Primoz Roglic remporte la 17e étape, Uran et Bardet nouveaux dauphins de Chris Froome

Un perdant. Et un grand gagnant. La première des deux grandes étapes alpestres, via la Croix de Fer et le Galibier, a mis en lumière la faiblesse de Fabio Aru, mis en difficulté par les banderilles d'un Romain Bardet incisif. Le champion d'Italie descend ainsi du podium à l'issue de ce 17e acte. Mais si Serre-Chevalier a sacré en solitaire le superbe Primoz Roglic, premier Slovène vainqueur d'une étape dans l'histoire du Tour, l'immense bénéficiaire du jour se nomme Chris Froome.

Le Britannique, pas en danger une seule seconde, a fait un pas supplémentaire vers un quatrième sacre. Il ne reste plus que la journée de jeudi, et l'arrivée au sommet de l'Izoard, pour bousculer le double tenant du titre, favorisé par la perspective du contre-la-montre de samedi à Marseille. Froome sort renforcé de cette étape, à l'issue de laquelle il devance Uran et Bardet, tous les deux dans le même temps, de 27 secondes. Aru, lui, est relégué à 53 secondes du maillot jaune.

Une fois encore, cette étape, charnue sur le papier, laisse un goût d'inachevé. Pas de grandes manœuvres entre les favoris, qui ont attendu les 5-6 derniers kilomètres du Galibier pour tenter quelque chose. Et encore. Ils ne sont que deux à avoir essayé. Dan Martin, d'abord, mais l'Irlandais a vite été repris. Puis Romain Bardet. Une fois, puis deux. Suffisant pour chahuter un Fabio Aru à la limite dans cette troisième semaine. L'Italien a fait le yoyo mais a basculé dans la longue descente finale derrière le groupe composé de Froome, Bardet, Uran, Landa, et l'épatant Warren Barguil, désormais dans le Top 10 au général. A Serre-Chevalier, Aru a perdu une trentaine de secondes sur les autres ténors.

Malheureusement, les escarmouches de Romain Bardet n'ont pas permis au Français de déboulonner Chris Froome, ni même Rigoberto Uran. Pire, dans le sprint final, le leader d'AG2R a dû se contenter de la 4e place, la plus mauvaise, puisqu'il a vu Uran et Froome lui chaparder respectivement six et quatre secondes de bonification. S'il reste sur le podium, le natif de Brioude voit le rêve un peu fou de succéder à Bernard Hinault se compliquer. Il lui faudra tout miser désormais sur l'ultime étape de montagne de ce Tour, jeudi. Mais l'Izoard suffira-t-il à renverser la table ? Il est de plus en plus permis d'en douter.

Il a clairement manqué une dimension épique à cette journée, et sans doute un soupçon d'audace supplémentaires aux rivaux de Chris Froome. De l'audace, du panache, Alberto Contador n'en manque pas. Mais l'ancien vainqueur du Tour n'a plus que cela à offrir. Elu combatif du jour, El Pistolero, pas sans cœur mais sans cartouche, a tenté de partir de loin pour s'offrir une victoire d'étape en guise de lot de consolations. Dans le Galibier, Contador était encore devant. Mais dans ce groupe de tête, ses grimaces et son coup de pédale douteux ne laissaient pas augurer du meilleur. Et quand Primoz Roglic est parti, on a vite compris qu'il était le plus fort.

Le Slovène de la Lotto-Jumbo a signé un numéro hallucinant dans la partie finale de cette ascension mythique. Et que dire de sa descente ! Avec 1'35" de marge au sommet, il a parfaitement géré son effort, résistant sans mal au groupe maillot jaune qui ne rigolait pourtant pas afin de distancer Fabio Aru. Impressionnant Roglic. On le savait excellent rouleur et coureur complet, mais là, nous étions tout de même dans la Croix de Fer et le Galibier. Il restera le vrai grand bonhomme de cette petite journée.