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Les débats du Tour : Connait-on déjà le podium final ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 10/07/2017 à 18:54 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce dimanche, on parle de l'attitude de Fabio Aru, de l'abandon de Richie Porte et on se demande si le podium de cette Grande Boucle est déjà connu.

Christopher Froome entouré de Dan Martin, Fabio Aru et Romain Bardet lors de la 9e étape du Tour

Crédit: Getty Images

Froome a-t-il perdu son principal adversaire ?

Laurent Vergne
En tout cas celui qu'il considérait comme son principal adversaire, sans aucun doute. Même si Fabio Aru avait secoué le cocotier à La Planche des Belles Filles, Chris Froome, jusqu'ici, surveillait surtout son ancien chien de garde chez Sky. Richie Porte brutalement mis hors d'état de (lui) nuire, Froome n'aura plus à s'occuper de l'Australien. Et il avait sans doute raison de le considérer comme sa plus grande menace. Parce que Porte était son adversaire le plus complet, montagne et chrono combinés.
Dimanche, l'Australien s'était montré très solide avant sa terrible chute. Il a tenté d'accélérer à deux reprises et quand Froome a bougé à son tour, il l'a suivi sans problème, quand Aru ou Bardet ont davantage souffert pour recoller. Le double tenant du titre disait vrai quand il considérait que Porte était son "principal adversaire", même si ce n'était "pas le seul".
François-Xavier Rallet
On se souviendra très longtemps de cette 9e étape. Après Alejandro Valverde, Froome est "débarrassé" de Richie Porte et Rafal Majka. On ajoutera à la liste Geraint Thomas en sachant évidemment que le Gallois n’aurait jamais eu l’autorisation de faire de l’ombre à son leader. Une hécatombe qui réduit le nombre de prétendants à la succession du natif de Nairobi.
Ce dimanche, l’un des moments clés de la journée aura donc été la violente sortie de piste de Porte. Evacué sur une civière, l’Australien nous a fait très peur. Depuis le début du Tour, Chris Froome le considérait comme son adversaire numéro un. Des propos tenus de façon récurrente et de nouveau prononcés après la victoire de Fabio Aru lors de la 5e étape. Le vainqueur du Tour de Romandie 2017 semblait bien le mieux armé pour faire dérailler le Britannique. A juste titre, je pense. J’aurais vraiment aimé voir le duo ferrailler jusqu’au bout. Et notamment dans les rues de Marseille, lors du chrono à la veille de l’arrivée. En voyant Porte quitter la route du Tour, Froome a dû pousser un ouf de soulagement. En s’enlevant cette épine du pied, il s’est approché un peu plus de sa quatrième couronne.

Aru a-t-il manqué de fair play ?

Laurent Vergne
Peut-être, oui, et alors ? Je supporte de plus en plus mal ce cyclisme "bienpensant". On met trop de "morale" dans la façon de courir. Comme je l'avais dit l'an dernier à propos du reclassement de Froome suite à son footing dans le Ventoux, "s'il avait fallu attendre Poulidor à chaque fois qu'il lui est arrivé un truc, il aurait gagné huit fois le Tour". Les incidents mécaniques font partie du cyclisme. Sur une épreuve comme le Tour, on passe son temps, par nature, à profiter du malheur des autres.
De la même manière que je n'avais pas été choqué par l'attaque de Contador après le déraillement de Schleck dans le Port de Balès en 2010, je ne le suis pas davantage après la manœuvre d'Aru. Si j'ai une chose à lui reprocher, c'est de ne pas assumer. "Dès que j'ai entendu à la radio que Froome s'était arrêté, je me suis relevé", a dit l'Italien. Si c'est vrai, ce dont je ne suis pas convaincu, c'est bien dommage. Mais tout cela pimente les relations entre les deux premiers du général, et ça, c'est une bonne nouvelle, non ?
François-Xavier Rallet
Attaquer sur un (prétendu) incident mécanique est désormais passible de prison à vie, sachez-le. Et vous expose à être désigné à la vindicte populaire. Celle-ci étant souvent menée par le maillot jaune himself d’ailleurs. Mais de qui se moque-t-on ? D’accord, mener une offensive lors qu’un coureur, en l’occurrence le leader du général, lève le bras pour signaler à sa voiture qu’il a un problème peut être mal perçu par la bienséance. De là à le qualifier de geste antisportif ? Arrêtez. C’est un fait de course et c’est tout.
Pour résumer le fond de ma pensée, je ne condamnerai pas Aru pour son attaque. Depuis le début du Tour, le vainqueur de la Planche des Belles-Filles fait partie des rares coureurs à tenter de faire vaciller le triple vainqueur de l’épreuve. Qui peut lui reprocher cela ? En revanche, l’intimidation et le coup de pression de Froome à l’Italien quelques hectomètres plus loin sont plus condamnables à mes yeux. Et rappellent des méthodes d’antan qui ne m’ont jamais plu.

A-t-on déjà le podium du Tour ?

Laurent Vergne
Le podium virtuel a de l'allure et il aurait tout autant de gueule à Paris dans deux semaines. Mais c'est loin d'être fait. Pour plusieurs raisons. D'abord parce que, si Dan Martin n'avait pas été entrainé au sol par Richie Porte, c'est lui, pas Romain Bardet, qui serait sur le podium ce dimanche soir. Ensuite parce que, quand Froome a placé son unique accélération dans le Mont du Chat, je n'ai pas trouvé Fabio Aru et le Français impériaux.
Puis la concurrence ne se limite pas à ces deux seuls hommes. Les écarts sont faibles. Je ne suis pas prêt à enterrer un Nairo Quintana. Malgré son Giro dans les cannes, il a le temps de se refaire la cerise. Sans doute pas pour le maillot jaune. Mais pour le podium, oui. Aru et Bardet sont sans doute les eux plus dangereux pour Froome, non pas parce qu'ils sont ses deux plus proches poursuivants, mais parce qu'ils sont les deux plus audacieux et entreprenants. Mais de là à considérer ce podium comme figé, ce serait une grave erreur.
François-Xavier Rallet
Lundi, le Tour pose ses valises en Dordogne pour la première de ses deux journées de repos. Tirer un bilan aussi définitif me paraît quelque peu précoce. Même si quatre hommes, seulement, ne comptent qu’une minute de retard ou moins sur le leader du classement général, le podium est loin d’être dessiné. Les coups du sort peuvent arriver à tout le monde. Richie Porte, Rafal Majka ou Geraint Thomas ne diront pas le contraire. Une seule chose semble certaine : Fabio Aru et Romain Bardet s’avancent désormais comme les deux adversaires principaux de Chris Froome.
Mais leur avance chronométrique n’est en rien une garantie. Rigoberto Uran m’a impressionné ce dimanche. Depuis 10 jours, personne ne parle du Colombien et pourtant le voici 4e à seulement 0’55". Jakob Fuglsang (5e à 1’37") ou encore Dan Martin (6e à 1’37"), l’un des grands malchanceux de cet opus dantesque, n’ont pas encore abdiqué. En revanche, même si j’ai affirmé ici-même il y a quelques jours que Nairo Quintana n’était pas à enterrer après sa contre-performance de la Planche des Belles Filles, le Colombien ne me paraît plus en mesure de faire vaciller Froome de son piédestal. Peut-être a-t-il encore l’objectif d’accrocher le podium ? Mais il va falloir montrer un tout autre visage lors des deux dernières semaines.
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