Tour de France 2017 - Fabio Aru, l'adversaire numéro un pour Chris Froome ?

Il fallait un chevalier pour partir à l'assaut des Belles Filles. Jusqu'à 2,5 kilomètres du sommet, les leaders sont montés dans une procession menée par un train blanc, celui de la Sky. Et Fabio Aru, le "Chevalier des quatre Maures" (son surnom, inscrit sur son cadre), s'est dressé sur les pédales. Il n'est pas Contador. Il n'est pas de ces coureurs gracieux sur le vélo. Mais quelle efficacité !

Ni Porte, Ni Quintana, ni Bardet n'ont pu suivre son attaque. Chris Froome, trop concentré sur Richie Porte, a lui jugé que le Champion d'Italie n'était pas le plus dangereux de ses adversaires. Et le nouveau maillot jaune du Tour le regrette: "Quand il a attaqué, je suis resté avec mes équipiers et j'ai attendu la réaction des autres. Mais personne n'a bougé. Je me suis décidé à y aller mais on a peut-être top attendu".

Pour Aru, cette victoire est déjà une sacrée revanche. Fin avril, il se prépare tranquillement pour le Giro qu'il aborde avec d'énormes ambitions. Troisième en 2014, deuxième en 2015, le grimpeur d'Astana ne vise rien que d'autre que la victoire. En quelques jours, il doit faire une croix sur le Tour d'Italie, à cause d'une blessure au genou, et a la douleur de perdre Michele Scarponi, son coéquipier et ami, renversé par un camion à l'entraînement.

"J'ai passé des mois difficiles à cause de ma blessure, mon équipe aussi a passé des moments difficiles, avoue-t-il. Ma famille, mon masseur, mon attaché de presse sont les seuls à savoir ce que j'ai vécu à cause de ma blessure. J'ai eu du mal à me résigner à ne pas courir le Giro. Ce n'est pas tous les ans que le Giro part de Sardaigne (son île natale, ndlr)". Et fin juin, Aru a remporté, de manière éclatante, le championnat d'Italie. Ce jour-là, il portait le maillot que Scarponi lui avait offert lors de leur dernier stage ensemble, en Sierra Nevada. La forme affichée par le coureur de 27 ans était de bon augure avant le Tour.

Il est évident trop tôt pour le dire tant Richie Porte et Romain Bardet ont prouvé qu'il faudrait compter sur eux mais sur les six kilomètres d'ascension de La Planche des Belles Filles, Aru a répondu à certaines questions que l'on se posait. Oui, il est capable de briller sur le Tour. Et pourtant, il n'avait pas reconnu l'ascension du jour. "Je ne connaissais pas la montée. J'ai regardé sur internet les vidéos (des victoires) de Froome en 2012 et de Nibali en 2014, avoue-t-il. C'est en les voyant que j'ai décidé d'attaquer à moins de 3 kilomètres".

Le garçon sait où il va. Il sait aussi d'où il vient. En 2016, il occupait la sixième place du général à deux jours de l'arrivée à Paris avant de craquer dans l'étape de Morzine et de sortir du top 10 (il finira 13e). "J'ai beaucoup appris de l'avant-dernière étape. C'était pire qu'un coup de couteau pour moi", se remémore-t-il.

Aujourd'hui, il est, d'un point de vue comptable, l'adversaire numéro 1 de Froome (3e au général à 14 secondes derrière Thomas). Il a aussi montré qu'il avait du panache. "Aujourd'hui, j'ai essayé pour donner du spectacle. Je suis très satisfait: non seulement j'ai donné du spectacle mais j'ai gagné". Le panache suffira-t-il pour désarçonner Froome et la Sky ? Il faudra sans doute à Aru des alliés de circonstances. Des Porte, des Bardet et pourquoi pas des Quintana.

"La Sky était très forte dans la montée finale, ses coureurs étaient en nombre. Ce sera dur de se battre contre eux, analyse-t-il avant d'ajouter que "Chris (Froome)est très fort". Mais un Chevalier ne recule pas devant l'obstacle. Aru prévient : "Je n'ai jamais eu peur de l'attaquer. Ici aussi on se fera la guerre jusqu'à la fin".