Tour de France (2e étape) : Julian Alaphilippe en voulait plus, et c'est très bon signe

Les Français ont porté haut leurs couleurs à Cherbourg-en-Contentin, juste après la Côte de la Glacerie qui a fait mal à de nombreux coureurs. Sur un terrain proche des classiques ardennaises qu'il affectionne tant, Julian Alaphilippe est passé proche de frapper un très coup, échouant à quelques encablures de Peter Sagan, vainqueur et nouveau maillot jaune. Dans un groupe où les meilleurs puncheurs du plateau étaient tous réunis, le coureur d'Etixx – Quick Step s'est montré à la hauteur, terminant devant des spécialistes aguerris comme Daniel Martin, Michael Matthews ou Joaquin Rodriguez. Mieux, il s'est offert le luxe de devancer à Alejandro Valverde qui l'avait battu sur la Flèche Wallonne en 2015 et 2016, et sur Liège-Bastogne-Liège en 2015.

Une performance de prestige, mais qui ne suffit pas à Alaphilippe, que l'on a vu frapper son vélo une fois passé la ligne au deuxième rang. "C'est difficile à avaler!" assure le coureur de 24 ans. Il se reproche sa tactique dans les 200 derniers mètres, alors que Peter Sagan a semblé marquer un temps d'arrêt dans son attaque. "J'ai vu Sagan stagner à la même vitesse et j'ai déboîté. C'était une petite erreur de partir un peu trop tôt. Il a eu les ressources de me mettre un vélo dans la tronche."

Le temps de descendre du vélo et de reprendre sa respiration et Alaphilippe se montrait déjà plus apaisé. "Je ne suis battu que par le champion du monde, il faut que je me contente de ça. C'est quand même une satisfaction. Sagan n'est pas n'importe qui, c'est un grand champion." De l'émotion à l'analyse, le puncheur change aussi vite de registre qu'il s'adapte à tous les terrains. "J'étais déçu mais je me suis calmé et je me suis rendu compte que c'était mon premier Grand Tour et que j'avais beaucoup de choses à apprendre."

A défaut des sommets, le vainqueur du dernier Tour de Californie portera le maillot blanc dès lundi. Une reconnaissance pour celui qui fait partie des favoris pour ramener cette tunique sur les Champs-Elysées. "J'ai plein de raisons d'être heureux, je mène désormais le classement des meilleurs jeunes et je suis en bonne forme. C'est une grande fierté de porter le maillot blanc et je veux remercier toute mon équipe pour son excellente aide aujourd'hui."

Pourtant, Alaphilippe se la jouait modeste avant l'étape, préférant mettre en avant les possibilités d'une équipe Etixx à l'effectif particulièrement complet. Tout le monde l'annonçait parmi les prétendants à l'étape mais le Français préférait mettre en avant son sprinteur Maximiliano Richese… et ses propres principaux rivaux. "C'est un final qui me convient mais la concurrence est rude. On a plusieurs cartes à jouer."

Une attitude altruiste louable mais qui ne masque pas non plus les ambitions d'un coureur aux dents déjà longues. Derrière les têtes de gondole Pinot et Bardet, lui aussi veut gagner, et vite. Il pourrait peut-être y parvenir lors de la 5e étape, dont le profil pour baroudeurs avec le Col de Font de Cère à 2,5 kilomètres de l'arrivée avant un final en montée au Lioran pourrait confirmer ses progrès dans les montées. A moins que ses qualités de finisseur ne surprennent tout le monde alors qu'il pointe déjà à la 5e place du classement par points. "Parler de moi au départ c'est bien mais mieux vaut parler de moi à l'arrivée" professait Alaphilippe avant le début de l'étape. Ses belles promesses tenues l'assurent : on parlera encore longtemps de lui.