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Calmejane : "Plus que les jambes, c'était dans la tête aujourd'hui"

Laurent Vergne

Publié 08/07/2017 à 19:00 GMT+2

TOUR DE FRANCE – Lilian Calmejane a offert un superbe cadeau d'anniversaire à Jean-René Bernaudeau samedi en triomphant dans la 8e étape. La consécration d'un sacré tempérament et d'un beau talent, mais aussi le fruit d'un fantastique travail collectif chez Direct Energie.

Lilian Calmejane (Direct Energie)

Crédit: Getty Images

8 juillet 2004. Le jour de son 48e anniversaire, Jean-René Bernaudeau voit Thomas Voeckler endosser le premier maillot jaune de sa carrière. Treize ans plus tard, de Chartres au Jura, de Brioches la Boulangère à Direct Energie, d'un anniversaire à l'autre, la même émotion pour l'emblématique manager français.
Samedi, Lilian Calmejane, qui n'avait que 11 ans du temps des premiers exploits voeckleriens, a offert un superbe cadeau à Bernaudeau (61 ans) en s'imposant à la station des Rousses. Alors, forcément, les larmes. Et forcément, ça chambre. "Il va chialer toute la soirée", se marre Perrig Quémeneur. "Il exagère", réplique JRB.
Mais Bernaudeau va la savourer, celle-là, oui. Cinq ans que ses gars n'avaient plus claqué de bouquet sur les routes du Tour. Cette victoire-là est d'autant plus belle que si Calmejane a mis dans le mille, l'Albigeois a parachevé un formidable boulot d'équipe. "Franchement, je suis fier de mes gars", assure Bernaudeau. "Une équipe, ce n'est pas une addition de noms, ajoute-t-il. Chacun a ses responsabilités et chez nous la victoire ne peut être que collective. Elle doit appartenir à tout le monde. Comme manager, c'est ma récompense."
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Calmejane : "Je ne m'attendais pas à ça"

Ça ne crève peut-être pas l'écran, mais Perrig et Romain ont fait un énorme travail
"L'équipe a fait un travail énorme pour me permettre de réaliser mon rêve, gagner une étape", n'a pas manqué de souligner le héros du jour. Les Direct Energie étaient quatre dans la grosse échappée du jour qui a mis si longtemps à sortir. Et tous ont apporté une contribution décisive. Sylvain Chavanel, d'abord. Le détonateur, qui a "montré le bon exemple", dixit Calmejane. Chavanel qui était le dernier à s'être imposé aux Rousses, en 2010, et n'a pas hésité à se mettre à la planche. "Je suis ratatiné, a souri le vétéran à l'arrivée. Mais quand à la fin, tu apprends que Lilian a gagné, c'est super."
Perrig Quemeneur et Romain Sicard ont été admirables, eux aussi, et même franchement décisifs. "Ça ne crève peut-être pas l'écran, insiste Lilian Calmejane, mais Perrig et Romain ont fait un énorme travail pour me ramener avant l'avant dernier grimpeur, parce que j'avais une minute de retard sur le groupe qui était sorti. Aujourd'hui, ils se sont sacrifiés pour moi." Sans eux, il ne gagnait pas samedi. Mais si le cyclisme est une œuvre collective, il faut aussi qu'elle soit au service d'une individualité pour prendre tout son sens.
Lilian Calmejane aura donc eu l'immense mérite de concrétiser tout ce boulot abattu en amont. Dans le final, à la pédale, il s'est posté en tête. Et au courage, il a tenu bon, même quand les crampes sont arrivées à moins de 5 kilomètres de la ligne. "Ce n'est pas passé loin de la catastrophe, avoue le Tarnais. C'était au mental, il ne fallait rien lâcher. Plus que les jambes, c'était dans la tête aujourd'hui."
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L'arrivée de la 8e étape : Calmejane est allé au bout de lui-même

Je l'avais plus ou moins dit
Ces foutues crampes ont bien failli noyer les bougies du gâteau d'anniversaire de Bernaudeau et le manager en a été quitte lui aussi pour une bonne frayeur. Mais il a l'œil, le Vendéen. "Quand on voit les crampes arriver, on se demande ce qui se passe, mais je voyais Gesink (NDLR : en poursuite derrière le Français) qui était mal aussi. J'ai vu que Lilian retrouvait son coup de pédale très rond, alors je me suis vraiment détendu, d'autant que Gesink piochait." Mais quand même, comme l'avoue Lilian Calmejane, "quand je passe la ligne, c'est un énorme soulagement."
Sacré tempérament, ce Lilian Calmejane. A 24 ans, le bonhomme compte maintenant à son palmarès une étape de la Vuelta et une autre sur le Tour. Pas mal. Le meilleur dans tout ça ? Il avait annoncé la couleur : "Je l'avais plus ou moins dit, oui. Dans le groupe, j'aime bien charrier et animer un peu. J'avais dit que je n'allais pas tarder à faire un gros coup. Chaque fois que j'annonce un peu un truc comme ça, ça parait un peu prétentieux, mais les copains savent que ça veut dire que j'ai quelque chose derrière la tête." Il a été fidèle au rendez-vous qu'il s'était fixé, et c'est aussi la marque d'un certain talent.
"Sur des cols comme ça à 5-6%, il est monstrueux Lilian", souffle Chavanel, qui sait de quoi il parle. "C'était une étape pour nous mais après, ça ne sourit pas toujours, ajoute le nouveau maillot à pois. Mais c'était mon jour." Un de ceux qu'on n'oublie pas. Quand on est vainqueur, équipier… ou manager.
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