurée. La poisse, vraiment.

Et puis vient 2016, la renaissance. Les Championnats de France se déroulent à Vesoul, "dans sa région". Vichot remporte le Tour du Haut-Var, comme en 2013. Le maillot de champion national devient son objectif majeur, celui qui pourrait effacer les galères des saisons précédentes. Le parcours lui convient, pour hommes forts, au coup de pédale costaud. Vichot saisit sa chance et se retrouve dans le bon groupe à quelques kilomètres de l’arrivée, avec Vuillermoz et Gallopin, ce dernier comme trois ans auparavant. L’occasion est trop belle, le puncheur de la FDJ ne la manque pas.

Voilà donc cette tunique bleu-blanc-rouge de retour sur la Grande Boucle, après avoir été absente des routes de juillet l’année dernière "à cause" de Steven Tronet, vainqueur sous les couleurs d’Auber 93, équipe non retenue pour le Tour. Cela tombe bien, le profil de ce Tour 2016 convient au tempérament de Vichot, capable de profiter des vallons pour surprendre les favoris. La 5e étape, promise aux baroudeurs, la 10e avec sa bosse à 7 kilomètres de l’arrivée, ou encore la 16e en montée dans les rues de Berne, auraient de quoi lui sourire.

Mais ce titre de champion de France a une saveur si particulière que pour le coureur de 27 ans qu’il représente déjà une consécration. "Ma saison est déjà réussie", affirmait Vichot lors de la présentation des équipes du Tour à notre micro. Pour les victoires personnelles, il repassera. Sa seule volonté désormais est de tout donner pour faire briller Thibaut Pinot. "On va laisser un peu de côté les ambitions. Je vais me mettre à 100% à son service." Le leader de la formation française vise une bonne place au classement général et venir troubler la hiérarchie établie autour des favoris Froome, Quintana, et Contador. Une bonne place de son copain de toujours – ils sont coéquipiers depuis leurs débuts en pro en 2010 – suffira amplement à son bonheur. Et oublier les difficultés passées, sous les applaudissements d'un public qui pourrait un peu plus l'adopter avec son maillot tricolore.