La malchance ronge Contador à petit feu

Le Tour n'en est qu'à ses prémices. Mais après deux jours de course, il a déjà commencé à faire le ménage chez les candidats au classement général. Les premières victimes ? Alberto Contador et Richie Porte s'avancent tête baissée. L'Espagnol et l'Australien sont les deux grands perdants de cette 2e étape. Le premier a accusé 48 secondes de retard à l'arrivée, le second est encore plus loin, à 1'45" du vainqueur, Peter Sagan.

Le fatalisme est d'ailleurs de rigueur chez le leader de BMC. L'ancien lieutenant de Chris Froome chez Sky a crevé à moins de cinq kilomètres de l'arrivée. "Un désastre" selon l'intéressé. Que pouvait-il y faire ? Rien selon ses dires. On peut difficilement le contredire. Relégué à près de deux minutes au général, celui qui n'a jamais accroché le moindre Top 15 à Paris sur la Grande Boucle semble résigné et se dit prêt à se muer en coéquipier, pour aider Tejay Van Garderen.

Quant à Alberto Contador, même s'il accuse moins de retard (1'02") au général, son avenir est tout aussi sombre. Ira-t-il jusqu'à Paris ? Rien, ni personne n'est capable de l'affirmer. Seul lui peut mesurer la gravité de ses maux. Depuis le départ au Mont-Saint-Michel, l'Espagnol n'est pas verni. Des chutes à répétition, encore une ce dimanche à 122km de l'arrivée, des coups du sort qui s'enchaînent. Des dents qui se serrent, des grimaces à peine masquées comme à 10 kilomètres du but, quand il a voulu revenir en tête du peloton. Soit autant de signes qui ne rassurent pas. La malchance ne le quitte plus depuis deux jours. Elle le ronge à petit feu. Jusqu'à ce que les dernières braises s'éteignent…

La déception spontanée de Julian Alaphilippe. On aurait aimé le voir s'imposer devant Peter Sagan évidemment. Mais sa réaction juste après avoir franchi la ligne (il a tapé deux fois sur son guidon de déception) fait "plaisir" à voir. L'Auvergnat en voulait plus et n'est pas du genre à se contenter des places d'honneur. Content mais déçu. Et assez réaliste pour reconnaître qu'il avait commis une petite erreur au moment de lancer son sprint. Bref, tout ce qu'on apprécie.

A la méritocratie, Jasper Stuyven aurait fait un beau vainqueur. Profitant de l'attentisme des équipes qui jouaient la victoire (seules Dimension Data, BMC et Direct Energie ont roulé…), le Belge, présent dans l'échappée du jour, a cru pouvoir s'imposer. Le coup est passé tout près. Parti en solitaire à 8km, au sommet de la Côte d'Octeville, il a parfaitement joué le coup. Ménageant ses efforts jusqu'à 25km de l'arrivée, il a laissé Paul Voss faire l'essentiel du travail. Malheureusement, il lui a manqué 600m pour décrocher la timbale : étape, maillot jaune, maillot blanc et prix de la combativité. Il s'est contenté d'enfiler le maillot à pois sur le podium et du prix Antargaz. Pas sûr que ça le console véritablement.

Quand Alberto Contador a été ralenti par la chute collective à 122 kilomètres, Fabian Cancellara a-t-il demandé encore une fois au reste du peloton qu'on attende l'Espagnol ?

Sam Bennett a chuté samedi à l'arrivée. Dimanche, il était bien au départ de la 2e étape. Quand on a de tels bandages, comment on fait pour enfiler ses gants ?

A la planche un bon bout de l'étape, Steve Cummings n'a pas ménagé ses efforts. Le compte officiel du Tour pose une bonne question…

5. Peter Sagan est le premier champion du monde à mener le Tour de France depuis Thor Hushovd, en 2011.

11. Les secondes perdues par Vincenzo Nibali et Thibaut Pinot ce dimanche. Rien de très grave.

298. Soit le nombre de kilomètres d'échappée de Paul Voss en deux étapes. Sur 371 possibles.