Les 7 moments qui ont façonné le triomphe de Froome

C’est le premier grand moment de Froome sur cette 103e édition. La première petite claque envoyée à ses adversaires. Peu habitué à ce genre de performances, le Britannique décide de prendre la poudre d’escampette au sommet du col de Peyresourde. Impétueux dans la descente, alors qu’il a l’habitude d’estoquer la concurrence dans les ascensions, il décide de fausser compagnie au groupe des leaders. En position de l’œuf, la tête près du cintre, assis sur la barre de son cadre, tout en continuant de pédaler, Froome lâche les chevaux vers Bagnères-de-Luchon.

Ce jour-là, il atteint même la vitesse de 90,9km/h. On évoque alors le style Graeme Obree ou celui de Michal Kwiatkowski, qui a beaucoup roulé avec Froome à l’entraînement, mais ces images nous font surtout penser à Matej Mohoric, le Slovène champion du monde espoirs 2013. Sur la ligne, le Britannique devance Dan Martin de 13 secondes et s’adjuge 10 secondes de bonification. Il en profite pour enfiler le maillot jaune, au détriment de Greg Van Avermaet. Il ne le quittera plus.

Habitué à assommer le Tour dès la première arrivée au sommet, comme en 2013 (à Ax 3 Domaines) et en 2015 (à la Pierre Saint-Martin), Froome ne parvient pas à le faire à Andorre-Arcalis. Dans des conditions météorologiques dantesques, le tout frais maillot jaune rallie l’arrivée dans le même temps que Quintana et Yates. Porte et Martin sont à deux secondes. Bardet et Mollema sont un peu plus loin, à 21 secondes. A la sortie des Pyrénées, son avance n’a jamais été aussi faible.

A la veille du premier chrono de ce Tour, la 11e étape doit couronner un sprinter. C’est ce qui est prévu en tout cas. Comme annoncé, le vent est de la partie. Froome va en profiter pour prendre un peu plus d’avance au général. Avec l’aide de son coéquipier Geraint Thomas, mais surtout de Peter Sagan, le maillot jaune provoque une cassure à 13 kilomètres de l’arrivée. Le Slovaque ne compte pas ses efforts et s’impose dans l’Hérault, après avoir tenté de laisser gagner son coéquipier Maciej Bodnar.

Dans sa roue, Froome prend la deuxième place et repousse un peu plus loin la concurrence. Sur la ligne, il empoche six secondes de bonification et devance le reste du peloton de six secondes également. Soit un avantage de douze secondes.

Du jamais vu sur le Tour. A tel point que l’image a fait le tour du monde : Froome, privé de vélo, en train de courir sur une pente à 10%. Après avoir été pris dans une chute impliquant aussi Porte et Mollema, le Britannique repart à pied vers Chalet-Reynard et attend de longues secondes, à 400m de la ligne, de récupérer un vélo à sa taille. Avant cet épisode surréaliste, ses hommes de confiance, Wouter Poels et Sergio Henao, ont tué dans l’œuf deux mini-banderilles de Nairo Quintana.

Sûr de son état de forme, et avant d’aller au sol, Froome avait attaqué avec Porte et Mollema. La suite, on la connaît. Alors que certains estimaient avoir assisté à un fait de course, les commissaires de l’UCI décident de classer le maillot jaune, qui avait perdu près d’une minute et trente secondes dans l’affaire, dans le même temps que le Néerlandais de Trek. Avant même l’officialisation de l’information, Froome annonce lui-même qu’il conserve le maillot de leader au soir de cette 11e étape. Sans sa chute, aurait-il augmenté son avance sur ses adversaires ? Possible. On ne le saura jamais. Ce jour-là, il aura en tout cas montré un incroyable sang-froid et beaucoup de détermination dans le Ventoux.

Entre Bourg-Saint-Andéol et la Caverne du Pont-d’Arc, le premier contre-la-montre récompense Tom Dumoulin. Deuxième à 1’03" du Néerlandais, Froome fait tout de même une excellente opération et s’envole au général. Son nouveau dauphin, Bauke Mollema pointe à 1’47", Adam Yates 3e à 2’45". Nairo Quintana, 20e du chrono à 2’04" de Froome, est repoussé à 2’59". Alors que Romain Bardet, 30e à 2’51" du maillot jaune, passe 7e à 4’04" du Britannique.

Arrivé huit minutes après le vainqueur Ilnur Zakarin, Froome consolide son avance au général, à Finhaut-Emosson à quatre jours des Champs-Elysées. Sur la ligne, il reprend 8 secondes à Yates, 28 à Quintana, lâché à 400m de la ligne, et 40 à Mollema, victime d’une défaillance en fin d’ascension. En Suisse, Froome n’a eu qu’à gérer deux attaques : une de Valverde et une plus incisive de Porte. Son troisième sacre se rapproche.

Lors du second chrono en côte, le Britannique gère parfaitement son effort et devance, cette fois-ci, Dumoulin de 21 secondes. Parti sur la réserve, il augmente son allure ensuite après la côte de Domancy. Sur la ligne, il s’offre une seconde victoire d’étape. Le duo Aru-Porte est repoussé à 33 secondes, tandis que Bardet frappe fort en se classant 5e à 42" du maillot jaune. Avec près de quatre minutes d’avance au général sur Mollema, Froome sait que le plus difficile est fait.