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Ballon d'Or 2014: Cristiano Ronaldo est un immense joueur, mais l'homme aussi vaut le détour

Nicolas Vilas

Mis à jour 13/01/2015 à 16:10 GMT+1

On sait tout du joueur Cristiano Ronaldo, triple Ballon d'Or depuis lundi soir. Derrière la superstar, Nicolas Vilas vous propose de découvrir l'homme. Altruiste, attaché viscéralement à sa famille et philanthrope.

Cristiano Ronaldo, triple Ballon d'Or.

Crédit: Imago

Pour justifier (s’il en est besoin) le troisième Ballon d’Or de Cristiano, on pourrait vous balancer ses stats de l’année. Ses 61 buts en 60 matches ; ses records personnels, ses quatre trophées avec le Real Madrid, ses distinctions individuelles… CR7 la machine à buts aurait un défaut trouvé par Marc Wilmots : "Le problème, c’est que les gens sont trop habitués à le voir marquer." Peut-être ne sont-ils pas sensibilisés à d’autres de ses qualités.
Sur l’année écoulée, "Cris" a délivré 22 passes décisives. C’est son meilleur total et, pour la deuxième année de suite, mieux que Messi, par exemple. Une performance bien moins relayée et qui reflète pourtant la personnalité du Portugais. A bientôt 30 ans (le 5 février prochain), Cristiano est un homme dévoué à sa famille, ses coéquipiers, ses partenaires, son pays et bien plus encore… Et c’est à eux qu’il a dédié son troisième Ballon d’Or.

"Merci à mon club, le Real Madrid"

Quand Carlo décrit Cristiano, il emploie ces mots : "Sans manquer de respect à personne, Cristiano est le meilleur joueur que j’ai entraîné." Ancelotti ne veut vexer personne. Aucun des autres Ballons d’Or avec lesquels il a jonglé (Zidane, Kaka, Rivaldo, Cannavaro, Shevchenko). "Il est très sérieux, il a changé, il est plus attaché à l’équipe et au maillot", justifie le technicien italien qui en convient : il a mûri. Son jeu, aussi. Pas étonnant que ses coéquipiers et son président lui adressent, dès que l’occasion se présente, un bouquet de louanges. Y compris ceux qui, durant l’ère Mourinho, étaient moins proches.
Les rapports difficiles qu’entretient depuis CR7 avec le Mou a renforcé sa place dans le vestiaire madrilène. A l’approche de Noël, il l’a carrément joué comme Eto’o : il a offert une montre de 8200 euros à chacun de ses collègues, avec une inscription : "La Décima". Il y a un an, la presse espagnole révélait qu’il avait payé une voiture aux quatre kinés madridistes. Pour les remercier de son Ballon d’Or. Autant de petites (?) attentions qui en font un être apprécié. Et pas qu’à Madrid. Joan Laporta, ex-président du fief de Messi, rêve de faire de Barcelone le point de chute de l’étoile du Real. Jorge Mendes lui a fait savoir que c’était impossible. A moins que quelqu’un ne paie le montant de sa clause libératoire : "1000 millions d’euros."
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Cristiano Ronaldo et Carlo Ancelotti.

Crédit: Imago

"Pour le Portugal et tous les Portugais"

Même Carlos Queiroz s’accorde à dire que Cristiano a changé. En avril, peu avant le Mondial, celui qui avait quitté la Seleção en 2010 en bisbilles avec CR7 (entre autres) déclare : "Aujourd’hui, nous avons un joueur plus mûr, plus expérimenté, qui a assumé la dimension de joueur d’équipe qu’il n’était pas quand il est arrivé au Real Madrid." Le Portugal et le monde savaient qu’un succès au Brésil dépendrait des performances de sa star. Ses douleurs ont laissé un peuple en souffrance. La Seleção n’ira pas au-delà de la phase de poule mais Cris est entré dans l’histoire. Il est le Portugais le plus capé en phase finale de Coupe du monde : 13 matches au cours desquels il n’a inscrit que 3 buts, mais qui constitue un autre fait inédit : aucun de ses compatriotes n’avait marqué sur trois Mondiaux différents.
Son ratio de buts en équipe nationale a baissé par rapport à 2013 (0,6 but par match contre 0,8 en matches officiels) mais pas son influence. Il a été consulté avant le départ de Paulo Bento et sur le choix de son successeur, Fernando Santos. Bento semble l’avoir d’abord mauvaise : "Quand on perd, on comprend mieux les gens. Je n’en attendais ni plus ni moins de lui." Mais l’ancien coach du Sporting finit par rejoindre ses confrères : "C’est le meilleur joueur que j’ai entraîné. Comme capitaine, Cristiano est plus mâture qu’il y a quelques années." Ronaldo, lui, ne revendique rien. "Que je sache, dit-il, depuis onze que je suis en sélection, c’est toujours le président qui prend les décisions."
L’ancien Mancunien assume à fond son rôle de "capitão", d’ambassadeur du Portugal qui le lui rend bien. Il y a un an, le Président de la République le faisait Grand officier de l’Ordre de l’Infant D. Henriques. Un amour qui a aussi un prix. Cette année, le Gouvernement de son pays va débourser 150 000 euros pour se payer les droits d’image de son fils prodige et vendre ainsi le Portugal sur le marché chinois. Ronaldo a déjà largement réinvesti cet argent chez lui. Il multiplie les opérations immobilières, soutient des entreprises locales… Il a bien sûr ouvert son musée à Funchal qu’il souhaite déjà agrandir. Il y a quelques semaines, il y recevait l’Ordre du mérite de la région de Madère. En famille.
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Cristiano Ronaldo sous le maillot portugais.

Crédit: Imago

"Pour ma mère, ma famille"

Depuis le 21 décembre dernier, Cristiano a aussi une statue le représentant à Funchal. Le jour de son érection, le joueur de 29 ans a posé en famille. Dolores, sa maman, Hugo, le grand-frère, et les frangines Elma et Cátia étaient là. Sans oublier son fiston : Cristiano Júnior. Les Aveiro sont inséparables. Jorge Mendes n’en est jamais loin. Plus qu’un agent, il est un ami, le parrain de son gosse. Beaucoup de mystères et de fantasmes planent sur cette família…
Avant le Mondial, un colonel des forces armées brésiliennes avait balancé que le Portugais allait louer quatre jets pour faire venir ses proches. Info démentie maintes fois par son entourage. Le soir de la décima, Ronaldo s’est jeté dans le bras d’Hugo. As annonce : confronté à des problèmes d’alcool, le "mano" aurait promis d’arrêter de boire en cas de victoire de CR7 en C1. Faux, rétorquent les Aveiro qui menacent d’attaquer le canard en justice. Le sujet est sensible. En 2005, Dinis, le père, est décédé d’une maladie rénale. A 51 ans, victime de son addiction pour la boisson. Dans un entretien accordé à L’Equipe en 2008, Dolores confie en parlant de son génie : "Mon quatrième enfant a vu de près les dangers de la dépendance. Ça l’a endurci."
Ronaldo a une relation fusionnelle avec Dolores. Dès que le premier salaire de Cris (au Sporting) l’a permis, elle a quitté son île natale pour s’installer auprès de lui ; le choyer, le protéger mais aussi le conseiller. Une femme dont la vie a trop souvent été marquée par l’abandon. A six ans, elle perd sa mère. Son père l’envoie dans un orphelinat avant de refaire sa vie. Lorsqu’elle retrouve le nouveau foyer de son paternel, elle est battue, puis pressée de se marier. Alors qu’elle est enceinte d’Hugo, son mari est appelé sur le front. Il reviendra rongé de l’intérieur. Il quitte son job et plonge dans l’alcool, laissant sa femme et ses gosses livrés à eux-mêmes. Prise à la gorge, la mamã émigre en France. Seule. La saudade va la rappeler après quelques mois passés près de Paris. Bientôt, c’est son Cristiano, dragué par le Sporting, qui va la quitter. Pour mieux la retrouver, par la suite. Aujourd’hui, même Irina doit parfois composer avec ce "ménage à trois". Si Ronaldo et Dolores se confondent, Cristiano et Irina se croisent. "Elle a son travail et lui a le sien.  Cristiano est sur Madrid et n’est pas toujours avec elle. C’est leur vie", commentait Elma au Correio da Manhã. De quoi alimenter la presse people…
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Cristiano Ronaldo avec sa maman, Doloères, tenant dans ses bras le fils de CR7.

Crédit: Imago

"Pour mon fils"

Pas simple pour l’attaquant du Real de jongler entre ses activités professionnelles et sa vie privée. Comme tout le monde, après tout. Sauf que Cristiano a une vie… exceptionnelle. A tous points de vue. En juillet dernier, sa maman célébrait la sortie de son bouquin : Mère courage. Elle y narre sa propre histoire. De sa modeste vie à Caniçal à la gloire. Elle confie notamment, qu’à l’âge de 30 ans et confrontée à des soucis d’argent, elle songe à se faire avorter. Elle est alors enceinte de… Cristiano. "Le médecin n’a pas soutenu ma décision, écrit-elle. Cristiano le savait. Il s’est même amusé avec ce passage du livre en me disant : ‘Regarde maman, t’as voulu avorter de moi et alors que c’est moi qui subvient au besoin de toute la maison."
Le footballeur et sa mère sont dépendants l’un de l’autre. Elle ne manque aucun grand rendez-vous de son fiston. Cette saison, elle était abonnée au Bernabéu avec sur ses genoux Cristianinho. A peine conçu, ce gosse était lui aussi hors-du-commun. Est-il le fruit d’une mère-porteuse, d’une relation sans lendemain ? Le mystère sur l’identité de sa génitrice reste bien gardé. Il grandit au milieu de sa grand-mère et ses tantes. "Il lui est arrivé de demander où était sa mère. Une fois on lui a dit qu’elle était dans le ciel, mais mon frère et ma mère n’ont pas aimé qu’on dise ça et nous ont demandé de respecter leur décision", commente tante Elma. "Un jour, plus tard, il pourra mener son enquête mais ce sera sa décision et personne ne l’en empêchera", assurait-elle le jour de la présentation du livre de sa maman. Cristiano, lui, a répondu à cette question, cet été, sur TVI : "S’il demande sa mère ? Ce qu’il veut c’est de la boxe, du foot, de la natation… C’est un enfant heureux et qui sera bien élevé parce que je vais lui donner la même éducation que j’ai eue."
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Cristiano Ronaldo et son fils, lundi soir, lors du Gala FIFA

Crédit: Imago

Un philanthrope qui ne s'en vante pas

Cris n’est pas un radin. Et ça vaut sur tous les terrains. Le deuxième sportif le mieux du monde selon Forbes, le plus "bankable" des footballeurs, ne garde pas tout pour lui ou ses proches. Rien qu’en 2014, il est venu en aide à la petite Margarida née prématuré, donné 60 000 euros aux parents de Erik Cruz qui, à dix mois, souffre d’un problème cérébral et lancé un appel pour venir en aide aux enfants réfugiés en Syrie. Comme il l’avait fait pour le fils de Carlos Martins, il a lancé un appel pour venir en aide à Bruno Conceição, ancien gardien du Trofense qui, à 33 ans, cherche un donneur de moelle osseuse compatible… Il a (encore) fait des dons à des hôpitaux, des œuvres caritatives… "Il y a des gens compétents autour de moi qui m’aident dans ce domaine", confiait-il cet été à TVI. "On en peut pas aider tout le monde, déplore-t-il. Mais mon père m’a toujours dit qu’en aidant les autres, Dieu nous en rendait le double."
Ce catholique assumé est un philanthrope. Et il ne s’en vante pas. L’ancien Toulousain et Stéphanois, Paulo Machado, qui l’a côtoyé en sélection embraye : "Cristiano est beau, riche, talentueux. Tout lui réussit. Certains ne peuvent qu’être jaloux de lui et fantasment. Mais ceux qui le connaissent, qui ont affaire à lui savent qu’il ne pense pas qu’à lui. Il aime voir les gens heureux et pas que ceux dont il est très proche." Et puis tant pis si tout le monde ne l’aime pas. Après tout, comme il le dit lui-même :"Je ne suis pas dans le football pour me faire des amis mais pour gagner." Une belle réponse à ceux qui se contentent de donner… des leçons.
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La statue de Cristiano Ronaldo à Funchal.

Crédit: Imago

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