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Si Pelé et Maradona avaient pu avoir le Ballon d'or, ils seraient quand même derrière Messi

Laurent Vergne

Mis à jour 11/01/2015 à 22:07 GMT+1

A quoi ressemblerait le palmarès du Ballon d’or s’il avait, dès l’origine, été ouvert à l’ensemble des joueurs ? Lionel Messi serait toujours le plus titré.

FOOTBALL Pelé Messi Maradona Ballon d'Or

Crédit: Eurosport

Pendant quatre décennies, le Ballon d’Or a été la chasse gardée des Européens. Plus précisément des Européens évoluant… en Europe. Ce qui, à vrai dire, revenait au même. Depuis 1995, cette barrière a été brisée. Une évolution qui revient à faire passer cette haute distinction individuelle de "meilleur joueur d’Europe" à "meilleur joueur du monde". Un petit détail. Lionel Messi, quadruple lauréat, est le fruit de ce changement majeur de la règlementation. Rétroactivement, si on appliquait le règlement actuel à la période 1956-1994, quel visage aurait donc le palmarès ?
Il serait forcément bouleversé. Depuis 1995, l’Europe a conquis moins de 50% des Ballons d’Or : huit contre neuf au "reste du monde". Nous nous sommes livrés à ce petit jeu. Subjectif ? Bien sûr. Compliqué ? Evidemment. Cette réserve posée, il est clair que certaines légendes du jeu de la seconde moitié du XXe siècle, toutes sud-américaines, retrouvent à travers ce petit jeu dans le temps une place qui fait défaut au palmarès du Ballon d’Or.
Voici le nom des huit joueurs, six Brésiliens et deux Argentins, qui, selon nous, auraient pu inscrire leur nom dans la liste des vainqueurs du précieux trophée s’ils avaient été éligibles. A eux huit, ils font changer de main pas moins d'une douzaine de Ballons d'Or. Il en ressort que Lionel Messi serait le seul à compter quatre titres avec Johan Cruyff (1971, 1973, 1974) le seul à conserver trois couronnes. Un de plus que Platini et Van Basten, qui perdraient une de leurs trois titres dans notre simulation. Un de plus, aussi, que Pelé, Maradona ou Zico.

GARRINCHA (Brésil)

1 Ballon d’or : 1962 (à la place de Masopust)
Dans le cœur de beaucoup de Brésiliens, il est le plus grand joueur de l’histoire du pays, même devant Pelé. Vaste débat. Ce qui parait en revanche indiscutable, c’est son exceptionnelle performance lors de la Coupe du monde 1962. Celle où Pelé, blessé lors du premier match, n’a pas pesé. Celle où ce génie du dribble a excellé plus que jamais, avec notamment un doublé en quarts de finale contre l’Angleterre et un autre face au Chili en demies. Elu meilleur joueur du tournoi, Garrincha est alors au faite de sa gloire, à 29 ans. Il efface des tablettes Josef Masopust, le milieu de terrain tchécoslovaque, précisément victime de la Seleçao cette année-là en finale du Mondial. Garrincha aurait probablement fini également au minimum sur le podium en 1958.
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Garrincha

Crédit: Eurosport

PELE (Brésil)

2 Ballons d’or : 1963 (Yachine), 1970 (Müller)
Bardé de récompenses individuelles et de titres honorifiques, Pelé n’aurait pas pu passer à côté du Ballon d’Or. Combien ? Au moins deux, sans doute. Pelé se révèle en 1958 lors d’une Coupe du monde où, à 17 ans, il inscrit six buts en trois matches des quarts à la finale. La tentation est grande de lui décerner son premier titre cette année-là mais c’est oublier que Raymond Kopa avait été désigné meilleur joueur de cette Coupe du monde en Suède et qu’il avait, en prime, remporté la Coupe des champions avec le Real Madrid. Le Français conserve donc son bien.
Pour placer Pelé au palmarès, nous nous projetons directement en 1963, l’année où Pelé et Santos se hissent au sommet du football mondial en remportant la Copa Libertadores pour la deuxième année consécutive et la Coupe Intercontinentale, face à l’AC Milan. Peut-être la meilleure année de Pelé. Sa performance en demi-finale de la Copa Libertadores face au Botafogo de Garrincha et Jairzinho a fait beaucoup pour sa légende. Son but égalisateur à la dernière minute à l’aller et, plus encore, son hat-trick au retour au Maracana, ont fait date. En finale, Pelé est encore buteur face à Boca Juniors. Il devient le premier Brésilien à soulever la Copa Libertadores sur le sol argentin.
1963 apparaît donc incontournable, même s’il est douloureux d’enlever du palmarès Lev Yachine, seul gardien vainqueur du Ballon d’Or. Peut-être l’aurait-il eu une autre année dans les Sixties... Pelé, lui, a peu à peu vu ses statistiques démentes baisser au fil des années 60, ce qui explique qu’il faille attendre 1970 pour le voir glaner un second Ballon d’Or. Pourtant, Gerd Müller, avec ses dix buts lors du Mundial mexicain, fait un vainqueur très légitime. Mais l’impact de la Seleçao sur cette Coupe du monde est tel qu’il est difficile de ne pas consacrer Pelé, qui a cumulé plus de gestes célèbres en trois semaines au Mexique que sur les trois Coupes du monde précédentes cumulées. Müller, malgré ses dix buts, fut d'ailleurs devancé par Pelé et Jairzinho au classement des meilleurs joueurs de cette édition.
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Le roi Pelé, seul joueur à avoir remporté trois fois la Coupe du monde.

Crédit: Panoramic

ZICO (Brésil)

2 Ballons d’Or : 1977 (Simonsen) et 1981 (Rummennigge)
Le Pelé blanc, première immense star du football brésilien de la génération post-Pelé. Si sa tardive carrière européenne n’a pas connu le succès escompté (à la notable exception de sa première campagne avec l’Udinese en 1983-84), Zico avait eu le temps de bâtir sa légende au pays. Le premier Ballon d’Or que nous attribuons à Zico est celui de 1977. Une des campagnes les plus serrées de l’histoire, Allan Simonsen, le lutin danois de Gladbach, devançant de quelques points seulement Kevin Keegan et Michel Platini, encore à Nancy. Zico aurait pu tous les mettre d’accord. A 24 ans, il s’impose cette année-là comme l’homme fort du football brésilien.
A son rendement exceptionnel avec Flamengo, il ajoute ses premiers grands faits d’armes avec le Brésil. Lors des qualifications pour la Coupe du monde 1978, il aligne but sur but, avec notamment un quadruplé face à la Bolivie lors du tournoi final. En fin d’année, il est désigné meilleur joueur sud-américain. Quatre ans plus tard, l’aura de Zico est plus grande que jamais. Il porte Flamengo sur le toit du football mondial avec la victoire en Copa Libertadores (dont il termine meilleur buteur avec 12 réalisations) et celle en Coupe Intercontinentale. A Tokyo, Flamengo étrille Liverpool (3-0) et Zico est désigné joueur du match. Buteur redoutable, créateur de génie, leader incontesté de la sélection brésilienne, Zico est, en 1981, au sommet de son art, à 28 ans. Le Mundial 1982 est alors annoncé comme le sien. Ce ne sera pas le cas.
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Zico et son maillot martyrisé par son chien de garde, Claudio Gentile

Crédit: Imago

MARIO KEMPES (Argentine)

1 Ballon d’Or : 1978 (Keegan)
Cette année-là, l'Anglais Kevin Keegan remporte le premier de ses deux Ballons d’Or consécutifs. Le poids de la Coupe du monde argentine pèse cependant trop lourd pour ne pas couronner Mario Kempes. Chez lui, en Argentine, l’attaquant de Valence contribue grandement au premier sacre planétaire de l’Albiceleste, terminant meilleur buteur de la compétition avec six réalisations. Au printemps, il avait également été sacré Pichichi de la Liga avec 28 buts. 1978, l’année Kempes plus que l’année Keegan, incontestablement.
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Victoire de l'Argentine à la Coupe du monde 1978, Mario Kempes

Crédit: Imago

SOCRATES (Brésil)

1 Ballon d’Or : 1983 (Platini)
L’autre géant parmi les géants de la Seleçao des années 80. Socrates est un personnage hors du commun, unique dans l'histoire footballistique. Docteur en médecine, citoyen engagé, leader de la démocratie corinthiane, il est aussi, d’abord, un joueur exceptionnel, à l’allure gracile et à l’incomparable élégance. En 1983, les Corinthians conservent leur titre dans le Championnat pauliste.
Au cours de la finale, face aux militaires, les joueurs des Corinthians déploient une banderole revendicative : "Gagner ou perdre, mais toujours en démocratie". En l’occurrence, ils gagnent, l’unique but de la rencontre étant, évidemment, signé Socrates. Jamais le génial milieu de terrain n’a autant rayonné qu’au cours de cette année 1983. Il est logiquement désigné meilleur joueur sud-américain au terme de cette cuvée. Comme des trois Ballons d’Or de Michel Platini, celui-ci est le seul qui peut éventuellement lui être contesté, banco pour Socrates.
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L'élégance naturelle et incomparable de Socrates

Crédit: Imago

DIEGO MARADONA (Argentine)

2 Ballons d’Or : 1986 (Belanov), 1987 (Gullit)
Peut-être les choix les moins cornéliens de cette liste. Au moins en ce qui concerne l’année 1986. Le Ballon d’Or avait été attribué à Igor Belanov, l’attaquant soviétique du Dynamo Kiev. Son bilan personnel et sa victoire en Coupe des Coupes ne pèsent pourtant pas grand-chose face au one man show maradonesque du Mundial mexicain. Rarement un joueur aura porté à ce point une équipe sur son talent que le Pibe de Oro cette année-là. Impossible de passer à côté pour le coup. Rebelote l’année suivante, cette fois au détriment de Ruud Gullit.
Là, il y a davantage match mais en portant le Napoli pour la première fois de son histoire au sommet de la Serie A, Maradona rafle encore la mise. Son principal rival aurait finalement peut-être été, non pas Gullit mais Rabah Madjer, l’attaquant algérien du FC Porto, décisif lors de la finale de Coupe des champions (la fameuse talonnade) puis lors du succès du club lusitanien lors de la Coupe Intercontinentale. Maradona aurait probablement figuré sept ou huit fois sur le podium au cours de sa carrière. En 1989 et 1990, il aurait été tout près d’un autre Ballon d’Or, mais Marco Van Basten et Lothar Matthaus sont tout de même difficiles à déloger en ce qui concerne ces deux cuvées.
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Diego Maradona, roi incontesté du Mondial 1986.

Crédit: Panoramic

RAI (Brésil)

1 Ballon d’Or : 1992 (Van Basten)
Pourquoi ôter à Marco Van Basten son troisième Ballon d’Or ? Parce que c’est le plus contestable. Son quadruplé face à Goeteborg en Ligue des champions, juste avant les votes, avait fait la différence, indéniablement, provoquant sans doute une injustice puisque Hristo Stoichkov avait été privé du titre malgré une année exceptionnelle avec le FC Barcelone, marquée par le premier sacre des Blaugrana en C1.
Alors, pourquoi pas Rai ? 1992, c’est l’année de la révélation internationale pour le Pauliste, déjà âgé de 27 ans. Nouveau maitre à jouer de la Seleçao (la France apprend à le connaitre au Parc des princes au mois d'août), il incarne surtout à merveille le Sao Paulo du grand Tele Santana. Lors de la Coupe Intercontinentale à Tokyo, il bat presque à lui tout seul le Barça avec un doublé. C’est donc auréolé de son Ballon d’or que le petit frère de Socrates aurait pu débarquer au PSG. Classe. Au passage, cela aurait également été la dernière fois qu’un joueur n’évoluant pas en Europe aurait reçu le trophée.
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Rai en 1992 avec le FC Sao Paulo.

Crédit: Imago

ROMARIO (Brésil)

1 Ballon d’Or : 1994 (Stoichkov)
Priver Hristo Stoichkov du Ballon d’or en 1994, c’est ajouter une injustice à une autre. Mais comment faire autrement ? Romario a connu une année 1994 presque parfaite. Il ne lui a manqué que la Ligue des champions, perdue en finale face au Milan. Un échec largement compensé par la victoire du Brésil en Coupe du monde aux Etats-Unis, la première depuis 24 ans. Romario y joue un rôle absolument décisif, inscrivant cinq buts. Quelques semaines plus tôt, il avait conduit le Barça au titre avec 30 buts. Désigné meilleur joueur de l’année 1994 par la FIFA, on voit mal comment le Ballon d’Or aurait pu lui échapper s'il avait pu y prétendre. Dommage, il s’en est fallu d’un an. En 1995, George Weah inscrivait son nom au palmarès. Dans notre scenario, Stoichkov rejoint Maldini, Baresi, Xavi et Henry parmi les rois maudits.
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Romario, héros de la Coupe du monde 1994 pour le Brésil.

Crédit: AFP

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