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Les Mousquetaires étaient bien quatre

Laurent Vergne

Mis à jour 15/08/2016 à 03:59 GMT+2

JO RIO 2016 – L'équipe de France d'épée a conquis le titre olympique pour la troisième fois consécutive, dimanche à Rio. Et jamais le mot équipe n'aura eu tant de sens. Daniel Jérent impeccable, Yannick Borel stratosphérique et Jean-Michel Lucenay, joker impérial pour suppléer un Gauthier Grumier en difficulté mais malgré tout indispensable à ce collectif.

Les mousquetaires français de l'épée

Crédit: AFP

Ils se l'étaient promis. Là-haut. Tout là-haut. C'était leur place. Associée au fiasco londonien auquel elle n'avait pourtant pas pris part pour la partie collective, l'équipe de France d'épée a repris sa triomphale marche olympique. On avait tendance à l'oublier, mais elle était bien double tenante du titre après ses sacres à Athènes et Pékin. A Londres, la stupide rotation des épreuves imposée par le CIO les avaient privés de leur jouet. Les épéistes tricolores ont donc désormais remporté les trois derniers titres olympiques et sept des dix derniers titres mondiaux. Et ce sacre carioca, plus que jamais, est celui d'un collectif.
Quelle autre équipe pourrait se permettre de se passer, en finale olympique, des services du numéro un mondial ? De celui qui porte cette arme depuis plusieurs années ? Qui a décroché quatre jours plus tôt une médaille en individuelle ? Aucune. Mais c'est la force de ce collectif. Hugues Obry, l'entraîneur national, l'avait dit dans la semaine : avec Jean-Michel Lucenay, ce n'était pas "une roue de secours" dont il disposait, mais "d'une autre Ferrari". Alors, quand il est apparu que Gauthier Grumier, le numéro un mondial en question, n'était pas dans son assiette, Obry n'a pas hésité une seule seconde.
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France championne olympique à l'épée - Escrime JO Rio 2016

Crédit: AFP

Lucenay efface Pékin

Pour la finale face à l'Italie, il a aligné d'entrée Lucenay, son quatrième mousquetaire. "En fait, ça a été la décision la plus facile de toute ma carrière, explique Obry. Gauthier n'était pas bon et il est mauvais contre les Italiens en ce moment. Je l'ai laissé contre les Hongrois en demie parce que Jean-Mich', les Hongrois, c'est pas son truc. Puis on avait du temps avant la finale. Je l'ai prévenu deux heures avant, il a pu bien s'échauffer, bien se mettre dedans mentalement."
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Lucenay a assumé, mais personne n'en doutait au sein de l'équipe. "Il a bien pris son rôle de quatrième, ajoute Obry. Il y est à l'aise et quand on a besoin de lui, il sait faire." Quel bonheur pour Jean-Michel Lucenay, 37 ans, qui avait été privé des joies du podium après le titre à Pékin. Les officiels avaient refusé de le faire monter sur le podium avec ses potes. Les images de Lucenay, en pleurs, avaient fait mal à tout le monde. "On s'était promis qu'il serait avec nous cette fois", raconte Grumier.
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L'équipe de France d'épée

Crédit: AFP

Borel monumental

Le taulier sorti de l'équipe, chacun a dû alors composer avec son nouveau rôle. Surtout Yannick Borel. Il a été promu finisseur en demie contre les Hongrois, avec une seule touche d'avance. "Ça ira, t'inquiète", a-t-il alors dit à Grumier. Oui, ça a été. Et même encore mieux en finale. Borel a été immense toute la journée. "C'était un peu comme dans un rêve", souffle le numéro 5 mondial, qui a écrasé de toute sa classe ce tournoi par équipes. "A titre personnel, dit-il, c'est ma plus grande satisfaction. Je ne sais pas où ça peut me mener pour la suite mais là, je savoure."
Lors des deux derniers matches, en dehors de Grumier, en dedans, tous, y compris Daniel Jérent, ont affiché un ratio positif lors de leurs relais. Mais si Grumier a été erratique dimanche, il doit évidemment être grandement associé à ce titre. Il les a si souvent portés. Trop, peut-être, dit Obry : "Longtemps, les autres ont eu tendance à se cacher derrière Gauthier. C'était le leader, c'était facile. Ça a été un problème. Je leur ai fait prendre conscience que chacun était leader. Après les Mondiaux de Moscou, je pense qu'il n'y en a pas un qui pensait que Yannick Borel était capable de finir un relais olympique. Mais aujourd'hui, j'avais un collectif énorme." Enorme, oui.
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