Parcours, équipe, adversaires : tout est réuni pour que Bardet aille chercher le podium

Il reste deux étapes à Romain Bardet pour aller chercher le podium, deux en haute-montagne. Une bonne nouvelle pour le grimpeur d’AG2R La Mondiale, qui avait vu le top 5 se dérober en 2014 lors du chrono final de Périgueux. Cette fois, ces deux étapes lui correspondent parfaitement, avec des formats très courts (146km et 146,5km).

Vendredi, ça sera la dernière arrivée au sommet à Saint-Gervais Mont Blanc. La Montée de Bisanne, principale difficulté du jour, à 50 kilomètres de l’arrivée sera suivie d’une longue descente qui mènera à l’ascension finale. Un profil qui n’est pas sans rappeler celui de la 6e étape du Critérium du Dauphiné, où Bardet était allé chercher le podium. Et que dire de l’arrivée à Morzine, parfaite pour un descendeur comme le Français, avec son final technique et piégeur en pente.

Certes, en 2014, le natif de Brioude avait connu des difficultés lors de sa fin de Tour de France. Mais ce bilan est biaisé par sa défaillance dans le Port de Balès, son seul jour sans. Que ce soit en 2015 ou en 2013, Romain Bardet a tout de même l’habitude de réaliser de très bonnes troisièmes semaines sur la Grande Boucle. "En troisième semaine, généralement, ça se joue à la jambe et ça me plaît", avoue-t-il.

Il y a trois ans, le Français était allé chercher le top 15 lors de la dernière semaine qu’il n’avait entamée qu’en 25e position, à 12 minutes du 15e, Andy Schleck. L’an dernier, le 2e du Critérium du Dauphiné 2016 avait sauvé son Tour en troisième semaine après avoir été piégé par les bordures puis défaillant dans les Pyrénées (à 15 minutes du top 10 après Cauterets). Offensif tous les jours, Romain Bardet était alors revenu à la 9e place du général, remportant une étape (à Saint-Jean-de-Maurienne) et manquant de peu le maillot à pois.

Après Alexis Vuillermoz, échappé et 3e à Culoz, c’est Domenico Pozzovivo qui s’est montré à l’avant sur la route de Finhaut-Emosson, prenant la 7e au sommet. Ajoutez à cela deux gregarii comme Alexis Gougeard (31e, + 2’23’’) et Ben Gastauer (45e, + 2’48’’) en forme sur le contre-la-montre entre Sallanches et Megève ce jeudi et vous obtenez une formation AG2R La Mondiale qui termine bien ce Tour de France. Habituée à jouer le classement par équipes, la formation de Vincent Lavenu ne remportera certes pas ce classement une seconde fois (après 2014).

Mais Romain Bardet peut compter sur ses équipiers jusqu’ici, toujours présent pour le protéger sur le plat. On attendait de voir en montagne et cela a été insuffisant, le natif de Brioude se retrouvant souvent seul. Mais, sur le Critérium du Dauphiné, le numéro de Bardet sur la route de Méribel a été permis par ses équipiers présent à l‘avant pour anticiper son attaque. Vu ce qu’ont réalisé Vuillermoz et Pozzovivo ces derniers jours, on n’attend plus que Bardet.

Et ça tombe bien. "Il reste deux belles étapes pour passer à l’attaque !". A peine son chrono terminé, Romain Bardet se tournait déjà vers la fin du Tour qui lui donne des idées. Il faut dire que le grimpeur d’AG2R La Mondiale est un coureur offensif, pas le genre à rester dans les roues à chacune des idées, attendant la défaillance de ses adversaires. Non, l’Auvergnat aime se lancer dans de grandes offensives, à l’instar de ce qu’il avait réalisé sur le dernier Critérium du Dauphiné ou sur le Tour 2015.

Jusqu’ici, le Français s’est rarement porté à l’avant, semblant même sur la retenue, comme s’il courait contre-nature. Une simple impression laissée par sa volonté d’attendre des étapes plus propices à ses qualités et par un jugement lucide : "Si t’attaques et que tu vois que tu ne feras aucun écart, autant te relever et en garder pour les jours suivants", expliquait-il dimanche dernier, après l’étape entre Bourg-en-Bresse et Culoz. Ce jour-ci, Bardet avait tenté sa chance dans les Lacets du Grand Colombier. Sans succès. Ce n’est que partie remise.

Dauphin de Christopher Froome, Bauke Mollema a clairement baissé de pied depuis deux jours. Le Néerlandais, qui a déjà la mauvaise habitude de s’écrouler en troisième semaine sur le Tour de France, a concédé du temps à Finhaut-Emosson mais aussi et surtout lors du chrono entre Sallanches et Megève. Plus solide vers la station suisse, Adam Yates a pêché lors de l’exercice individuel ce jeudi et semble manquer de fraîcheur. De son côté, Nairo Quintana n’est lui que l’ombre du génial grimpeur qu’il était l’an dernier… Lors des deux dernières étapes, les trois hommes ont respectivement perdu 12’’, 38’’ et 45’’ sur le Français.

Ces deux plus féroces adversaires aujourd’hui paraissent clairement être Richie Porte (BMC) et Fabio Aru (Astana), deux perdants des deux premières semaines qui semblaient hors-course pour le podium. Mais, ces deux derniers jours, ce sont eux qui ont semblé les plus forts, notamment l’Australien, le seul en mesure de distancer réellement ses camarades et d’accompagner Christopher Froome en montagne. Malgré l'avance de Mollema et Yates, le danger pour Bardet, c’est ce duo-là.