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Les débats : L'Izoard peut-il suffire à renverser Froome ?

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 20/07/2017 à 09:32 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à deux membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Ce mercredi, on évoque le parcours et on fait quelques pronostics.

Chris Froome (Sky) - Etape 17 - Tour de France 2017

Crédit: Getty Images

L'Izoard peut-il suffire à renverser Froome ?

Laurent Vergne
Franchement, j'en doute. Le Britannique a l'air beaucoup plus fringant qu'il ne l'était dans les Pyrénées, et c'est d'ailleurs exactement ce qu'il a déclaré à l'arrivée à Serre-Chevalier. Froome, Bardet et Uran semblent se tenir dans un mouchoir. Leur niveau de forme apparait asse similaire. Le Colombien a l'air d'attendre la semaine prochaine voire 2018 pour tenter quelque chose contre le maillot jaune et si Bardet a encore essayé mercredi dans le Galibier, ce fut surtout pour constater qu'il lui manquait un petit quelque chose pour décapiter les certitudes de l'homme fort de la Sky.
Comme Froome possède, en prime, le collectif idéal pour le sécuriser, il y a de fortes chances pour que l'Izoard, aussi dur et mythique soit-il, débouche sur un scénario analogue à celui du Galibier. Maintenant, on peut toujours rêver d'une étape un peu folle, avec un scénario extraordinairement audacieux, qui verrait les grandes manœuvres se déclencher en amont de l'Izoard. Ce pourrait bien être la seule solution pour ravir le maillot jaune à Froome, mais comme il s'agit d'un risque colossal susceptible de tout vous faire perdre (le podium par exemple), je doute fort que cela se produise.
François-Xavier Rallet
Que ceux qui pensent que le 4e sacre de Chris Froome est acquis se rangent derrière moi. Pour décramponner le Britannique, il va falloir se lever tôt. Il faudra espérer un bris mécanique ou un coup de malchance. Il va surtout falloir tenter de l'attaquer au bon moment. Ce mercredi, Romain Bardet et Dan Martin ont eu le mérite de tenter leur chance, mais leurs banderilles n'ont pas eu l'effet escompté. Elles ont surtout été trop timides et ont manqué de spontanéité pour faire vaciller le leader du général. Trop fort, ce dernier les a annihilés sans l'aide de personne et encore moins de Mikel Landa.
Ce jeudi, c'est l'ultime jour en haute montagne, la dernière chance de le renverser pour ses adversaires. Ça va bouger. Reste à savoir où et quand. L'Izoard suffira-t-il pour bouleverser les hauteurs du général ? Je ne le pense pas, surtout si Bardet and co. attendent de nouveau les derniers hectomètres pour tenter quelque chose contre l'omnipotent leader du Team Sky. Le col de Vars, qui précède l'Izoard, doit leur donner des idées. A plus de 2000m, l'air y manque terriblement et les organismes vont souffrir. Le vent aussi aura peut-être son rôle à tenir.
Mais il suffit de voir les écarts pour comprendre que Froome n'est plus très loin d'une 4e couronne. Il possède 27 secondes d'avance sur Uran et Bardet. C'est un bon matelas. Sur le chrono de samedi, il devrait prendre entre 30 secondes et 1 minute au Colombien et entre 1 minute et 1 minute 30 au Français. Je vous laisse faire le calcul et imaginer ce que ces deux hommes doivent lui reprendre d'ici là pour avoir une chance d'inscrire leur nom au palmarès. Non, vraiment, je n'y crois pas une seconde.

Podium : A-t-on déjà le tiercé, et dans le bon ordre ?

Laurent Vergne
C'est probable. En tout cas pour l'identité du tiercé. Chris Froome, Rigoberto Uran et Romain Bardet sont sans doute les trois hommes forts de cette dernière semaine. J'y ajouterais volontiers Mikel Landa, mais on sent que le lieutenant du maillot jaune a le pied au-dessus du frein à main et, sauf grosse audace de la Sky jeudi, Landa devra sans doute se résoudre à rester à sa place. Fabio Aru ayant coincé dans le Galibier, ça ne sent pas bon pour lui. En troisième semaine, il est souvent compliqué d'inverser une courbe déclinante.
Quant au fait de savoir si le trio de tête tel qu'il se présente à la veille de l'Izoard sera dans le même ordre sur les Champs-Elysées, il est tout de même tôt pour le dire compte tenu de l'étroitesse des écarts. Uran et Bardet ne sont séparés qu'aux centièmes à ce stade. Nous en saurons plus jeudi soir. Si Bardet est toujours derrière Froome et Aru, ce sera plié pour lui. Du trio, il est le moins bon rouleur, et Froome le meilleur. C'est cela qui peut effectivement inciter à voir dans le podium actuel le podium final.
François-Xavier Rallet
Oui et oui. Pour rester cohérent avec ma première réponse, je ne vois pas qui pourrait priver Chris Froome d'un 4e sacre sur les Champs-Elysées. Et pour les accessits ? Voir Uran prendre la 2e place à Bardet à Serre Chevalier est un épiphénomène. Ce n'était qu'une question d'heures. Cette année, dès que la pente s'élève, le Colombien, qui a compilé 22 secondes de bonifications (!), semble aussi fort que le Français.
Ce jeudi, il n'a jamais été décramponné quand Bardet a attaqué. Il n'a pas non plus pris le moindre relais. Pour quelles raisons ? Car il ne le pouvait pas ? Je n'y crois pas. Peut-être car il sait qu'il n'a pas besoin de faire ce genre d'efforts pour devancer le coureur AG2R La Mondiale à Paris ? Je penche plus pour cette option. Si la logique est respectée, Uran devrait signer un meilleur chrono que Bardet dans les rues de Marseille. S'il ne croit plus en sa victoire finale, et c'est bien dommage, il a tout intérêt à calquer sa course sur ses vrais adversaires.

Le parcours de ce Tour est-il mal fichu ?

Laurent Vergne
Ça râle beaucoup cette année sur le tracé de ce Tour de France. "Pas assez d'arrivées au sommet", "étapes sans intérêt", etc. Cette édition 2017 a jusqu'ici deux caractéristiques : un classement général extraordinairement serré dans ses premières positions et, c'est vrai, un manque de lyrisme, particulièrement dans ses étapes de montagne. Pour être honnête, j'ai l'impression que le parcours est dénigré chaque année. C'est une constante.
Celui de cette 104e édition avait le mérite d'emprunter tous les massifs montagneux, d'aller chercher trois cols hors catégorie dans le Jura, de proposer une étape d'à peine 100 kilomètres dans les Pyrénées. Bref, des profils variés tout de même. Fallait-il plus d'arrivées au sommet ? Je suis sceptique. Parfois, quand les arrivées hors catégorie s'enchainent, certaines sont escamotées. Lors du Tour 2011, par exemple, Luz-Ardiden n'avait ressemblé à rien parce que le Plateau de Beille arrivait le lendemain.
A mon sens, ce n'est pas un problème de ne pas arriver au sommet. Le souci, c'est de placer les arrivées trop loin du dernier col. Ces 10 kilomètres de plat pour rallier Chambéry en bas de la descente du Mont du Chat me restent en travers du gosier. Idem à Foix pour le Mur de Péguère. Mais globalement, c'est le manque d'audace des ténors, leur attentisme et leur conservatisme tactique qui débouche sur ce Tour sans grande saveur quant à son déroulé. Le parcours a bon dos. Il leur reste une journée pour nous faire oublier tout ça et donner à ce Tour une autre dimension. Mais je ne retiens pas mon souffle.
François-Xavier Rallet
J'entends ici et là que ce Tour 2017 est "boring". Soit. Mais à qui la faute ? Aux coureurs ? Ils ont leur part de responsabilité. A la carte de cette Grande Boucle ? Un peu, il est vrai. Finalement, je dirais que les torts sont partagés. ASO, Thierry Gouvenou et Christian Prudhomme ont enchaîné les étapes où la dernière grosse difficulté est située loin de l'arrivée. Les exemples ne manquent pas : la 9e étape vers Chambéry (Bardet était passé tout proche de la victoire mais les 30km qui séparaient le sommet du Mont du Chat avaient condamné ses espoirs), la 12e étape vers Peyragydes (il avait fallu attendre les 300 derniers mètres pour se mettre quelque chose sous la dent), la 13e étape vers Foix ou encore la 15e étape vers Le Puy-en-Velay.
Mais ne jetons pas la pierre uniquement à l'organisation. Le Team Sky a aussi sa part de responsabilité. Avec une équipe aussi forte, qui cadenasse autant et tue dans l'œuf les velléités de ses adversaires, c'est compliqué d'animer une course. Et ça n'aide pas à rendre un parcours intéressant, soyons honnête.
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