Avec Peter Sagan, c'est trop souvent seul contre tous

Privée d'Alberto Contador, la formation Tinkoff doit maintenant viser autre chose que le général. Heureusement, l'équipe russe tient dans ses rangs l'un des coureurs les plus doués de sa génération en la personne de Peter Sagan. Encore une fois, on a vu le Slovaque à l'avant de la course sur le Tour. Sans lui, l'échappée aurait-elle vu le jour ? Je n'en suis pas persuadé. Ce mardi matin, le champion du monde a attaqué à cinq reprises pour que le bon groupe se forme et parvienne à fausser compagnie au peloton pour de bon.

En fin d'étape, c'est Sagan qui a mis le coup de vis à 25km pour restreindre un peu plus l'échappée. Et c'est à nouveau lui qui est allé chercher toutes les attaques, notamment les cinq banderilles d'Impey, dans les cinq derniers kilomètres. Sur la route de Revel, il en a fait beaucoup. Trop, diront certains. Ses nombreux efforts lui ont probablement coûté la victoire, la deuxième sur cette édition après Cherbourg-en-Cotentin. Ce scénario – celui de voir Sagan dans une échappée pour prendre les points du maillot vert sans lever les bras à l'arrivée -, a un air de déjà-vu sur la Grande Boucle. Les exemples ne manquent pas. J'en oublie peut-être mais ces trois-là me semblent les plus marquants :

- Tour 2015 : 16e étape : il termine 2e à Gap derrière Ruben Plaza, malgré une descente supersonique mais accroît tout de même son avance pour le classement par point.

- Tour 2015 : 14e étape : il termine 5e à Mende gêné par un final trop compliqué pour lui.

- Tour 2012 : 14e étape : il termine 2e à Foix, lâché par Luis Leon Sanchez dans la descente du Col de Péguère (celle parsemés de clous, vous vous souvenez ?).

Avec Sagan, c'est souvent (pour ne pas dire toujours) "seul contre tous". Ce côté chevaleresque dans sa façon de courir ne laisse personne indifférent. Et c'est aussi pour ça qu'on l'apprécie tellement.

Le brillant sens tactique d'Orica Bike-Exchange. En surnombre dans l'échappée du jour, l'équipe de Michael Matthews a parfaitement agi pour offrir à l'Australien sa première victoire sur la Grande Boucle. Il l’avait tellement attendue celle-là. Quand Peter Sagan a fait imploser l'échappée à 25km, le trio d'Orica ne s'est pas fait surprendre. Chaque coureur correspondait à l'étage d'une fusée.

Et le travail de sape Luke Durbridge puis les cinq attaques successives de Daryl Impey ont permis de lancer Matthews en orbite et de fatiguer celui qui semblait le plus fort ce mardi. Avec le succès qu'on a vu. L'Australien a pris le parti de ne suivre que la roue de Sagan dans le final de l'étape. Il a bien fait. Il est enfin récompensé après quelques mésaventures sur l’épreuve.

La tactique des équipes de sprinters. Katusha et Direct Energie ont tenté de rouler pour revenir sur l'échappée. Sans grande conviction. Avec Montpellier, le Parc des Oiseaux et les Champs-Elysées, les occasions de briller sur un sprint massif se raréfient. Et je n'ai pas compris l'attitude de l'équipe française qui a attendu trop longtemps avant de mettre en route. Le mal était fait. Si les coéquipiers de Bryan Coquard avaient pris des relais avant ça, l'issue aurait peut-être été différente. Peut-être…

A quoi joue Vincenzo Nibali sur cette 103e édition ?

Et si le vent jouait un mauvais tour à certains favoris sur la route de Montpellier ? Le coin s'y prête.

Avec 38 points d'avance sur Cavendish pour le maillot vert, Peter Sagan a-t-il déjà assuré un 5e maillot vert ?

2. Thibaut Pinot est assuré de porter le maillot à pois au départ de l'étape du Ventoux, jeudi. C'est la première fois depuis Cyril Lemoine en 2014 qu'un Français parvient à conserver le maillot du classement de la montagne plus d'un jour (Blel Kadri en 2014 et Romain Bardet en 2015 n'y étaient pas parvenus).

10. Dixième étape ce mardi et le contingent français attend encore de décrocher une première victoire. Sur les 10 dernières, cela n'est arrivé que deux fois : en 2011 et 2013. Avant Bryan Coquard mercredi à Montpellier ?

12. En s'imposant ce mardi à Revel, Michael Matthews est devenu le 12e coureur en activité à s'être imposé sur les trois Grands Tours.