Les débats du Tour : Le maillot à pois va-t-il se jouer dès ce week-end ?

Le barème étant ce qu’il est, 17 points pour le classement de la montagne seront distribués samedi et 70 le seront dimanche, avec notamment trois cols hors catégorie à se farcir (Biche, Grand Colombier et le Mont du Chat). Ce 9e opus entre Nantua et Chambéry est à ce propos l’étape qui rapportera le plus de points sur ce Tour 2017. Pour résumer, un maximum de 87 points est à glaner en deux jours dans le Jura. C’est énorme et ça devrait favoriser les attaques des prétendants à la succession du tenant du titre, le Polonais Rafal Majka.

Autre élément important, il n’y aura pas beaucoup plus de points à accrocher dans les Pyrénées puis dans les Alpes. Voici le décompte ci-dessous.

En tout cas, si les candidats veulent avoir une chance de bien figurer dans ce classement, ils ont tout intérêt à passer à l’offensive dimanche. On devrait donc voir à l’avant des hommes comme Pierre Rolland, Thibaut Pinot, Gianluca Brambilla, Esteban Chaves ou encore Thomas De Gendt. Une chose semble sûre également : celui qui sortira du week-end avec les pois sur le dos ne devrait pas être loin de la vérité sur les Champs-Elysées dans deux semaines.

J'aurais tendance à dire que oui. Pas moins de 87 points seront distribués ce week-end sur les 298 qu'il reste à se partager jusqu'à la fin du Tour. Samedi l'étape ressemblera plutôt à une étape pour baroudeurs et les purs grimpeurs devront se faire violence pour engranger des points entre Dole et Les Rousses. En revanche, dimanche ce sera une tout autre affaire. La 9e étape, Nantua-Chambéry, est l'étape reine de cette 104e édition. Le Col de la Biche, le Grand Colombier, le Mont du Chat et leurs pourcentages terribles sont un terrain parfait pour les Pinot, Rolland, De Gendt (même si sa forme pose question) ou Atapuma.

Soixante-dix points, c'est le magot offert sur cette étape. Aucune étape sur ce Tour de France n'offre autant de points. Surtout, il faudra oublier les 40 points promis en haut de l'Izoard lors de la 18e étape. Le prestige du lieu poussera les leaders à viser la victoire d'étape. Chris Froome a déjà fait part de son envie de l'emporter sur le mythique col alpestre. Restera donc 258 points à distribuer et deux étapes très importantes, la 12e vers Peyragudes (51 points) et la 17e (celle du Galibier) ou le porteur du maillot à pois devra "contrôler" ses adversaires. A condition de faire le plein ce week-end !

Sept étapes sur un total de 21 ont été effacées par le peloton. C’est peu et beaucoup à la fois. Au tiers de l’épreuve, on ne peut pas dire qu’on ait réellement attaqué les choses sérieuses. Une seule étape, de moyenne montagne en plus, celle remportée par Fabio Aru à la Planche des Belles-Filles, a été proposée. Il serait donc inopportun de tirer des conclusions hâtives. Si certains ont plutôt convaincu (Froome, Aru), d’autres ont tout de même un peu déçu.

Richie Porte n’a pas été très performant lors du chrono de Düsseldorf, mais celui que je retiendrais est colombien. La 5e étape de Nairo Quintana m'a laissé dubitatif. Lâché quand Froome a accéléré pour tenter de revenir sur Aru, le leader de la Movistar, désormais privé de Valverde, a calé. Son attitude sur le vélo ne laissait envisager rien de bon. Heureusement, le vainqueur de la Vuelta 2016 a retrouvé quelques couleurs dans le dernier kilomètre pour revenir légèrement et ne concéder "que" 14 secondes sur Froome (plus 4 de bonifications). On le sait : Quintana monte en puissance sur les épreuves de trois semaines. Il n’a (quasiment) pas d’équivalent dans les derniers jours d’un grand Tour. Il serait malaisé de l’enterrer dès le tiers de l’épreuve pour cette raison-là. Mais c'est un premier avertissement. Le deuxième pourrait être fatal.

Sans aucun doute, Richie Porte pour moi ! On l'avait laissé repoussant Chris Froome à 37 secondes sur les 23,5 kilomètres du contre-la-montre du dernier Critérium du Dauphiné, on l'a retrouvé à 35 secondes du Britannique sur les 14 kilomètres du contre-la-montre inaugural de cette 104 édition de la Grande Boucle. Le débours est énorme pour un coureur qui était un spécialiste de l'effort solitaire avant de jouer la victoire finale sur les Grands Tours.

Rebelote à La Planche des Belles-Filles où Chris Froome, sans doute dans une entreprise de déstabilisation psychologique, en avait fait son arrivée sur une ultime ascension qui seyait parfaitement à ses qualités. L'ancien équipier de Contador et Froome a pris ses responsabilités, faisant rouler son équipe pendant toute l'étape. Pour quel résultat ? Quatre secondes (de bonification) perdues sur Chris Froome et l'impression d'un énorme gâchis tant son équipe a travaillé. Mentalement, cette journée dans les Vosges peut laisser des traces puisque non seulement Froome a pris le meilleur sur son adversaire mais dès les premiers hectomètres de La Planche des Belles-Filles, les "Froome boys" de la Sky ont fait passer les BMC pour des enfants en prenant le commandement du peloton.

Cette fois-ci, il a eu chaud. Mais le constat reste le même, photo-finish ou pas : Marcel Kittel est bien le maître du sprint de ce Tour 2017. Ses trois bouquets lui confèrent en tout cas ce titre honorifique. Depuis le départ du Tour, je m’évertue pourtant à donner sa chance à Arnaud Démare quand il s’agit de pronostiquer sur notre Fantasy Predictor.

Les chiffres que j’ai vu passer lors du sprint de Troyes me confortent dans l’idée que le Français semble le mieux armé pour chatouiller l’Allemand. On fait dire ce qu’on veut aux statistiques mais Démare était monté à 75 km/h dans l’emballage final aubois alors que Kittel n’avait pu faire mieux que 71. Mais ce qui fait la différence, c’est le moment où cette vitesse est atteinte. Et c’est ici que le bât blesse pour le champion de France et que l’Allemand est le plus fort. Depuis sept jours, hormis à Vittel où les chutes ont faussé quelque peu le résultat final, Démare ne parvient pas à signer le sprint "parfait". Son placement est souvent aléatoire. Ou alors son équipe le lance de trop loin, comme ce fut le cas ce vendredi. Quand il aura mis tout ça en place, Démare devrait pouvoir jouer les trouble-fête. Mais pour l’instant, c’est loin d’être le cas.

Liège, Troyes, Nuits-Saint-Georges, trois sprints "clairs" et trois sprints remportés par Marcel Kittel. Impérial, l'Allemand a été magnanime en Bourgogne en laissant un peu (beaucoup) de suspense à l'arrivée. Deux fois lancés de loin, une fois bien emmené par son train, le sprinteur de la Quick-Step Floors sait tout faire et n'a pas d'égal sur ce Tour de France. Pour le moment !

Oui Arnaud Démare (et Edvald Boasson Hagen) semblent les plus proches de Kittel. Et pourtant si je devais miser sur un sprinteur pour battre Kittel à la régulière, je miserais sur son compatriote, André Greipel. Pour la simple et bonne raison qu'il a toujours remporté une étape sur le Tour depuis 2011. Une régularité incroyable à ce niveau. Dur au mal, l'Allemand n'a aucun souci pour passer la montagne et il arrivera plus frais que Kittel en deuxième et troisième semaines. On miserait bien sur Greipel à Rodez, à Salon-de-Provence ou sur les Champs-Elysées, où il a d'ailleurs gagné en 2015 et en 2016.