Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Laura raconte Flessel

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 07/11/2010 à 20:37 GMT+1

14 ans après son titre olympique à Atlanta, Laura Flessel est toujours au sommet. Avant de viser une nouvelle médaille lundi lors des Mondiaux de Paris, la Guêpe se raconte. De ses débuts en Guadeloupe à son ultime défi londonien, dans deux ans à Londres, elle livre les clés de sa carrière.

Eurosport

Crédit: Eurosport

. POURQUOI L'ESCRIME?
"Ma soeur faisait de la danse et ça ne m'intéressait pas du tout. Je n'étais pas une petite princesse. J'ai eu une poupée, une fois, et je lui faisais plein de méchancetés! On m'appelait le garçon manqué. Ma mère voulait me féminiser mais moi je débordais d'énergie et je lui ai fait une contre-proposition en lui disant que je voulais faire de l'escrime. Le lendemain, elle m'avait trouvé une salle. Tout est parti d'un résumé que j'ai vu à la télévision, au journal. C'était un match de sabre, j'avais 6 ans. Ce qui m'a séduit, c'est ce masque et tout ce cérémonial autour de l'habillage. Je pouvais devenir une autre derrière lui. Je devenais puissante. Petite, j'étais débordante d'énergie mais terriblement timide. Derrière ce masque, je pouvais garder cette énergie et je perdais ce côté timide car j'étais à l'abri du regard des autres. Je devenais insolente. Je n'avais plus peur."
. POURQUOI L'EPEE ?
"Au départ, je voulais faire su sabre, parce que c'était ce que j'avais vu à la télé. Quand je suis arrivé la première fois à la salle, j'ai dit à mon entraîneur, "je veux faire su sabre". Lui a entendu "je veux faire de l'escrime". Résultat, j'ai fait 12 ans de fleuret ! A l'époque, il n'y avait pas d'épée chez les filles. Puis au bout d'une dizaine d'années, dans les Caraïbes, il y avait un classement par nations. Pour marquer plus de points, je doublais les armes et c'est là que j'ai commencé à faire de l'épée en plus du fleuret. J'ai appris sur le tas. Je ne prenais pas de cours d'épée mais j'en faisais en compétition. Je faisais ça à ma sauce, en mettant du fleuret dans mon jeu. Mon entraîneur me donnait des clés, mais sans que je prenne de véritables leçons. Ça s'est fait un peu à l'instinct. Puis quand je suis arrivée à l'INSEP, plus tard, on m'a demandé de choisir et j'ai opté pour l'épée. Je ne prenais plus de plaisir au fleuret et paradoxalement, à l'épée, j'avais des résultats sans avoir véritablement le niveau technique. C'était une arme naissante, ça me plaisait."
. POURQUOI LA GUEPE ?
"Contrairement à ce qu'on croit, mon surnom ne vient pas de mon jeu et notamment de cette fameuse touche au pied. Ça remonte à beaucoup plus loin que ça. Quand j'ai commencé l'escrime, j'étais vraiment toute menue et j'avais une taille de guêpe. Il n'y avait d'ailleurs pas de veste à ma taille. Elles étaient toutes trop grandes! Alors je tirais avec une veste un peu large pour moi et mon surnom est partie de là. Il y a un petit malentendu avec cette touche au pied. J'ai plus un jeu de contre qu'nu jeu d'attaque. Mais c'est vrai que je l'aime cette touche au pied, parce qu'elle a quelque chose d'un peu insolent. Elle touche l'adversaire dans son corps, parce que le pied est la base de l'équilibre de l'escrimeur, mais aussi dans son orgueil, car elle est rare."
. POURQUOI EST-ELLE DEVENUE UNE GRANDE CHAMPIONNE?
"Parce que je suis une bosseuse. Parce que je suis une éternelle insatisfaite, et que je possède, je pense, les qualités qui permettent d'arriver au plus haut niveau. Je crois que l'obstination, pour un champion, c'est une qualité. Et je sais être obstinée sans être têtue. J'aime avoir raison. J'aime surprendre. Et, surtout, je sais me remettre en question. C'est indispensable pour durer. Puis j'ai su corriger mes défauts. Mon impatience, par exemple."
. POURQUOI EST-ELLE DEVENUE L'ICONE DE L'ESCRIME FRANCAISE?
"Je ne crois quand même pas être seule. Il y a eu d'autres histoires qui ont marqué les gens, comme celles des Touya, des Jeannet, Brice Guyart... L'escrime française, ce n'est pas que Laura Flessel. Après, c'est vrai que j'ai peut-être une notoriété un peu supérieure, qui dépasse le cadre de mon sport. Mais je veux croire que c'est d'abord grâce à mes résultats depuis 15 ans. C'est parce que j'ai été championne olympique que je suis devenue un peu célèbre. Et c'est parce que j'ai continué à gagner des titres et à avoir des médailles par la suite que j'existe encore. Quand j'ai débuté, j'étais la petite Guadeloupéenne. Puis je suis devenue la Laura de la France. J'en suis très fière."
. POURQUOI CONTINUER JUSQU'A LONDRES?
"C'est comme dans tout. Il fallait bien réfléchir. Le sport de haut niveau est exigeant. Ces deux années de plus, ça peut être deux années de blessures, de résultats décevants, de galère si ça ne se passe pas bien. Ce sont aussi deux années où, comme avant, la famille est plus difficile à gérer. Il faut se farcir un athlète de haut niveau la veille d'une compétition... C'est long deux ans. Donc il fallait bien tout peser, et comme je suis quelqu'un qui aime anticiper, j'ai pris ma décision dès cette année. Je me sentais encore compétitive, alors pourquoi arrêter? Mais c'est ma fille de neuf ans qui a tranché. Elle me soutient. Elle adore l'escrime, l'ambiance qu'il y a autour, même si elle n'a jamais voulu en faire. Elle préfère la natation et le golf. C'est un peu ma mascotte. Je suis toujours une escrimeuse passionnée, mais, avant tout, je suis une maman à plein temps aujourd'hui et je n'aurais pas continué ma carrière si ma fille ne l'avait pas voulu."
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité