Les débats du Tour : Ineos va-t-elle chercher à frapper un grand coup ?

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ParEurosport

Mis à jour 11/07/2019 à 07:17 GMT+2

TOUR DE FRANCE - Chaque jour, trois questions sont posées à des membres de la rédaction. Chacun donne son point de vue et vous invite à prendre part à la discussion. Au menu ce mercredi, Peter Sagan, Edvald Boasson Hagen et… La Planche des Belles Filles.

L'équipe Ineos autour d'Egan Bernal

Crédit: Getty Images

Dans la course au maillot vert, Sagan a-t-il (déjà) tué tout suspense ?

  • Julien Chesnais
Le quart du Tour n’a pas encore sonné mais force est de constater que le Slovaque est déjà très bien parti pour battre le record d’Erik Zabel (six victoires au classement par points). Seul coureur à posséder plus de 100 points, Il possède 47 unités d’avance sur Michael Matthews. Soit l’équivalent d’une victoire sur une étape de plaine. La concurrence ne va pas rendre les armes tout de suite. Mais elle sait que l’opération est d’ores et déjà très complexe. Son principal opposant, Matthews, lui est inférieur en vitesse pure et pas supérieur en montagne. Bref, l’Australien n’a l’avantage nulle part.
À part un chef d’œuvre tactique, il aura bien du mal à refaire son retard. Derrière, on a Viviani, 3e à 52 pts, qui est plus rapide que Sagan. Mais il ne reste plus que quatre réelles étapes pour purs sprinteurs (voire 5). Cela fait bien peu pour que l’Italien puisse revenir à la régulière, sachant qu’il va buter sur la moindre aspérité dans les étapes vallonnées, comme ce fut le cas ce mercredi. Bref, hors coup du sort pour Sagan (ce qu’il ne faut jamais exclure, cf 2017), le suspense n’est déjà plus vraiment de rigueur.
  • Maxime Dupuis
Comme Julien l'a expliqué, Peter Sagan possède une avance substantielle sur son premier poursuivant, Michael Matthews. Voilà pour le constat. S'il est un peu tôt, encore, pour tirer des plans sur la comète et sur une course qui a à peine pris de la hauteur, mercredi entre Saint-Dié-des-Vosges et Colmar, on peut d'ores et déjà annoncer que Peter Sagan n'est pas tellement loin de la grande forme et, avec celle-ci, il a ce qu'il faut pour rallier Paris.
Si son printemps a été décevant, avec trois victoires et une campagne de classiques loin de ses standards de triple champion du monde, Peter Sagan retrouve ses cannes au meilleur moment. La preuve, il l'a fournie lors d'un sprint qu'il a dominé de la tête et des épaules. Quand il a mis la machine en route, rien ni personne ne pouvait le stopper. L'affaire fut vite entendue. Son équipe n'a pas travaillé pour rien. Sagan est de retour. La route des Champs est longue. Mais elle est moins encombrée que prévu.
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Une longue échappée et Sagan pour terminer la journée : le résumé de la 5e étape

Edvald Boasson Hagen est-il le (vrai) héros du jour ?

  • Maxime Dupuis
Déjà, coupons court au débat qui n'a pas lieu d'être : le combatif du jour ne pouvait être lui. Parce que le titre honorifique est quotidiennement décerné avant l'arrivée et, dans ces conditions-là, il ne pouvait échapper à Tom Skujins (Trek-Segafredo). Le champion de Lettonie (route et contre-la-montre) fut de la longue échappée du jour et il tenta désespérément de la faire survivre, seul et dans un dernier effort des plus désespérés. Mais, pour ma part, mon combatif du jour s'appelle Edvald Boasson Hagen. Le malheureux a été victime d'un incident mécanique au pire moment, à l'orée de la dernière côte, celle des Trois-Épis.
Eh bien, vous savez quoi ? Comme un grand, le natif de Lillehammer a avalé la montée, tout seul, et repris la minute de débours qu'il avait concédée. Et le plus beau, dans tout ça, c'est qu'il a terminé 12e de l'étape après avoir tenté sa chance au sprint. EBH n'a pas pu enrayer la marche triomphale de Peter Sagan. Mais lui aussi mérite d'être mis en lumière ce soir. Le cyclisme est magnifique, aussi, parce que les histoires écrites à l’arrière du peloton sont parfois les plus belles.
  • Julien Chesnais
La prouesse physique de Boasson Hagen n’est pas passée inaperçue dans le final de Colmar, et il est juste de rendre hommage au Norvégien, comme le souligne Maxime. Peu de sprinteurs auraient été capables d’autant de résilience, de se mettre minable dans une bosse aussi rude, seul face à un peloton déchaîné, dans l’espoir très compromis d’un retour. Il l’a réussi. Bravo à lui. Une victoire, ou même un podium, auraient magnifié son come-back. Mais l’exploit était déjà assez fort comme ça.
Méritait-il le prix du combatif du jour ? Assurément. La combativité revêt des visages multiples, et celui incarné par Boasson Hagen en était l’un des plus admirables. On peut simplement regretter qu’il ne puisse être officiellement récompensé pour la simple raison que son numéro s'est produit trop tardivement dans l’étape. Si le jury doit plier bagages bien avant l’arrivée, les coureurs, eux, n’ont pas ce luxe-là.

Ineos ou une autre, quelle équipe va mettre la main sur l’étape de jeudi ?

  • Julien Chesnais
On n’imagine évidemment pas Ineos se cacher pour cette première étape de montagne. Elle aime trop montrer sa supériorité pour cela et l’on verra sans doute le maillot pourpre et noir en tête du peloton une bonne partie de la journée. Mais je crois que l’équipe qui aura le plus envie de jouer les chiens de garde portera une tunique bien plus claire. S’il y a bien une étape que Thibaut Pinot veut gagner, c’est celle-ci. Le Franc-Comtois est chez lui (son village, Mélisey, est situé à 20 kilomètres du pied de la Planche). Et vu sa forme olympique, il a toutes les raisons d’ambitionner la victoire (qui lui avait échappée de 15’’ face à Nibali en 2014), même face à Bernal and co.
Si une échappée venait à prendre un peu trop le large, on verra sans doute du Groupama-FDJ en tête de paquet. De plus, avec l’aide des bonifs, un succès pourrait pourquoi pas s’accompagner du maillot jaune. Autant de raisons de compter sur Pinot et les siens pour tout verrouiller. Avec ou sans Ineos.
  • Maxime Dupuis
J'aimerais bien le savoir… mais je n'ai pas de boule de cristal en ma possession. Néanmoins, pour la quatrième fois en sept ans, je ne serais pas étonné que l'étape vers La Planche des Belles Filles ait des faux airs de premier coup de semonce, à défaut d'être un juge de paix. Si l'on attend légitimement Romain Bardet ou Thibaut Pinot, avec une gourmandise non feinte, il m'étonnerait guère de voir le train Ineos boucler la course à double tour.
En 2012, 2014 et 2017, le porteur du maillot jaune au sommet du massif vosgien est rentré à Paris avec la mythique tunique (ndlr : seul Froome l'avait laissée à Aru durant deux jours en 2017). Rien d'un hasard. Les cadors du peloton qui n’ont pas la mémoire courte savent que les premières lignes de la grande histoire de ce Tour de France 2019 s'écriront dès jeudi, à l'occasion de cette 6e étape. Et je serais guère étonné de voir Geraint Thomas, Egan Bernal et leurs copains tenir le crayon.
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