Tour de Lombardie : Des feuilles mortes et un Monument mystique : la saison n’est pas finie !

Benoît Vittek

Mis à jour 07/10/2017 à 10:21 GMT+2

TOUR DE LOMBARDIE - Sous le saint patronage de la Madonna del Ghisallo, Il Lombardia offre un dernier grand rendez-vous, prestigieux, musclé, et porté par une aura singulière sur les rives boisées du Lac de Côme.

Nairo Quintana devant la chapelle dédiée à la Madonna del Ghisallo

Crédit: Getty Images

Difficile de reprocher quoi que ce soit à l’amateur cycliste qui prête une attention distraite aux courses plus ou moins exotiques qui lancent la saison sous des latitudes clémentes en janvier et en février. De même, on ne vous en voudra pas vraiment si vous "oubliez" que le calendrier UCI sur route offre de nouveaux rendez-vous aux quatre coins du monde en cet automne, jusqu’en Chine où le Tour de Guangxi sera, fin octobre, la dernière épreuve World Tour de l’année (nous, on y sera pour vous compter les derniers tours de roue des stars du peloton avant de se projeter sur 2018).
Mais le week-end qui vient, sous le signe des feuilles mortes, convoque à nouveau la légende du cyclisme. Avant Paris-Tours dimanche, il reste un dernier Monument à conquérir, il Giro di Lombardia. Certes, il y aurait des raisons de snober la "classica de foglie morte", au bout d’une saison qui a déjà bien mobilisé coureurs et suiveurs. Samedi, lorsque le peloton prendra la direction de Côme, cela fera déjà 167 jours que le peloton s’est frotté à l'une des cinq grandes classiques de la saison, tandis que les quatre premiers Monuments de la saison s'étalent sur à peine plus d'un mois (35 jours entre San Remo et Liège).
Entretemps, les chasseurs de classiques se sont livrés de nombreuses batailles jusqu’au dernier championnat du monde, les trois Grands Tours sont venus lessiver le peloton et chacun a laissé sur le bord de la route la plupart des cartouches à sa disposition pour la campagne 2017. Il n'empêche, le peloton rassemblé à Bergame pour la 111e édition du Giro di Lombardia (8 de plus que pour la Doyenne) réunira encore de sacrés coursiers, prêts à se disputer une victoire prestigieuse sur un terrain mythique, dans une ambiance mystique, devant un public à la passion non moins légendaire.

Sous l'oeil de la "Madonna"

Car qui dit Monument, dit petites et grandes histoires. Celles du Giro di Lombardia se sont écrites sous la bénédiction de la Madonna del Ghisallo. Sur les hauteurs de Côme, se dresse une petite chapelle. Symbole absolu de la relation mystique entre cyclisme et forces supérieures, sa “Madonna” a été proclamée patronne des cyclistes après que des dizaines de coureurs italiens en ont fait la demande au pape en 1948. Les coureurs y sont des Saints et des pénitents (Gino “le pieux” Bartali y est immortalisé par un buste, au côté d’autres vainqueurs historiques, Fausto Coppi et Alfredo Binda). Une volée de cloches célèbre le peloton lorsqu’il s’aventure sur ces hauteurs.
Le sanctuaire abrite une incroyable collection d’artefacts cyclistes : maillots jaune, rose, de toutes les couleurs, montures bénies (notamment les vélos victorieux de Coppi, habitué à s’envoler dans le Ghisallo et quintuple vainqueur en Lombardie, un record, dont quatre succès consécutifs à partir de 1946, autre record) et maudites - le vélo brisé de Fabio Casartelli y a également été déposé par les proches de l’Italien mort sur le Tour de France 1995, 24 ans après sa naissance à Côme. La chapelle déborde et, en 2006, un musée du cyclisme a finalement été ouvert juste à côté.
Cette légende se perche au sommet d’une ascension immortalisée (entre autres) par Ian Dille dans sa “Cycling’s bucket list”, une liste de 75 hauts lieux du cyclisme à visiter :
EXERGUE : “Pour atteindre le clocher de la sainte patronne du cyclisme, la Madonna del Ghisallo, il faut d’abord s’absoudre de ses péchés en grimpant cette route depuis les eaux bleues glacées du Lac de Côme. (…) La route tourne et se tord à travers les bois, chaque virage offrant une vue à couper le souffle (littéralement) sur le lac, les montagnes, et la péninsule de Bellagio en contrebas. Dans les deux derniers kilomètres de la montée, la route se cabre à nouveau, et trois épingles, tracées avec une perfection divine, vous amènent au sommet de la montagne brumeuse et à la porte du sanctuaire.”

Légendes italiennes et internationales

Pour cette 111e édition, le pèlerinage de la Madonna del Ghisallo atteindra son sommet au km 183. Dans la foulée, les coureurs affronteront un autre mythe lombard. Avec ses pentes à plus de 20%, le Muro di Sormano a longtemps forcé les coureurs à mettre pied à terre. Cet enchaînement devrait encore être déterminant, avant l’explication finale sur le Civiglio et San Fermo della Battaglia. Avec sa place dans le calendrier, son aura mystique et ses paysages spécifiques, c’est l’autre spécificité du Giro lombard : parmi les classiques, son parcours est le plus susceptible de consacrer les purs grimpeurs.
Sur il Lombardia, difficile de tromper son monde. Il faut être le plus fort pour s’imposer par delà les ascensions musclées qui offrent quelque 4.000m de dénivelé positif sur 250km de course. Certes, Oliver Zaugg y a décroché la seule victoire de sa carrière (en 2011) et Mirko Celestino faisait un drôle de vainqueur surprise en 1999. Mais remporter le dernier grand rendez-vous du calendrier international, c’est aussi rejoindre au palmarès les géants de l’histoire (Hinault, Merckx, Kelly… en plus des légendes du cyclisme italien).
Samedi, ils seront quatre anciens vainqueurs au départ : Damiano Cunego (2004, 2007, 2008), Philippe Gilbert (2009, 2010), Dan Martin (2014) et Vincenzo Nibali (2015). Et de nombreux autres bien conscients qu’au bout de la saison, il y a une place à se faire parmi les Saints bénis par la Madonna del Ghisallo.
Le peloton lors du Tour de Lombardie en 2016
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