Barguil : "Je suis frustré mais je n'ai pas couru comme un idiot"

"Je l'ai battu aussi d'un poil à la Vuelta (en 2013), déclarait Warren Barguil juste après l'arrivée. Si je le rebats encore aujourd'hui, je suis un peu son chat noir." Malheureusement pour le grimpeur de la Sunweb, les années se suivent et ne ressemblent pas forcément. Cette fois, la photo-finish n'a pas tourné en faveur du Breton qui avait pourtant levé les bras en passant la ligne avant de laisser couler des larmes de joie. "J'ai vu "Rigo" après la ligne, il était déçu donc je pense qu'il a vu que je l'avais passé", pensait-il. Mais le Colombien se devancera finalement de quelques millimètres et privera le Français d'une première victoire d'étape sur le Tour de France.

La faute à un sprint peut-être trop tardif de la part de "Wawa". Rattrapé par Romain Bardet à 14km de l'arrivée, par le groupe Froome quatre bornes plus loin, le Français a souffert dans les roues des favoris mais est parvenu à s'accrocher pour jouer sa chance au sprint : "Ca roulait tellement vite, je me suis dit "C'est fini, je vais finir 5e"…, avouait-il après l'arrivée. Puis je me suis reconcentré, je suis dit que j'allais faire le sprint. Je suis frustré, c'est sûr. Mais, quand on voit le sprint, on voit que j'ai bien manœuvré quand même. Quand j'ai levé la tête à 300m, j'ai attendu mais j'attends peut-être un peu trop. D'ailleurs, je passe Rigo sur la ligne. On se tient au sprint mais bon… C'est frustrant, je passe la journée devant et il manque un rien".

Pourtant, la journée s'était passée idéalement pour Warren Barguil. Parti dans la grosse échappée du jour (40 coureurs à l'avant) en compagnie de quatre (!) équipiers dont un impressionnant Michael Matthews, capable d'aller remporter le sprint intermédiaire au pied du Mont du Chat, le Breton a couru à l'opposé de samedi. Lui qui s'était "cramé" sur la route de la Station des Rousses a attendu son heure sur les routes de l'Ain, de la Haut-Savoie et de la Savoie. "Aujourd'hui, j'ai couru intelligemment, commentait-il d'ailleurs. Je n'ai pas couru comme un idiot comme hier."

Au cours de cette étape "de dingue", courue à plus de 35km/h malgré les trois cols de Hors-Catégorie, le grimpeur français de la Sunweb est resté dans les roues de ses équipiers, laissant notamment Ten Dam assurer tout le travail dans la montée du Col de la Biche. Avant de se montrer attentif à chaque mouvement de course : "Quand il y a eu la cassure dans la descente avec AG2R, je savais qu'il fallait être placé, explique-t-il. Ensuite, j'ai fait les montées comme je voulais. J'étais à bloc, je prenais du plaisir donc c'est génial." Ne manquait plus que la victoire d'étape. Mais le Français se consolera avec le maillot à pois. Aérien vis-à-vis du reste de l'échappée, pourtant composé de bons grimpeurs comme Mollema (Trek-Segafredo), Warren Barguil sera passé en tête du Grand Colombier et du Mont du Chat, glanant 53 points au classement de la montagne. C'est toujours ça…