Tour des Flandres - En 15 mois, Kristoff est devenu une pointure, et ce n'est peut-être qu'un début

Dans l'histoire des classiques World Tour (les actuelles), la Norvège n'a jamais vraiment fait partie des grandes nations du cyclisme. Malgré un Thor Hushovd régulier entre 2005 et 2010 ou encore un Edvald Boasson Hagen très prometteur à ses débuts, les Norvégiens ne comptent que six victoires sur les 804 premières (jusqu'à mars 2014 donc) classiques World Tour de l'histoire (Gand-Welvelgem 2006 et 2009, un GP E3 en 2008, une Vatenfall Classics en 2011, le GP de Plouay et le GP de Montréal en 2012). Soit aucune sur les Monuments.

Heureusement pour la Norvège, Alexander Kristoff a franchi un cap en 2014 et il est aujourd'hui l'un des plus grands coureurs des classiques actuels… Avec le Tour des Flandres 2015, le Katusha a désormais remporté trois des dix-sept  dernières classiques World Tour disputées (Milan-SanRemo et Vatenfall Classics 2014 + le Ronde en 2015) Soit deux Monuments de plus que le reste de la Norvège ! Et si c'était déjà le plus grand coureur norvégien de l'histoire ?

Gagner des grandes courses, c'est bien. Assumer tout le poids de la course, ne pas craquer sous la pression, c'est autre chose. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne perturbe pas le sprinteur de la Katusha. Que ce soit un grand évènement ou une épreuve dont il est le favori, le Norvégien est toujours là. En 2012, après s'être montré sur le Giro (5 top 10), il décroche la première médaille (de bronze) olympique de la Norvège depuis Lauritzen à Los Angeles en 1984…

Aux derniers Mondiaux de Ponferrada, il résiste à la pression de se montrer à l'avant durant de longs kilomètres avant de surgir sur la fin pour accrocher un top 10 (8e). Pas si mal pour l'un des favoris les plus isolés (il n'avait au départ que deux coéquipiers). Attendu cette saison comme le meilleur sprinteur du monde avec Marcel Kittel depuis ses trois succès sur les routes du Tour de France l'an dernier,  Alexander Kristoff ne se loupe presque jamais. Sur les 23 victoires possibles qu'il pouvait remporter cette saison, le double champion de Norvège (2007 et 2010) en a glané 10, auxquelles il faut ajouter 16 top 5 ! La pression semble taillée pour lui…

On le sait. Le maître de la régularité depuis deux ans est Alejandro Valverde (Movistar). Ça lui a permis de remporter le classement World Tour 2014 et d'être aujourd'hui un très large leader avec 3410 points au PCS ranking (autre classement de référence qui comptabilise lui toutes les courses). Mais derrière, un autre coureur sort assez largement du lot avec 2771 points, soit 900 de plus que le troisième. Et c'est Alexander Kristoff, également deuxième du classement World Tour 2015.

Depuis mars 2014, le Norvégien est en effet juste épatant. En 2014, le Norvégien s'est offert Milan-San Remo, le Grand Prix de Francfort, la Vatenfall Classics, deux étapes du Tour de Norvège, trois aux Fjords, deux sur le Tour de France et deux sur l'Artic race.  Douze succès l'an passé auxquels il faut ajouter la 5e place sur le Tour des Flandres, une 8e aux Mondiaux mais aussi, en 2015, trois étapes au Tour du Qatar, une à Oman et à Paris-Nice, trois aux Trois Jours de la Panne dont il a remporté le général. Et en plus, il s'offre le Ronde…

Très gros sprinteur, grand classicman. Comment ne pas comparer Alexander Kristoff au grand Tom Boonen ? Les deux hommes ont un énorme moteur et semblent être favori lorsqu'il s'agit de sprint ou de classique. Alors oui, le Norvégien est plus âgé que le Belge lors de son premier succès sur le Ronde (27 contre 25). Mais avant cette année-là, Boonen était juste prometteur. Pas Kristoff. Dès lors, que peut viser le Norvégien désormais ? Il aura l'énorme pancarte dans une semaine à Roubaix pour réaliser un doublé. Comme Boonen en 2005 et 2012.

Il sera ensuite temps de se tourner vers le Tour de France et les Mondiaux où il est un sérieux candidat pour le maillot vert et celui arc-en-ciel. Le Belge aussi l'avait réalisé par la passé. Mais son profil peut-il l'amener ailleurs ? Vers d'autres classiques ? Ça paraît compliqué même si une Amstel Gold Race cadenassée pourrait éventuellement lui profiter. Quant aux courses par étapes, on peut oublier cela. Il n'a pas le profil pour la haute montagne, ni même la moyenne d'ailleurs. Mais, en restant sur San Remo et les pavés, il pourrait bien enchaîner les victoires. 27 ans c'est assez jeune après tout. N'est-ce pas M.Voigt ?