Le Vélodrome, le dernier défi du Tour

Le Tour est un spectacle sans cesse renouvelé. À Marseille, on pourrait croire qu’on connaît la chanson. La cité phocéenne a accueilli la Grande Boucle dès sa première édition, en 1903, et, avec 35 arrivées ou départs, a participé aux grandes éditions anniversaires de l’épreuve, encore récemment : centenaire en 2003, centième Tour en 2013. Ce samedi, c’est pourtant un spectacle inédit qui s’offre au public marseillais : un contre-la-montre (une première sur la Canebière), avec rampe de départ, ligne d’arrivée et podium dans la mythique enceinte du Vélodrome, digne de son nom comme jamais ces dernières années.

Au bout de l’effort, avant la parade des Champs-Élysées, il y aura donc la clameur du Vélodrome. Une idée un peu folle, dont le patron du Tour, Christian Prudhomme, retrace le cheminement assis sur le banc des joueurs de l’OM au bord de la pelouse : "Nous, nous voulions venir à Marseille. Parce que Marseille est une ville historique du Tour de France, parce que Marseille est en 2017 capitale européenne du sport. Après, c'est Jean-Paul Coche, ancien médaillé olympique de judo et l'un des conseillers du maire de Marseille pour le sport, qui m'a dit: 'qu'est-ce que tu penserais du Vélodrome ?' Je me suis dit 'formidable'. Mais aussi immédiatement: 'quel défi!’"

Pour les équipes d’Amaury Sport Organisation, il faut adapter l’immense dispositif technique du Tour, habitué aux grands espaces, aux contraintes d’un espace fermé. Pour celles du Vélodrome, la partie n’est pas évidente non plus : mardi, c’est Céline Dion qui enflammait le stade ; jeudi, l’Olympique de Marseille redevient propriétaire des lieux avec un match européen. Dix jours, trois configurations entièrement différentes, dont une particulièrement exceptionnelle pour accueillir quelque 200 cyclistes sur un tapis de 170 mètres de bitume déroulé pour l’occasion.

"On n'a qu'à enlever les chaises après le concert de Céline Dion et on démarre tout de suite dans la foulée les premiers travaux de mise en place des routes avec une épaisseur qui permet de résister aux cyclistes mais également aux véhicules de la caravane", décrit Martin D’Argenlieu, directeur général de l’Orange Vélodrome. Il en a vu d’autres lorsqu’il officiait au stade de France : "On a fait 15 événements automobiles, des opéras, des concerts… On a même fait une course qui s'appelait 'Race of champions' avec les plus grands coureurs de Formule 1."

Avec ce dispositif exceptionnel pour la plus grande course du monde, le maire Jean-Claude Gaudin a beau jeu de revendiquer "3,5 milliards de paires d’yeux" braqués sur sa ville, prête à accueillir une "journée historique" sur ses terrains les plus célèbres. Au fil des 22,5 kilomètres de ce chrono, les coureurs (et coureuses de La Course by Le Tour) traverseront le rond-point du Prado, longeront la corniche, s’afficheront devant le Palais du Pharo et sur le Vieux-Port, monteront vers Notre-Dame de la Garde…

À quel prix ? "Ça coûtera ce que ça coûtera", a balayé Gaudin, confronté notamment à des exigences accrues de sécurité mais décidé à placer l’événement au coeur des débats. "Il va vraiment y avoir un spectacle complet toute l’après-midi", promet Christian Prudhomme. Un spectacle gratuit, l’un des plus grands fondamentaux du Tour, qui pourrait même établir un record d’affluence dans l’enceinte du Vélodrome (65 252 pour le choc de Ligue 1 entre l’OM et le PSG en février dernier).