Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Julian Alaphilippe, l'interrogation haute montagne

Loris Belin

Publié 09/07/2016 à 00:10 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Conquérant depuis le début du Tour, Julian Alaphilippe attaque les deux étapes les plus montagneuses de ce début de Tour avec le Maillot Blanc et la 3e place du général. Le Français peut quitter les Pyrénées en très bonne place. Reste à savoir si le coureur Etixx – Quick Step a les qualités nécessaires pour tenir le coup en haute montagne face aux favoris de la Grande Boucle.

Julian Alaphilippe dans le Col d'Aspin

Crédit: AFP

Julian Alaphilippe a d'ores et déjà marqué ce Tour 2016. Le jeune coureur de l'équipe Etixx – Quick Step apporte un vent de fraicheur non seulement parmi les coureurs français, mais aussi dans le peloton, par son profil d'attaquant invétéré, capable de briller sur tous les terrains. Constamment dans le Top 15 depuis le début du Tour (lors de six étapes sur sept!), deuxième à Cherbourg-en-Contentin au sommet de la Glacerie, Alaphilippe a confirmé pour sa première participation à la Grande Boucle toutes les qualités déjà vues notamment sur les classiques ardennaises. Candidat très sérieux au maillot blanc, il pointe à la deuxième place du classement des jeunes avant la huitième étape, à une petite seconde d'Adam Yates.
De quoi se satisfaire et considérer son premier essai sur un grand Tour ? Ce n'est pas le genre de la maison. Alaphilippe a faim et continue de (nous) régaler. Cela sera-t-il suffisant pour prolonger le plaisir et le voir tenir tête aux favoris du Tour encore quelque temps ? Là est toute la question. Les deux prochaines étapes pyrénéennes ne permettront pas de mettre la main définitivement sur le général. Mais elles pourront déterminer qui en a les moyens.

Grimper oui, mais sur un grand Tour ?

Le natif du Cher a déjà montré que la grimpette ne lui fait pas peur. Que cela soit sur des montées courtes mais sévères comme sur les classiques ou des cols pour purs grimpeurs, Alaphilippe a les cuisses pour tenir la distance. Il a tenu tête aux tous meilleurs dans le Lioran dimanche. On l'a vu à nouveau tenter sa chance dans l'Aspin vendredi, même si cela n'a pas pris. Surtout, le coureur de 24 ans est peut-être un bleu sur le Tour mais il en a déjà vu d'autres.
picture

Julian Alaphilippe en montagne sur le Critérium du Dauphiné

Crédit: AFP

Mettons de côté ses performances sur la Flèche Wallonne ou Liège-Bastogne-Liège, des courses dont le profil ne correspond pas à la suite de la Grande Boucle. Les prochaines étapes déterminantes sont pavées de cols mythiques de l'histoire de la compétition : Tourmalet et Peyresourde samedi, Andorre Arcalis dimanche, le Ventoux le 14 juillet entre autres réjouissances. Des montées où les meilleurs vont se battre et faire la différence. Bizuth des Tours les plus prestigieux, Alaphilippe part nécessairement avec un déficit d'expérience. Mais le Français sait la difficulté des cols exigeants. Par deux fois, on l'a vu triompher dans l'étape-reine du Tour de Californie et sa terrible montée sur Gibraltar Road, douze kilomètres à 8% de moyenne et des pointes jusqu'à 14%.
Sur les Routes du Dauphiné, qui trouve plus de crédit chez les spécialistes, l'actuel troisième du classement général a fait plus que se défendre sur les cimes. Alors que l'adversité était toute autre que sur le bitume de l'Ouest américain, Alaphilippe a terminé dans le Top 10 des trois dernières étapes, toutes au profil montagneux avec en point d'orgue le Col de la Madeleine. Sixième au classement général final à 51 secondes seulement de Chris Froome, il avait terminé devant certains noms référencés comme Adam Yates, Pierre Roland ou encore Thibaut Pinot. Oui, Alaphilippe a des gênes de grimpeur. Les doutes se fondent sur d'autres inquiétudes. La question n'est pas de savoir s'il peut tenir mais plutôt jusqu'à quand.

Poids des jours de course et inexpérience des longs tours

Deux raisons à ces interrogations. Tout d'abord, aussi talentueux et jeune soit-il, le Français pourrait payer à la longue le poids des efforts et la répétition des courses. Californie, Dauphiné, Alaphilippe est à bloc depuis près de deux mois, et il a déjà donné depuis le début du Tour. Cet enchainement (42 jours de course depuis le début de la saison) pourrait peser sur les jambes du coureur Etixx à l'aube des étapes où la fraicheur est un paramètre essentiel. Demain, l'étape est marquée par un enchainement de cols mais les plus durs sont en cours d'étape et non pour la conclure. Il n'en sera pas de même dimanche à Arcalis, montée où les pourcentages n'explosent pas les plafonds mais imposent un effort continu de 10 kilomètres.
picture

Alaphilippe : "Aujourd'hui, pour moi, c'est tout ou rien"

Même Alaphilippe le dit, il voit au jour le jour. D'autant plus qu'il ne connait pas encore les efforts que requiert une course de trois semaines, celles où la décision se fait très souvent à la longue, en fin d'épreuve. S'il ne parvient pas à suivre le rythme demain, il pourrait perdre beaucoup de temps et un peu en confiance, qui le porte si haut depuis le début de la Grande Boucle. Même si son objectif n'est pas la victoire finale, le maillot blanc était un de ses buts pour sa découverte du Tour de France. Et il lui imposera de rester dans la roue des grimpeurs, si ce n'est des meilleurs de la spécialité, au moins de ceux habitués de ce type d'effort et qui viseront au minimum un Top 20. De là dépendra le sort de sa performance : un feu d'artifice de première semaine sans lendemain, ou la promesse définitive des jours qui chantent et de possibilités presque infinies vu la largesse de son registre. Les premiers éléments de réponse ne devraient pas tarder à pointer leur nez.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité